"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 30 novembre 2016

Père Vasile Tuda/ saint Silouane: Un remède contre la dépression




Le plus grand fléau du 21e siècle n'est pas le sida, ni le cancer, ni la grippe H1N1, mais quelque chose qui affecte beaucoup plus de gens, et que nous pouvons à peine commencer à comprendre: la dépression. 

Un Américain sur dix souffre de l'une ou l'autre des formes de cette maladie. Les taux d'utilisation d'antidépresseurs aux États-Unis sont tout aussi inquiétants. Un sondage récent dévoile qu'un Américain sur huit les utilise. Prozac, Zyprexa, Cymbalta ne sont plus des noms étranges, mais des noms rencontrés familièrement dans presque tous les ménages américains. Même les enfants se rapprochent des taux d'utilisation des adultes. Ce sont des chiffres très élevés et paradoxaux dans un pays où tous sont libres de jouir "de la vie, de la liberté et de la recherche du bonheur."

Même en temps de crise, les Américains ont, à tous égards, une vie meilleure que celle de la plupart des pays du monde. Il suffit de jeter un coup d'œil à la vie des chrétiens au Moyen-Orient, et vous réaliserez les bénédictions dont nous jouissons tous les jours. La plupart d'entre nous ont un emploi, une maison, une voiture ou deux, assez de nourriture, l'éducation, l'égalité des chances, la liberté religieuse pour n'en nommer que quelques-unes. Pratiquement nous ne devrions avoir besoin de rien; Pourtant, une personne sur dix désire ardemment quelque chose, il lui manque tellement cette chose, si importante, qu'elle ne peut pas faire face à ce manque de son propre chef. Cela explique l'usage des drogues; Avec elles, il est plus facile de faire face aux aspects négatifs de la vie. Elles sont une béquille qui aide les gens à avancer un court moment dans leurs vies.

Mais une béquille est seulement une béquille; elle ne peut amener que jusqu'à  un certain point. L'homme déprimé a besoin d'un remède différent, qui s'occupera de la racine de ses problèmes, effacera son désespoir et lui offrira un nouveau bail pour la vie. Une guérison, cependant, ne peut pas venir sans la compréhension de la maladie sous-jacente. Donc, cela pose une question: pourquoi l'Amérique est-elle déprimée? Que nous manque-t-il encore dans l'abondance qui nous entoure?

Une brève réponse est: Dieu nous manque. Nous pouvons penser que nous manquons de quelque chose d'autre, nous pouvons justifier notre dépression en nous créant des besoins imaginaires, mais en dernier ressort, c'est Lui qui nous manque. Il nous a créés pour un but: l'union avec Lui dans l'éternité. Perdant cela de vue, nous perdons tout et, dans notre myopie, nous continuons à désirer quelque chose que nous ne sommes pas conscients d'avoir perdu. Tout remonte à ce que nous sommes, ce que nous faisons ici et où nous allons; C'est un retour à l'essentiel.


Au milieu de la révolution de l'information, du world wide web [réseau internet] et du boum de la technologie, l'homme aspire encore aux mêmes choses fondamentales: un but et une direction. La société séculière ne peut pas lui donner cela non plus. Le but est temporaire, cessant d'exister quand la vie expire, et les directions que l'on obtient sont tellement contradictoires qu'elles finissent par s'annuler d'elles-mêmes. L'homme est donc désorienté, perdu et au bord du désespoir. Il a soif, mais il n'y a pas de puits de vie, il a faim, mais il n'y a pas de nourriture pour son âme éternelle, et en tant q'homme, il est seul.

Alors que faire? Dans un entretien que j'ai lu récemment, il fut demandé par un prêtre en visite à l'archimandrite Sophrony [Sakharov], de bienheureuse mémoire, alors jeune moine,: "Père Sophrony, comment serons-nous sauvés?" Père Sophrony prit une tasse de thé, la lui donna et lui dit: "Debout au bord de l'abîme du désespoir, et quand vous sentez que c'est au-delà de vos forces, faites une pause et prenez une tasse de thé." 

C'était une réponse très étrange, et le jeune prêtre fut complètement désorienté. Alors, il alla vers saint Silouane l'Athonite, qui vivait non loin de là, et lui dit tout, demandant conseil. Bref, le lendemain, saint Silouane vint à la cellule de Père Sophrony et tous deux entamèrent une conversation sur le salut. Le beau fruit de leur conversation fut une phrase inoubliable que je voudrais aussi offrir comme réponse à notre conversation d'aujourd'hui sur la dépression: "Garde ton esprit en enfer et ne désespère pas."

À première vue, la position de saint Silouane sur le salut n'est pas moins étrange que la réponse initiale de Père Sophrony, mais elle est vraiment logique. Dans le christianisme traditionnel, les difficultés de la vie, les épreuves sont assumées comme faisant partie de notre existence déchue. Nos corps et nos esprits subissent des tourments, mais ce n'est qu'une étape temporaire. 

Les Pères ascétiques les considéraient comme des épreuves équivalentes aux exercices athlétiques, très utiles pour pratiquer et améliorer les pouvoirs de l'âme comme la patience, la bonté, l'espérance, la foi et ainsi de suite. 

Nous gardons notre esprit en enfer quand nous assumons consciemment la douleur de vivre dans un monde déchu, quand nous apprenons de cette agonie passagère pour éviter la torture encore plus grande d'une éternité sans Christ. Mais il y a de l'espoir dans cette souffrance parce que le Christ lui-même les a d'abord souffertes [ces épreuves] et nous a ouvert une voie hors du désespoir, un moyen de sortir de la douleur, un moyen de sortir de la mort. Le Christ est le puits de Vie, le Pain de l'éternité, et le seul homme dont nous ayons besoin.

Ainsi, en tant que chrétiens, nous gardons notre esprit en enfer et nous ne désespérons pas, mais nous rendons courageusement gloire à Dieu en toutes choses, même dans la douleur, en espérant, toujours en espérant, en notre Sauveur, le seul qui puisse nous éloigner du bord du désespoir, et nous amener à une vie nouvelle en Lui. En Lui nous mettons notre espérance, en Lui nous trouvons notre but, et en Lui nous fixons notre but.
Par l'intercession de notre Père parmi les saints Silouane l'Athonite, par les prières du Père Sophrony de Maldon, de tous les Pères ascétiques et de tous les saints, Seigneur plein de compatission et d'espérance, aie pitié de nous et sauve-nous!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Sur le site de l'OLTR: Site de l'OLTR - Editorial de Novembre 2016 - "Entendre et écouter"


Voilà six mois qu'un nouvel archevêque et exarque du Patriarcat de Constantinople, Mgr Jean de Charioupolis, a été intronisé à la tête de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Nous sommes heureux que, grâce à ses charismes, un certain calme apparent soit revenu après plusieurs années fort agitées. 

Mais nous regrettons amèrement que, comme son prédécesseur Mgr Gabriel, le nouvel archevêque n'écoute qu'une partie de ses ouailles, celle qui considère que si ses parents et grands-parents ont gardé et entretenu les églises construites en Europe par des Russes, ils l'ont fait pour se les approprier. Et il n'écoute pas ceux qui considèrent qu'eux-mêmes, leurs parents et grands-parents ont défendu ces églises russes contre le pouvoir soviétique persécuteur de la foi, non pour se les approprier, mais pour les faire vivre et les remettre à l'Eglise russe maintenant qu'elle n'est plus opprimée, à l'image de la parabole des talents, voire celle des vignerons.

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui pensent que l'Eglise russe est à ce point indigne que s'en rapprocher mettrait en danger la pureté de l'orthodoxie transmise par leurs parents, pureté qu'ils s'imaginent devoir préserver jalousement de toute possible contamination par des contacts avec le Patriarcat de Moscou. Et qu'il n'écoute pas ceux qui se réjouissent de la renaissance miraculeuse de l'Eglise russe à partir de presque rien et jugent que la grâce et la sainteté ne l'ont jamais quittée, même s'il n'est évidemment pas facile de relever la spiritualité du peuple russe après les dégâts causés par le pouvoir athée « combattant Dieu », comme on l'exprime en russe (богоборческая власть). 

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'attribuent les mérites des grands théologiens russes réfugiés à Paris après la révolution et considèrent leurs œuvres comme leur héritage exclusif. Et qu'il n'écoute pas ceux qui regardent avec intérêt et sympathie les développements de la théologie en Russie, où l'on connaît maintenant les théologiens de l'émigration, mieux que chez nous, et où l'on fait un intense effort de formation pour éviter d'éventuelles dérives provoquées par l'affaiblissement de la tradition ecclésiale pendant la période soviétique. 

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'autoproclament « embryon de l'Eglise locale » pour justifier la position canonique aberrante de l'Archevêché. Et qu'il n'écoute pas ceux qui estiment que cette aberration n'a plus aucune raison de se poursuivre car sa cause (les persécutions de l'Eglise en Russie) a disparu. Et qu'en plus, elle entraîne le Patriarcat de Constantinople dans une situation impossible dans laquelle il exerce sa sollicitude en Europe occidentale à travers deux hiérarchies épiscopales parallèles : les métropolites grecs dirigeant des diocèses par pays (comme Monseigneur Emmanuel, Métropolite de France, par exemple) et, en même temps, par le truchement d'un archevêque, exarque de sa sainteté le Patriarche, ayant autorité sur des communautés russes, ou d'origine russe, situées dans les mêmes pays. Le phylétisme n'est pas loin ! 

Nous regrettons amèrement cette situation, mais nous n'allons pas étaler bruyamment notre désaccord par des manifestations de type syndical, totalement inappropriées en Eglise, comme on a pu en déplorer à Paris. Nous considérons cela, non seulement comme indigne, mais comme un signe manifeste des dérives qui se sont développées dans ce corps ecclésial. 

Nous voudrions espérer que l'actuel archevêque saura résister à cette nouvelle pensée unique apparue parmi les membres de l'archevêché, qui ont progressivement marginalisé, par des méthodes douteuses, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux. Nous avons toujours dit et pensé que toutes ces questions, ayant trait à la situation canonique, auraient dû donner lieu à un débat ouvert, y compris avec les patriarcats de Constantinople et de Moscou. Il n'est jamais bon de maintenir les problèmes sous le tapis ou de nier leur existence. Il n'est peut-être pas trop tard pour ouvrir, enfin, cette discussion. 

Séraphin Rehbinder 
Président de l'OLTR 

Novembre 2016 
LIEN OLTR 
Et Publications 2016 

Père Elie de Terrasson-Lavilledieu

mardi 29 novembre 2016

Sur Orthodoxie.com:Déclaration du métropolite de Naupacte Hiérothée au sujet du Concile de Crèt



Lors de la dernière Assemblée des évêques de l’Église de Grèce (23-24 novembre 2016), Mgr Théologue, métropolite de Serrès, a lu son rapport intitulé « Information sur les travaux effectués par le Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe », et une très large discussion s’en est suivie sur son contenu ; puis des décisions ont été prises. Le rapport consistait de trois points principaux, premièrement, le système conciliaire de l’Église et la préparation du Saint et Grand Concile, deuxièmement, la contribution continuelle de notre Église dans la préparation et la formation de ses textes et, troisièmement, les propositions à leur sujet. En fait, le rapport était axé sur l’information des membres de l’Assemblée des évêques [de l’Église orthodoxe grecque] au sujet du Concile de Crète et des décisions que devrait prendre celle-ci. Lors des sessions [de l’Assemblée des évêques], je suis intervenu oralement à deux reprises, et j’ai soumis un texte pour le procès-verbal, dans lequel j’ai analysé plus en détails mes opinions. Je publierai ci-après ma principale intervention qui a eu lieu le premier jour de l’Assemblée.
J’ai écouté attentivement le rapport de S.E. le métropolite de Serrès et de Nigriti Théologue et je le remercie pour la peine qu’il s’est donnée, la confession qu’il a donnée au début et pour ses propositions. Pour ce qui concerne ce que je vais soutenir par la suite, je procèderai à certains développements. J’ai écrit un texte que je déposerai pour le procès-verbal, tandis que j’ai été contraint à souligner certains points essentiels pour le sixième texte, décisif, intitulé « L’Église orthodoxe et le reste du monde chrétien ».
1. La préparation de ce Concile n’était pas suffisante. Le texte qui a été élaboré par la 5ème Conférence préparatoire préconciliaire n’était pas connu de la hiérarchie. Nous l’avons reçu avec les signatures des Primats en janvier 2016. Il convenait qu’il y ait un débat à l’Assemblée des évêques [de l’Église orthodoxe de Grèce] préalablement à leur signature par les Primats. De même, nos délégués à la 5ème Conférence préparatoire préconciliaire ont informé le Synode permanent [de l’Église orthodoxe de Grèce] que le texte final intitulé « Relations de l’Église orthodoxe envers le reste du monde chrétien », « exprime absolument la position panorthodoxe sur les thèmes concrets, de façon équilibrée et dans le cadre de l’ecclésiologie orthodoxe, telle qu’elle a été formulée et préservée par la Tradition patristique et conciliaire de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique ». Or, ces constatations ne sont pas correctes, parce que le texte, tel que cela a été exprimé par de nombreuses personnes, était problématique, raison pour laquelle il a été corrigé.
2. Le Concile qui s’est réuni en Crète, comme je l’ai souligné à plusieurs reprises, était un Concile des Primats et de leur suite. Après avoir suivi tout le travail du Concile de Crète, j’observe qu’il existe aussi des points positifs, qui ont été mentionnés dans le rapport [de Mgr Théologue] et je les ai notés dans mon texte qui a été publié. Il est de notre devoir de le souligner. Les cinq premiers textes sont généralement bons, il existe quelques carences, raison pour laquelle il était nécessaire que j’exprime par écrit mes réserves dans deux cas. Les deux des cinq textes, je les ai signés avec des réserves explicites, concernent le sens de la personne et les conséquences ecclésiologiques des mariages mixtes.
3. Le texte qui constituait la base du Concile était le sixième, intitulé « L’Église orthodoxe et le reste du monde chrétien ». Le texte final présente beaucoup de problèmes, malgré quelques bonnes formulations à caractère général. Or, lorsque les procès-verbaux du Concile, où sont reflétés les points de vue authentiques de ceux qui ont décidé et signé les textes, il apparaîtra alors clairement qu’ont dominé au Concile la théorie des branches, la théologie baptismale et principalement le principe de l’inclusion, c’est-à-dire le glissement du principe de l’exclusion [des communautés hétérodoxes du concept d’Église Une, ndt] vers le principe de l’inclusion. Ce sixième texte n’était pas mûr pour la décision et la signature, raison pour laquelle nous avons proposé différentes corrections, lesquelles cependant n’ont pas été adoptées, et que j’ai notées dans le texte que j’ai envoyé à tous les membres de la hiérarchie [de l’Église orthodoxe de Grèce]. Il est caractéristique que le texte [du Concile] a été corrigé dans les quatre langues après l’achèvement des travaux du Concile. Quoi qu’il en soit, on peut observer des passages contradictoires. À mon avis, ce texte n’est pas théologique, mais diplomatique. Or, l’unité de l’Église ne s’appuie pas sur des textes diplomatiques, comme cela a été manifesté dans l’histoire, par exemple « l’Ecthèse » de l’empereur Héraclius et le « Typos » de l’empereur Constant II. Ensuite, au cours des travaux du Concile en Crète ont été exprimées certaines falsifications de la vérité pour ce qui concerne saint Marc d’Ephèse, le Concile de 1484 et le texte conciliaire des Patriarches d’Orient, en 1848, concernant le mot « Église » utilisé pour les chrétiens qui se sont détachés de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
4. Dans le sixième paragraphe du sixième texte, a été acceptée par les Églises présentes la nouvelle proposition soumise par notre propre Église. Concrètement, la décision [originelle ndt] de la hiérarchie [de l’Église orthodoxe de Grèce] était : « L’Église orthodoxe connaît l’existence historique des autres Confessions et Communautés chrétiennes ne se trouvant pas en communion avec elle ». Après l’opposition d’autres Églises, notre Église a formulé une nouvelle proposition : « L’Église orthodoxie accepte l’appellation historique des autres Églises et confessions hétérodoxes ne se trouvant pas en communion avec elle ». Or, nous n’étions pas dotés par la hiérarchie [de l’Église orthodoxe de Grèce] du pouvoir d’altérer les décisions de celle-ci, comme l’ont dit de nombreux hiérarques [de l’Église orthodoxe de Grèce] présents [au Concile]. Ensuite, il n’y a pas eu de discussion pour accepter le changement en question, il y a eu un simple vote et encore en vitesse. D’autres propositions, comme « le reste du monde chrétien », « les non orthodoxes », « ceux qui sont en dehors d’elle [de l’Église] », etc. auraient pu être adoptées. En outre, par la nouvelle proposition ont eu lieu différents changements, qui de mon point de vue sont problématiques, à savoir : la phrase « L’Église orthodoxe connaît » par la phrase « L’Église orthodoxe accepte ».
La phrase « l’existence historique » a été remplacée par la phrase « l’appellation historique ». Il n’y a pas d’appellation sans existence, car autrement est exprimé un nominalisme ecclésiologique. Sinon, acceptons l’appellation « Macédoine » pour l’État de Skoplje, pour avoir prévalu durant de nombreuses années.
La phrase « Communautés et confessions chrétiennes » a été remplacée par la phrase « Églises et confessions chrétiennes hétérodoxes ». Le mot « hétérodoxe » en relation avec l’Église orthodoxe signifie hérétique. En conséquence, attribuer l’adjectif hétérodoxe à l’Église est contradictoire. La parole de saint Marc d’Ephèse est caractéristique : « Ce n’est pas par un juste milieu, ô homme, que les affaires ecclésiastiques ont été corrigées. Il n’y a aucun milieu entre la vérité et le mensonge ». Il faut également mentionner que le terme Église n’est ni un descriptif, ni une image, mais qu’il manifeste le Corps réel du Christ, conformément à l’enseignement de l’Apôtre Paul : « Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éph. I, 22-23). Cela signifie que l’Église est identifiée avec le Corps divino-humain du Christ et, puisque le Chef est un, le Christ, et le Corps du Christ est un, « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Éph. 4, 4-6). Ainsi, la nouvelle proposition ne se conforme pas « à l’esprit de la hiérarchie [de l’Église orthodoxe de Grèce]», comme le mentionnait le communiqué de presse [de l’Église orthodoxe de Grèce] du jour concerné (25.6.2016), mais constitue une proposition diplomatique.
5. Ce qui est cependant le plus important dans cette affaire est que la nouvelle proposition, tandis qu’elle semble à première vue sans danger, est néanmoins anti-orthodoxe. Pour soutenir ce point de vue, je mentionnerai deux commentaires théologiques. Le premier est que l’idée selon laquelle une Église peut être caractérisée comme hétérodoxe-hérétique a été condamnée par les Conciles du XVIIème siècle à l’occasion de la « Confession de Loukaris », laquelle semble avoir été écrite ou adoptée par le patriarche de Constantinople Cyrille Loukaris. Il s’agit de la phrase [dudit patriarche] selon laquelle « il est vrai et certain que l’Église dans son cheminement puisse se tromper et choisir au lieu de la vérité, le mensonge ». Les décisions des Conciles du XVIIème siècle ont statué que l’Église ne peut faire erreur. Ainsi, ou bien il existe une Église sans enseignements hérétiques, ou bien il existe un groupe hérétique qui ne peut être appelé Église. Le deuxième commentaire théologique est que cette nouvelle proposition exprime le point de vue protestant sur l’Église invisible et l’Église visible, qui est une « ecclésiologie nestorienne ». À la fin du texte [du Concile de Crète], il est écrit : « D’après la nature ontologique de l’Église, son unité ne saurait être perturbée. ». Ici est sous-entendue l’Église invisible qui est unie, c’est ce que signifie « ontologique ». La suite de la phrase, qui est introduite par « cependant», continue ainsi : «l’Église orthodoxe accepte l’appellation historique des autres Églises et Confessions chrétiennes hétérodoxes qui ne se trouvent pas en communion avec elle », cela sous-entendant l’Église visible qui est divisée. Luther, mais principalement Calvin et Zwingli, pour affirmer leur identité lorsqu’ils se détachèrent de Rome, ont développé la théorie d’Église invisible et visible. Conformément à ce point de vue, l’unité de l’Église invisible est acquise, tandis que les Églises visibles sur terre sont divisées et luttent pour trouver l’unité. Vladimir Lossky, commentant cette théorie, affirme que celle-ci est un « nestorianisme ecclésiologique », lorsqu’elle divise l’Église entre celle qui est invisible et celle qui est visible, à l’instar, des natures divine et humaine dans le Christ [selon Nestorius, ndt]. De cette théorie sont dérivées d’autres théories comme celle des branches, la théologie baptismale et autres.
6. Proposition. Après tout ce qui précède, je pense, puisque le texte contient beaucoup de contradictions, que si la hiérarchie ne le rejette pas, qu’elle soit au moins réservée sur son contenu et qu’elle décide que le texte en question soit l’objet d’un réexamen et d’une révision par un autre Concile qui aura lieu dans l’avenir, et ce pour les raisons suivantes :
a) Nombreux sont ceux qui ont compris que ce texte a été écrit et décidé en vitesse et qu’il n’est pas finalisé, étant donné en outre qu’il a été signé par les évêques le dimanche matin, pendant la divine Liturgie.
b) Le Concile de Crète a exprimé le vœu que de tels Conciles se répètent régulièrement pour régler différents problèmes. Au demeurant, beaucoup de questions sont restées en suspens, lesquelles nécessitent une action immédiate.
c) L’Église d’Antioche a considéré le Concile comme [Synode] préconciliaire, ce que l’Église de Serbie soutient également, et récemment, l’Église de Roumanie a décidé que les textes adoptés en Crète peuvent être retouchés partiellement, développés par un futur Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe et perfectionnés, sans pression du temps, et avec le consensus panorthodoxe.
d) Cela est la pratique habituelle dans le système conciliaire orthodoxe. Les Conciles œcuméniques ont connu de nombreuses sessions qui ont duré de nombreuses années. Nous avons également le Concile Quinisexte, qui a complété en droit canon les Vème et VIème Conciles œcuméniques, et encore le Concile Prime-second (861), et les Conciles hésychastes sous St Grégoire Palamas, qui sont considérés comme un seul Concile. Une telle proposition évitera les schismes qui peuvent se produire dans l’Église.

Simple Rappel...


Photios Kontoglou ( 1895-1965), fut un des plus grands iconographes de Grèce. Les saints de Lesbos, Raphaël, Irène et Nicolas, lui sont apparus pour qu'il fasse leur icône. Il a résumé d'une manière admirable une certaine attitude fausse [mais de plus en plus répandue] vis-à-vis de l'Orthodoxie...

*

"Ils aiment l'Orthodoxie, disent-ils, mais ils se plaignent que ses jeûnes soient trop longs. 

Ils aiment l'Orthodoxie, mais les offices sont trop longs.Les barbes sont trop longues aussi, et les soutanes sont de trop.

De plus, l'Orthodoxie a trop de vigiles, trop de prosternations, trop d'épitimies, trop de saints canons dans le Pedalion…

Et enfin, elle a trop d'anathèmes, contre trop d'hérésies."

Icônes de Photios Kontoglou sur internet: ICI

lundi 28 novembre 2016

Saint Jean [Maximovich]: La Mère de Dieu




Ayant éprouvé toutes les difficultés de la vie terrestre, la Mère de Dieu qui intercède pour la race chrétienne voit chaque larme, entend tout gémissement et toute supplication dirigée vers Elle. 

Particulièrement proches d'Elle, sont ceux qui œuvrent dans le combat contre les passions et sont zélés pour mener une vie agréable à Dieu. Mais même dans les soucis du monde, elle est une aide irremplaçable. 

"Joie de tous ceux qui souffrent, intercession pour les offensés, et nourricière de ceux qui ont faim, consolation des voyageurs, havre de ceux qui sont ballotés par la tempête, visitation des malades, protection et intercession de la vieillesse infirme, Tu es la Mère Du Dieu d'en Haut, ô Très Pure "(Stichères de l'office sà l'Hodigitria [Celle quoi montre le chemin, i.e. le Christ]). "L'espérance, l'intercession et le refuge des chrétiens", "La Mère de Dieu en prière incessante" (Théotokion du Ton 3). "Le jour et la nuit, elle prie pour nous et les sceptres des royaumes sont confirmés par ses prières" ( Nocturne).

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Saint John [Maximovitch]
THE ORTHODOX VENERATION OF THE MOTHER OF GOD

dimanche 27 novembre 2016

Attitudes patriarcales


Ces jours-ci, nous avons reçu deux nouvelles liées à des comportements patriarcaux qui semblent être clairement en miroir: d'une part le patriarche Cyrille, à l'occasion de son septantième anniversaire, a reçu les félicitations du patriarche Ilia II de Géorgie parce que l'Église russe reconnaît la souveraineté de l'Eglise géorgienne en  Abkhazie, en dépit d'une position très pro-russe de l'Eglise orthodoxe en Abkhazie.

D'autre part, le patriarche Bartholomée offre une démonstration d'ingérence dans les affaires intérieures d'un autre Eglise autocéphale, en insistant sur la reconnaissance formelle du Concile de Crète par l'Eglise de Grèce, malgré la présence de voix discordantes parmi les évêques de cette dernière Église.

Nous n'apprécions pas particulièrement de nous mettre à faire de la publicité comparative, et encore moins parmi les patriarches, mais nous croyons important de souligner ce qui nous semble une façon de gérer les relations inter-orthodoxes en harmonie avec les instructions du Christ à Ses disciples, et une façon de le faire qui  semble s'en écarter imprudemment.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

LES ROMANOV: UN PORTRAIT DE FAMILLE



Avant la révolution en Russie, un genre populaire était le portrait de famille. Les parents étaient habituellement assis au centre, entourés par leurs enfants, et le photographe prenait un certain nombre de photos. 

Beaucoup de familles avaient de telles photographies, et maintenant nous pouvons observer ces familles - familles paysannes, familles de la noblesse et familles de prêtres. 

Comme ces photos diffèrent de nos photos instantanées prises lors de vacances ou de sorties, ne comprenant pas toujours chaque membre de la famille. Ces vieilles photographies reflètent une relation traditionnelle à la maison et au foyer, et à nos proches comme un monde à la valeur intrinsèque. 

Certaines de ces photos de la famille royale Romanov ont été conservées jusques à nos jours. En elles, nous pouvons tracer une histoire d'amour - Nicolas et Alexandra comme fiancés, puis comme mari et femme, puis avec leur premier-né. Enfin, nous les voyons tous - comme nous les voyons représentés sur des icônes.






























Version française Claude Lopez-Giniosty
d'après

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


14/27 novembre
23ème dimanche après la Pentecôte

Saint Philippe, apôtre (I) ; Saint Grégoire Palamas, archevêque de Thessalonique (1357) ; Saint Justinien, empereur (565) et Sainte Théodora, impératrice (548) ; Saint Philippe d’Irap, près de Novgorod (1527) ; Saint Constantin d'Hydra, néo-martyr grec (1800) ; saints néo-martyrs de Russie : Dimitri (Benevolensky), Alexandre (Bykov), Victor (Ilyinsky), Alexis (Netchaïev), Michel (Belyoustine), Michel (Nekrassov), Théodore (Baklalinsky), Pierre (Titov), Alexis (Nikologorsky), Serge (Znamensky), Nicolas (Dounaïev), Basile (Likharev), Alexandre (Pokrovsky), Nicolas (Vinogradov), Dimitri (Lebedev), Porphyre (Kolovsky), Basile (Nikolsky), Georges (Izvekov), Basile (Rozanov), Serge (Spassky), Alexandre (Tchekalov), Serge (Roufitsky), prêtres, Nicolas (Bogorodsky), diacre, Aristarque (Zaglodine-Kokorev), moine, Gabriel (Bezfamilny), Dimitri (Roudakov), Anne (Zertsalov) (1937) ; Théodore (Groudakov), prêtre (1940) ; Serge (Konstantinov), prêtre (1941).
Lectures : Éph. II, 4–10. Lc. X, 25–37 ; 1 Cor. IV, 9–16. Jn. I, 43–51.


SUR LA PRÉPARATION DE LA NATIVITÉ DU CHRIST

L
e jeûne de la Nativité est le dernier carême de l’année. Il commence le 15/28 novembre et se termine le jour de Noël. Il dure quarante jours et, pour cette raison, il est appelé dans le Typicon « Quarantaine », à l’instar du Grand Carême. Le jeûne de la Nativité a été institué pour que nous arrivions au jour de Noël purifiés par le repentir, la prière et le jeûne, et que nous puissions, le cœur, l’âme et le corps purifiés, aller à la rencontre du Fils de Dieu venu en ce monde. Ce carême, de jour en jour, approfondit dans l’âme du fidèle l’attente de la fête, oriente continuellement ses pensées et ses sentiments dans sa direction, et lui fait vivre cet événement de toute sa vie corporelle et spirituelle. Durant ce carême, le typicon concède l’usage de poisson le samedi et le dimanche jusqu’au 20 décembre (le 2 janvier selon le nouveau calendrier), ainsi que le jour de l’Entrée au temple de la Très Sainte Mère de Dieu, et aussi le mardi et le jeudi si l’on fête un saint en l’honneur duquel on chante la grande doxologie à matines. S’il n’y a aucune fête, le lundi, le mercredi et le vendredi, il y a jeûne strict, tandis qu’il y a dispense d’huile et de vin le mardi et le jeudi. En tout état de cause, chacun doit jeûner avec discernement, en se souvenant que, selon les Pères de l’Église, le jeûne a pour but de tuer les passions et non point le corps.
VIE DU SAINT APÔTRE PHILIPPE[1]

Saint Philippe était originaire de Béthsaïde en Galilée, patrie des saints Apôtres Pierre et André. Il était tellement attentif à méditer la Loi et les Prophètes qu’il en méprisait tous les soucis du monde, c’est pourquoi il demeura vierge toute sa vie. Peu après son baptême par Jean-Baptiste, notre Seigneur Jésus-Christ appela Pierre et André à le suivre, et le lendemain, alors qu’il se préparait à partir pour la Galilée, il rencontra Philippe et lui dit : « Suis-moi ! » Philippe obéit aussitôt et alla trouver Nathanaël auquel il annonça : « Celui dont Moïse a écrit dans la Loi et les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus, fils de Joseph, de Nazareth » (Jn I, 45). Par la suite Philippe suivit et servit fidèlement Jésus pendant toute sa prédication. C’est lui qui, au cours du dernier entretien avec le Maître, interrogea : « Seigneur, montre nous le Père, et cela nous suffit. » Et le Christ lui répondit avec tristesse : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn XIV, 9). Après l’Ascension de notre Seigneur et la descente du Saint-Esprit, Philippe fut désigné par le sort pour évangéliser la province d’Asie (partie occidentale de l’Asie Mineure). Accompagné de l’Apôtre Barthélemy et de sa sœur selon la chair, Mariamne, il traversa la Lydie et la Mysie en proclamant l’Évangile au prix d’innombrables épreuves. Les saints disciples endurèrent coups, flagellations, emprisonnements et lapidations de la part des païens, sans que leur joie et leur espérance dans le Christ ne faiblissent, tant la force du Seigneur les habitait. Par l’invocation du Nom du Sauveur, les malades étaient guéris, les possédés délivrés et nombreux étaient ceux qui demandaient à être régénérés dans le bain de la Nouvelle Naissance. Philippe baptisait les hommes et sa sœur les femmes. Parvenus à Hiérapolis, les saints apôtres guérirent et amenèrent à la foi la femme du proconsul d’Asie. Cette conversion déclencha la fureur du magistrat qui fit bientôt appréhender Philippe et ses compagnons. Traîné à terre jusqu’à la place centrale et crucifié la tête en bas en compagnie de saint Barthélemy, le saint priait ardemment en ces termes :
« Mon Seigneur Jésus-Christ, Père des siècles, roi de la lumière, Toi qui nous a rendus sages par Ta sagesse, Toi qui nous as donné la haute connaissance, Toi qui nous as gratifiés du dessein de Ta bonté ; c’est Toi qui délivres de la maladie ceux qui se réfugient en toi… Viens, Seigneur, et accorde-moi la victoire et la couronne à la face des hommes. Que l’ennemi ne trouve pas le moyen de m’accuser devant Toi qui es le vrai juge. Revêts-moi plutôt de Ton étole lumineuse et donne-moi Ton sceau glorieux. Fais que je Te rencontre dans les nuées et transforme la forme de mon corps en le conformant à l’image de Ta gloire. Et accorde-moi de reposer dans la gloire de Ta béatitude, en me faisant entrer dans ce que Tu as promis à tous les saints, aux siècles des siècles. Amen. »
À la prière du saint, qui était prêt à rendre l’âme, la terre s’ouvrit soudain et engloutit un grand nombre de païens, leurs prêtres et même le proconsul. Effrayés, les impies se précipitèrent vers Barthélemy et Mariamne, qui étaient encore vivants. Ils les descendirent de la croix et leur demandèrent d’être reçus dans la sainte Église du Christ. Après avoir enseveli dignement les restes de saint Philippe et avoir placé comme évêque de la ville Stachys, qui avait été guéri de sa cécité par l’Apôtre, saint Barthélemy et sainte Mariamne continuèrent leur prédication, l’un en Inde et l’autre en Lycaonie. Finalement Mariamne se dirigea vers le Jourdain, où elle remit son âme à Dieu, conformément à la prédiction de saint Philippe.

Tropaire du dimanche du 6ème ton
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.

Les puissances angéliques vinrent à Ton Sépulcre, et ceux qui le gardaient gisaient comme des morts. Marie se tenait près du Tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Toi qui as dépouillé l’enfer, Tu n’as pas été dominé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge, Toi qui donnes la Vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire du saint apôtre, ton 3
Апо́столе святы́й Фили́ппе, моли́ ми́лостиваго Бо́га, да прегрѣше́ній оставле́ніе пода́стъ душа́мъ на́шимъ.
Apôtre du Christ Philippe, prie le Dieu miséricordieux afin qu’Il accorde la rémission des péchés à nos âmes.

Kondakion du saint apôtre, ton 8
Учени́къ, и дру́гъ Тво́й, и подража́тель стра́сти Твоея́ вселе́ннѣй Бо́га Тя́ проповѣ́да богоглаго́ливый Фили́ппъ; того́ моли́твами отъ враго́въ пребеззако́нныхъ Це́рковь Твою́ и вся́къ гра́дъ Тво́й Богоро́дицею соблюди́, Многоми́лостиве.
Ton disciple et ton ami, l'imitateur de ta Passion, l'apôtre Philippe, T’a prêché au monde comme Dieu ;  par ses prières garde Ton Église et chacune de Tes cités des ennemis iniques par l'intercession de la Mère de Dieu, Toi qui es très miséricordieux.


Kondakion du dimanche du 6ème ton
Живонача́льною дла́нію уме́ршыя отъ мра́чныхъ удо́лій Жизнода́вецъ воскреси́въ всѣ́хъ, Христо́съ Бо́гъ, воскресе́ніе подаде́ человѣ́ческому póду ; éсть бо всѣ́xъ Спаси́тель, во-скресéніе и живо́тъ и Бо́гъ всѣ́хъ.
Par Sa main vivifiante, le Donateur de vie a ressuscité tous les morts de leurs retraites ténébreuses, Lui,  le Christ Dieu, qui a fait don de la Résurrection à la race des humains, car, de tous Il est le Sauveur, la Résurrection et la vie et le Dieu de l’univers.
HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

« Car c'est la Grâce qui vous a sauvés». De peur que la grandeur des bienfaits ne vous enfle le cœur, voyez comme l’apôtre vous rabaisse. C'est la Grâce qui vous a sauvés par la foi ». Ensuite, de peur de porter atteinte au libre arbitre, il fait mention de ce qui nous appartient. Mais aussitôt il revient sur ses pas et dit: « Et cela ne vient pas de vous ». Pas même la foi ne vient de nous : car si Dieu n'était pas venu, s'Il ne nous avait pas appelés, comment aurions-nous pu croire? «Comment croiront-ils, s'ils n'entendent pas? » (Rom. X, 14.) De sorte que notre foi même ne vient pas de nous. « C'est un don de Dieu : ni des œuvres ». Est-ce que la foi suffirait pour sauver? — Afin de ne sauver ni les vaniteux, ni les nonchalants, Dieu a requis une foi agissante. Il dit que la foi sauve, mais par Dieu ; car si la foi a sauvé, c'est que Dieu a voulu. En effet, comment, dites-moi, la foi sauverait-elle sans les œuvres? Cela même est un don de Dieu, « Afin que nul ne se glorifie», afin de nous inspirer de la reconnaissance au sujet de la Grâce. Quoi donc ! dira-t-on, est-ce que Dieu a prohibé la justification par les œuvres? Nullement : mais Paul dit : « Personne n'a été justifié par ses œuvres », afin de montrer la Grâce et la bonté de Dieu. Dieu n'a pas repoussé ceux qui ont les œuvres; mais Il a sauvé par la Grâce ceux qui étaient abandonnés des œuvres, afin que personne ne pût plus se glorifier. Ensuite, de peur qu'en entendant dire que tout est l'effet de la foi et non des œuvres, vous ne vous abandonniez à là nonchalance, voyez ce qu'il ajoute : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous y marchions ». Entendez bien ces paroles : il fait allusion ici à la régénération. En réalité, c'est une création nouvelle qui nous a fait passer du néant à l'être. Nous sommes morts à ce que nous étions autrefois, je veux dire au vieil homme : ce que nous n'étions pas, nous le sommes devenus. C'est donc une création, et une création plus précieuse que l'autre : car à la première, nous devons de vivre; à la seconde, de bien vivre : « Pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous y marchions. Non afin que nous commencions, mais afin que nous y marchions : car nous avons besoin d'une vertu constante et soutenue jusqu'à notre fin. S'il nous fallait suivre une route conduisant à une capitale, et si, après avoir fait la plus grande partie du chemin, nous nous arrêtions lassés, au moment de toucher au but, il ne nous servirait de rien de nous être mis en marche : de même l'espérance à laquelle nous sommes appelés resterait inutile à ceux qui la possèdent, si nous ne marchions pas comme l'exige la dignité de Celui qui nous a appelés.
Ainsi donc, appelés pour les bonnes œuvres, remplissons notre tâche avec persévérance. Car si nous avons été appelés, ce n'est pas pour en faire une, mais pour les faire toutes. De même qu'il y a en nous cinq sens, et que nous devons les employer tous à propos, nous devons agir de même à l'égard des vertus. Être chaste et sans charité, être charitable et injuste, s'abstenir du bien d'autrui, mais ne pas faire l'aumône avec le sien, tout cela est inutile. Il ne suffit pas d'une seule vertu pour nous faire comparaître avec confiance au tribunal du Christ : il en faut beaucoup et de toute espèce, il nous les faut toutes.



[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras