"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 30 juin 2015

Jeremiah McKemy: Mon voyage dans l'Église ancienne (2)


Winter on Svyatoy (Holy) Island by Hieromonk Savvaty (Valaam Monastery)


Le vide et l’agitation
Que faire de ces sentiments désagréables? Etant un chrétien américain typique, la réponse semblait évidente: devenir plus occupé à « Servir Dieu ». Je traînais avec les sans-abri un jour de la semaine, tendais la main un autre jour aux non-croyants, j’allais à une étude biblique un autre jour, j’étais impliqué dans le ministère carcéral, le culte du dimanche matin, etc. Pendant une période où je me trouvais sans emploi, je me suis impliqué dans diverses communautés spirituelles presque tous les jours de la semaine.

Alors que le désir d'être impliqué et de servir Dieu est admirable, je savais qu'il y avait quelque chose qui manquait. Peu importait combien j’étais impliqué, les chaleureuses effusions de l'événement disparaissaient, et je restais avec mon agitation, mon vide, et même ma solitude à certains moments. Je tentais de gérer mon péché du mieux que je pouvais, mais il avait la haute main sur moi. J’étais esclave de mes désirs coupables et je montrais un comportement autodestructeur qui faisait du mal, à la fois à moi et à d'autres.

Quelque chose devait changer.

Qu’est-ce que cette orthodoxie?

J’essayai le mouvement charismatique, je courais dans les milieux chrétiens progressistes, je regardai en arrière vers mes racines du christianisme conservateur, et j’envisageais même de commencer ma propre église de maison. Rien ne donnait une réponse satisfaisante.

Un de mes mentors spirituels suggéra que je m’intéresse à l'Orthodoxie orientale (il n’était pas orthodoxe lui-même, mais il avait des amis qui l’étaient). " Ils ne sont rien de plus que l'Église catholique romaine de l'Est." J’’ai repoussé sa suggestion d’un geste, lui disant que j'avais lu des choses à leur sujet dans mes livres d'histoire; il m'a dit qu'il y avait beaucoup plus que ça; il y avait une profondeur cachée et un trésor de connaissance spirituelle au sein de l'Orthodoxie. Je respectais grandement son opinion et je mis cette conversation en réserve pour plus tard.

Mon voyage spirituel continua comme je l'ai indiqué auparavant: plein d'agitation et de vacuité. Mais je trouvais quelque chose de bizarre: je continuais à me "cogner" aux chrétiens orthodoxes dans mes discussions en ligne, ainsi qu’à leur théologie dans certaines de mes lectures. Chaque fois que j’avais une opinion différente de la leur, je trouvais que j’étais beaucoup plus en accord avec l'Eglise orthodoxe qu’avec moi-même. Après un an ou deux, je décidai en soupirant qu'il était temps de prendre sérieusement l'avis de mon mentor spirituel.

Comme avec de nombreux chercheurs, je commençai avec Kallistos Ware L'Eglise orthodoxe et La Voie orthodoxe [The Orthodox Way]. C’étaient de bons livres d'initiation qui m'aidèrent à comprendre certaines des croyances et pratiques de l'Eglise orthodoxe. Après avoir lu la plupart de ces livres et avoir eu plusieurs discussions avec des blogueurs orthodoxes, je décidai que la seule chose qui restait était de faire la visite réelle d'une église orthodoxe.

Depuis plusieurs mois, je voulais aller dans une église orthodoxe, mais je craignais d’abandonner les gens. Finalement, je décidai que je ne serait pas contrôlé par ma peur de l'opinion des autres, et que j’irais là où je sentais que Dieu me conduisait. Ce fut une étape importante pour moi.

J’eus une discussion difficile avec l'homme qui était à l'époque mon pasteur. Alors que tout le monde n’éprouverait pas le besoin de parler à son pasteur pour quitter son église, [je devais le faire car] je faisais partie de l'équipe de culte du dimanche matin et, certains dimanches, j’en étais l’animateur principal. Le pasteur était déçu de me voir partir, et je me sentais un peu coupable de le laisser tomber. Je lui ai dit que cela ne serait que pour un mois ou deux. Je ne savais pas ce que Dieu avait prévu pour moi.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Road




dimanche 28 juin 2015

L’archiprêtre Victor Potapov [Recteur de la Cathédrale St. Jean-Baptiste de Washington D.C.]: "Pour moi, il a toujours été évident que Staline était un tyran!"



L’archiprêtre Victor Potapov: "Pour moi, il a toujours été évident que Staline était un tyran!"

L’archiprêtre Victor Potapov, recteur de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Washington (Église orthodoxe russe hors-frontières) s’est exprimé sur le site orthodoxe russe Pravmir.ru au sujet de la réhabilitation de Staline! 

*

« Je n’ai jamais vécu en Russie, mais je me rappelle, dans mon enfance, comme ma grand-mère et mon grand-père m’ont raconté ces horreurs que Staline a accomplies contre notre peuple très éprouvé, et j’ai été éduqué par leurs récits. Ensuite, parvenu à l’âge mûr, j’ai commencé à lire des livres sur l’histoire récente de la Russie et j’ai pu me convaincre de la véracité de leurs paroles. Lorsque j’étais au séminaire, nous, étudiants, vénérions profondément les Néomartyrs de Russie, prenant connaissance des détails effrayants de leurs souffrances.Pour moi, il a toujours été évident que Staline était un tyran, l’un de la série des plus terribles tyrans du XXème siècle avec Lénine, Staline, Hitler, Mao Tse Toung et autres. J’ai travaillé à la radio « La voix de l’Amérique », je diffusais des documents sur les répressions, examinant minutieusement tout se qui était retransmis sur les ondes. Je n’ai jamais eu de doutes sur le rôle de la personne de Staline dans l’histoire de la Russie. Aussi, je suis étonné aujourd’hui par l’amnésie du peuple russe, car les personnes âgées qui se rappellent les noms de ceux qui ont péri lors des répressions – leurs parents et proches – vivent encore. Comment peut-on, au début du XXIème siècle, éprouver de la nostalgie pour ces temps-là ? Des dizaines de millions de personnes ont été tuées suite à ces répressions. J’étais au polygone de Boutovo encore avant que ne soit érigée l’église dédiée aux Néomartyrs et Confesseurs de Russie, et j’y ai appris beaucoup de choses nouvelles sur les fusillades massives qui s’y sont produites. Quelques centaines de personnes étaient liquidées quotidiennement. Comment peut-on tuer chaque jour de 200 à 300 personnes, cela est simplement incompréhensible pour un homme normal. Les tchékistes avaient amené en ambulance à Boutovo un vieil évêque, le métropolite de Petrograd Séraphim (Tchitchagov), et il avait été porté sur une civière à l’emplacement où on l’a fusillé – voici où en était arrivée la folie du pouvoir. La deuxième fois, j’étais à Boutovo en 2007, lorsque l’église a été solennellement consacrée par le patriarche Alexis II et le primat de l’Église orthodoxe russe hors-frontières, le métropolite Laur. Or nul parmi nous, représentants de l’Église hors-frontières, n’aurait pu concevoir qu’une époque verrait le jour en Russie où l’on tenterait de réhabiliter Staline. À cette occasion, le métropolite Hilarion (Alfeev) s’est prononcé avec une certaine autorité, disant clairement que Staline était un tyran, et que cette victoire que la Russie a remporté durant la seconde guerre mondiale, s’est produite grâce au peuple et en dépit de Staline. C’est un fait que dans les années 1930, il y eut les répressions massives, tout l’état-major fut anéanti, tout ce qu’il y avait de meilleur dans l’armée russe. Néanmoins, la Russie, avec des pertes énormes, a remporté la victoire, parce que le peuple a défendu sa patrie. Naturellement, on en a expédié beaucoup mourir pour Staline, mais peu nombreux étaient ceux qui étaient inspirés par sa personne, par son faciès de bourreau. Les gens sont morts pour la patrie. Différents mythes se reproduisent au sujet de la personne de Staline. Entre autres qu’il a fait renaître la vie ecclésiale en Russie. Or Staline a fait renaître une apparence de l’Église afin d’utiliser celle-ci, d’élever le niveau de patriotisme pendant les années de guerre, tout cela est absolument évident. Le métropolite Serge (Stragorodsky), le premier, s’est adressé au peuple par les paroles « frères et sœurs » au début de la guerre, et Staline s’est simplement emparé de cette expression. En Ukraine occidentale et en Biélorussie, au début de la guerre, s’est produit une ouverture spontanée des églises sur les territoires occupés par les Allemands, et Staline ne pouvait ne pas remarquer que l’ouverture de milliers d’églises en Ukraine et en Biélorussie avait relevé le moral de la population. Il avait compris que l’on pouvait utiliser l’Église pour ses propres buts. Et il a libéré les évêques, a convoqué une Assemblée des évêques, parce qu’il regardait l’avenir, il savait que le peuple soviétique vaincrait et que l’on pourrait occuper l’Europe orientale, en utilisant pour cela l’Église. À quoi est liée une telle renaissance de la popularité de Staline ? Il est possible que ce soit l’ignorance et la mauvaise connaissance de l’histoire par une partie significative de la population de l’ex-URSS. Mais naturellement, cela nous inquiète beaucoup. En Occident, il y a une propagande anti russe, et pour nous, Russes américains, il est pénible de voir que nous en donnons nous-mêmes l’occasion. Lorsqu’on nous montre des articles ou des déclarations de différentes personnalités publiques qui louent Staline, nous sommes décontenancés. Nous nous efforçons de nous justifier : « Tout le monde ne pense pas comme ça », mais les faits restent les faits. Ou encore la déclaration de l’évêque de Gorodets et Vetloujsk Augustin sur Staline, laquelle est publiée, on peut le lire et en tirer des conclusions, or il s’agit d’un hiérarque de l’Église orthodoxe russe. Encore une fois, on veut justifier, mais c’est injuste. Il est très compliqué de réagir calmement et d’éviter l’émotion lorsque l’on veut faire passer le noir pour le blanc. J’espère beaucoup que le bon sens l’emportera et que cette folie va s’arrêter, et qu’il se trouvera des historiens courageux qui feront retentir la vérité sur Staline et aideront les gens à s’y retrouver dans l’histoire du pays. Parce que tout ce qui se produit aujourd’hui autour de la réhabilitation de la personne de Staline, est une véritable attaque de l’ennemi de notre salut contre le peuple russe ».

(Reportage vidéo) Laurent Brayard, journaliste français dans le Donbass – Novorossia.TV


(Reportage vidéo) Laurent Brayard, journaliste français dans le Donbass – Novorossia.TV


A l’occasion du IIIe congrès antifasciste de Donetsk qui s’est déroulé le 14 mai 2015, Laurent Brayard, journaliste français a été invité dans le Donbass où il a séjourné quelques jours pour se rendre également à la rencontre de la population et des combattants, des journalistes locaux, de politiciens et d’activistes.
Il a été suivi pendant son séjour par une équipe de tournage du canal Novorossia.TV de Donetsk. Avec eux, il s’est rendu sur le terrain et a pu voir de ses propres yeux la situation réelle dans le Donbass. Accompagné de Sergeï au début de son voyage à partir de Moscou, il a retrouvé sur place Svetlana Kissileva, présidente en France de l’association Novopole.
Durant un séjour hélas trop court, il a cependant pu mesurer la détresse des populations les plus démunies, le courage des habitants, leur dignité et sentir quelle injustice est faite aux russophones de la région, les oubliés de l’histoire, ceux qui meurent pour ne pas subir le sort de milliers de leurs concitoyens déjà morts, ceux emprisonnés en Ukraine, ceux vivant sous la botte des bataillons de mercenaires et de volontaires des partis néo-nazis ukrainiens Pravy Sektor et Svoboda.
C’est accompagné par Svetlana, Sergeï, Kristina et Vyacheslav qu’il a pu vivre une expérience particulière qui est retracée modestement dans ce petit film qui au départ n’était destiné qu’aux téléspectateurs du Donbass et de leurs voisins de Russie mais que nous vous livrons ici sous-titré en français.

Un major général ukrainien est passé à la résistance !




Un major général ukrainien est passé à la résistance !
Le régime de Kiev n’est pas aimé par son armée. Le major général, Alexander Kolomiets, de l’armée ukrainienne a fait défection ce lundi 22 juin pour aller rejoindre l’armée de libération du Donbass contre les terroristes ukrainiens de Kiev. La nouvelle fait sensation dans le Donbass, en Ukraine, en Russie, en Occident. Porochenko tremble de voir son armée passer au Donbass et de subir un attentat comme celui du Bunker d’Hiltler. Hollande, lui, comme Obama, restera à jamais inscrit dans l’Histoire de l’Humanité comme le non représentant des Français et le collaborateur d’un dictateur terroriste meurtrier avide de dollars.
Conseiller ministre de la Défense. Le major général a été le conseiller au ministère de la Défense d’Ukraine, pendant plus de 19 ans conseiller de la défense sous Viktor Janukowitsch comme Commissaire militaire dans la région de Donetsk. « Les combats sous les ordres de l’armée ukrainienne ciblent les habitants du Donbass. Pour cette raison je ne peux plus continuer sous ces conditions sous les ordres ukrainiens », a dit le major général dans une conférence de presse de ce lundi. Pour ce haut gradé de l’armée ukrainienne se trouvent des criminels de guerre dans le gouvernement actuel de Kiev. La situation dans la région s’est dramatiquement aggravée depuis la mise en place de la politique de massacre appelée anti-terreur par Kiev. « C’est une force criminelle responsable de la mort des civils », a déclaré le major général. Les populations du Donbass avaient seulement demandé la sauvegarde du russe et la reconnaissance de leur fédération. Devait-on vraiment pour cela envoyer l’armée et bombarder les villes et les villages en tuant la population », a déclaré le major général. Selon les dires du général d’autres soldats et d’autres officiers sont sur le point de quitter l’armée ukrainienne pour celle des libérateurs dans le Donbass. Mais la situation est dure pour les soldats qui expriment leur mécontentement car ils sont mis en prison et leur famille subit des représailles.
Le major général explique que les soldats ukrainiens n’ont plus la force de se battre car ils sont conscients des massacres effectués. Seuls les bataillons constitués de mercenaires mènent le combat avec force.
Défections à la chaîne. La semaine dernière c’est, Oleg Tschernoussow, le chef du service des douanes d’Ukraine qui a rejoint le territoire du Donbass et de la Novorossia. Oleg Tschernoussow a qualifié de génocide les actes des armées ukrainiennes. Et expliqué que ces soldats des bataillons de volontaires à la solde de Kiev se font de l’argent en vendant de la nourriture aux populations se trouvant dans des situations de guerre. Quelques semaines avant 2 fonctionnaires de l’ambassade d’Ukraine à Paris ont quitté leur service pour rejoindre le Donbass.

Olivier Renault
Source:
Novorossia Today

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



15/28 juin
4ème dimanche après la Pentecôte

St Jonas, métropolite de Moscou et de toute la Russie, thaumarture (1461) ; prophète Amos (VIIIème s. avant le Christ) ; saints martyrs Grégoire et Cassien d'Avnège (1392) ; saints martyrs Guy, Modeste et Crescence, nourrice (vers 303) ; saint martyr Doulas de Cilicie (305-313) ; saint Doulas, moine en Égypte (Vème s.);  saint Jérôme de Stridon (420) ; saint prince Lazare de Serbie (1389) et de tous les saints martyrs de Serbie ; saint Ephrem II, patriarche de Serbie (1395) ; saint Augustin d'Hippone (430) ; saint hiéromartyr Amos, prêtre (1919).
Lectures : Rom. VI, 18–23 ; Hébr. XIII, 17-21 ; Matth. VIII, 5–13 ; Jn X, 9-16

MÉMOIRE DES NOUVEAUX MARTYRS DE
L’ÉGLISE ORTHODOXE SERBE[1]

À
 l’occasion de la célébration du Second millénaire du christianisme, en 2000, l’Assemblée de l’Église Orthodoxe Serbe a décidé de commémorer, en ce jour, tous les martyrs de Serbie, depuis l’époque de la Turcocratie jusqu’au XXème siècle, et notamment les victimes du régime des oustachis croates soutenus par l’Allemagne nazie. Durant cette période (1941-1945), environ 700 000 hommes, femmes et enfants périrent dans d’atroces souffrances, « telles que le monde n’en avait pas vues depuis le temps de Néron », comme l’a écrit le saint évêque Nicolas Vélimirovitch, pour avoir refusé de renier la foi de leurs pères en adhérant au catholicisme-romain confessé par les oustachis croates. Nous évoquerons ci-dessous certains d’entre eux.
Le métropolite Dosithée de Zagreb, avait été consacré évêque de Nis en 1913. Au début de la Première Guerre mondiale, il avait été emprisonné et n’avait pu regagner son diocèse qu’en 1918.. Après avoir passé trois ans en Tchécoslovaquie, il fut nommé évêque du nouveau diocèse de Zagreb, en 1931. Il s’y illustra par ses nombreuses œuvres charitables et par la création d’un séminaire. Il avait été également nommé administrateur des diocèses de Gornji-Karlovac et de Banja Luka, et aidait l’évêque Myron de Pakrac. Le patriarche Barnabé étant tombé gravement malade, c’est à lui, que fut remis le soin de le suppléer et après la mort de ce dernier jusqu’à l’élection d’un nouveau patriarche, il administra l’archidiocèse de Belgrade-Karlovci, puis fut nommé métropolite de Zargreb. Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il fut arrêté par la police dans cette ville, alors qu’il était âgé de plus de quatre-vingts ans. Sérieusement malade, on le transféra à l’hôpital, où il eut à souffrir des mauvais traitements de moniales catholiques qui y travaillaient comme infirmières. Il fut si tourmenté qu’il était inconscient lorsqu’on le ramena au monastère de Vavedenje à Belgrade. C’est là qu’il mourut des suites de ses blessures, le 13 janvier 1945.
Né en 1866, le métropolite Pierre exerça comme professeur à la faculté de théologie de Reljevo, puis à Sarajevo.  Consacré évêque de Zahumlje et d’Herzégovine en 1903, il fut ensuite nommé métropolite de Bosnie en 1920. Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, on lui conseilla de se réfugier en Serbie ou au Monténégro. Mais il répondit : « Je suis le pasteur de mon peuple, et je me dois de participer à son sort, en restant à ma place. » Comme il restait inflexible devant les pressions de la Gestapo et des oustachis pour lui faire renoncer à l’orthodoxie et à l’usage de l’alphabet cyrillique, il fut arrêté le 12 mai 1941 et emprisonné à Zagreb. On le rasa et on lui retira tout signe distinctif de sa dignité épiscopale, et il fut soumis à de longues tortures. Puis on le transféra à Koprivniča et de là au camp de concentration de Jasenovac, où il périt dans les tourments.
L’évêque Platon naquit à Belgrade en 1874. Après ses études à Moscou, il fut nommé supérieur du monastère de Rajinovac et professeur d’école secondaire à Belgrade. Durant la Première Guerre mondiale, il servit comme aumônier militaire et administra pendant quelque temps le diocèse d’Ohrid. Pendant l’occupation, il se dépensa grandement pour secourir les veuves et les orphelins. De 1932 à 1938, il dirigea les éditions monastiques de Sremski Karlovci et le journal du Patriarcat serbe, tout en étant supérieur du monastère de Krušedol. D’abord élu évêque de Morava en 1936, il fut ensuite nommé pour le diocèse d’Ohrid et Bitol (1938), puis transféré l’année suivante au diocèse de Banja Luka en Croatie. Après l’invasion allemande et la proclamation de l’état fasciste croate (avril 1941), il fut informé qu’en tant que citoyen serbe, il devait quitter le pays. Il répliqua qu’il avait été élu canoniquement et légalement pour servir les chrétiens orthodoxes du diocèse de Banja Luka et que, tel le bon pasteur, il se devait d’être prêt à offrir sa vie pour le salut de ses brebis spirituelles. Lorsque les pressions se firent plus fortes, il demanda à l’évêque catholique d’intervenir pour que lui soit concédé un délai de quelques mois. Mais le soir même (5 mai 1941), les oustachis l’arrêtèrent, en compagnie de quelques prêtres. Ses tortionnaires lui ferrèrent les pieds comme à un cheval et le firent marcher, dans d’horribles souffrances, jusqu’à quelques kilomètres de la ville. Comme il s’était effondré, ne pouvant plus marcher, on lui arracha la barbe, ainsi qu’aux autres prêtres, et, sur sa poitrine nue, les oustachis allumèrent un feu de charbon de bois. Après quoi ils furent achevés à coups de hachette et jetés dans la rivière Vrbanja.
Né en 1884, le saint évêque Sava avait été nommé supérieur du monastère de Krušedol, peu après son ordination sacerdotale. Consacré évêque auxiliaire de Srem en 1934, il fut ensuite nommé évêque Gornji Karlovac (1938). Lors de la déclaration de la Guerre, il refusa l’offre des forces italiennes d’occupation d’aller se réfugier à Belgrade. Il fut arrêté par les oustachis le 17 juillet 1941 et enfermé, avec trois prêtres et treize notable serbes. Après le savoir torturés sans pitié, les oustachis enchaînèrent le prélat ainsi que les trois prêtres et les emmenèrent au camp de Gospić. Ils y furent soumis à de multiples tortures pendant plus d’un mois. À la mi-août, le saint évêque fut emmené dans la région du mont Velebit, où il fut mis à mort avec deux mille autres serbes orthodoxes. Le lieu de son inhumation est resté inconnu. 
Le métropolite Joannice naquit à Stolovi dans la région du golfe du Kotor en 1880. Après des études à Belgrade, il fut ordonné prêtre en 1912 et exerça son ministère d’abord à Kotor, puis dans une paroisse de Lastva. Il enseigna ensuite dans diverses écoles et, devenu veuf, il fut consacré évêque auxiliaire de Budimlje en 1940. En décembre de la même année, le saint Synode de l’Église serbe le nomma métropolite du Monténégro et du Littoral. Il dut assumer sa nouvelle charge dans les tragiques circonstances de la guerre, mais il réussit à assurer le fonctionnement du séminaire de Cetinje et recommandait à son clergé de se soumettre à toute autorité politique légitime. Comme de nombreux prêtres avaient été arrêtés par les partisans communistes, qui étaient déjà actifs dans la région, il tenta de quitter le pays avec dix-sept prêtres. Interpellés près de Zidani Most, les prêtres furent fusillés sur-le-champ et le métropolite Joannice fut emmené à Aranđelovac, où les communistes le torturèrent et l’exécutèrent (1945). Ses restes ont été déposés dans un lieu inconnu.
Peintre d’icônes et portraitiste très apprécié entre les deux guerres mondiales, saint Raphaël (Momčilović) devint higoumène du monastère de Šišatovac dans la région du Srem (Nord-Ouest de la Yougoslavie). Il fut arrêté, avec trois autres de ses moines, en août d1941 par les oustachis et déporté dans le camp de concentration de Slavonska Požega. Durant le voyage, ses gardes le soumirent à diverses tortures, lui arrachant la barbe et le frappant avec des objets divers. Arrivé au camp, il fut soumis à de continuels tourments, jusqu’au 3 septembre, jour où on le mit à mort. Le lieu de son inhumation est resté inconnu.
Le père Branko Dobrosavljević avait servi dignement dans les paroisses de Buvača, Radovica et Veljun. Le jour de la saint Georges (6 mai 1941), il fut arrêté par des oustachis de Veljun, avec cinq cents autres Serbes, dont son fils Nebojša et le père Dimitri Skorupan de la paroisse de Cvijanović Brdo. Après avoir passé la nuit au poste de police, le lendemain, ils furent tous massacrés dans la forêt nommée Kestenovac. Les oustachis forcèrent le père Branko à chanter l’office des funérailles pour son fils avant de mettre ce dernier à mort.
Le père Georges Bogić était prêtre de la paroisse de Našice. Le 17 juin 1941, un laitier du village se précipita dans son appartement avec d’autres oustachis, sous prétexte de l’emmener pour un interrogatoire. Il fut conduit dans une prairie, où après l’avoir attaché à un arbre, ses tortionnaires lui coupèrent les oreilles, le nez et la langue, puis ils lui arrachèrent la barbe et lui crevèrent les yeux, en accompagnant leurs supplices des plus odieuses injures. Un des oustachis lui ouvrit le ventre et arrachant ses intestins, il s’en entoura le cou comme d’un collier. Ils coupèrent alors la corde qui le retenait à l’arbre et l’achevèrent d’un coup de feu.
Vukašin était un vieux paysan du village de Klepac, près de Čaplina en Herzégovine, dont toute la famille avait été assassinée au camp de concentration de Jasenovac. Alors qu’un oustachi était en train d’égorger des habitants de son village, il le regardait d’un air étrangement paisible, qui troubla le bourreau plus que les cris de ses victimes. Il se précipita sur lui en vue de briser sa paix par les supplices les plus terribles, et comme Vukašin refusait de crier : « Vive Pavelić ! », il lui coupa successivement les deux oreilles et le nez, sans pouvoir le faire sortir de son silence. Quand il le menaça de lui arracher le cœur, le vieillard répondit : « Enfant, fais ton travail ! » Fou de rage le tortionnaire lui arracha les yeux et le cœur et, après l’avoir égorgé, il le jeta d’un coup de pied dans la fosse. Par la suite, l’homme confessa que, depuis ce jour-là, il n’avait pu trouver la paix et que, la nuit, il se réveillait en sursaut et apercevait dans l’obscurité le regard perçant de Vukašin qui lui répétait ces mêmes paroles.

Tropaire du dimanche, ton 3
Да веселя́тся небе́сная, да ра́дуются земна́я; я́ко сотвори́ дeржа́ву мы́ш-цею Cвое́ю Го́сподь, попра́ cме́ртiю cме́рть, пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви на́съ и подаде́ мípoви ве́лiю ми́лость.
Que les cieux soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.
Tropaire du prophète, ton 2
Проро́ка Твоего́ Амо́са па́мять, Го́споди, пра́зднующе, тѣ́мъ Тя́ мо́лимъ: спаси́ ду́ши на́ша.
Célébrant la mémoire de ton prophète Amos, Seigneur,  par ses prières,  nous T'en supplions, sauve nos âmes.

Kondakion du prophète, ton 4
Очи́стивъ Ду́хомъ, проро́че, твое́ свѣтоза́рное се́рдце, сла́вный Амо́се, проро́чествія да́ръ свы́ше пріе́мь, возопи́лъ еси́ велегла́сно во страна́хъ: се́ Бо́гъ на́шъ, и не приложи́тся и́нъ къ Нему́.
Ayant purifié par l'Esprit ton cœur resplendissant de clarté, illustre prophète Amos, et du ciel reçu le don de prophétie, à haute voix tu crias aux nations: Notre Dieu, le voici * et nul autre ne Lui peut être associé.

Kondakion du dimanche, ton 3
Воскре́слъ ecи́́ днесь изъ гро́ба, Ще́дре, и на́съ возве́лъ ecи́ отъ вра́тъ cме́ртныxъ; дне́сь Ада́мъ лику́етъ и ра́дуется Éва, вку́пѣ же и проро́цы cъ патрiápxи воспѣва́ютъ непреста́нно Боже́ственную держа́ву вла́сти Tвоея́.
Aujourd’hui, ô Miséricordieux, Tu es ressuscité du Tombeau et Tu nous ramènes des portes de la mort. Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit. Tous ensemble, prophètes et patriarches, ne cessent de chanter la force divine de Ta puissance !



LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 12-35
Liturgie : Rom. X, 1-10 : Matth. VIII, 28 – IX,1




[1] Tiré du Synxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

vendredi 26 juin 2015

LES EFFETS PERSONNELS DU PATRIARCHE PAUL DE SERBIE PRÉSENTÉS LORS D'UNE EXPOSITION À BELGRADE


Les effets personnels du patriarche Paul [Pavle] (Stoytchevitch) de Serbie [ont été présentés] dans une exposition, qui fut [ en 2014...] ouverte à Belgrade. Dans les salles du musée de l'Eglise orthodoxe serbe, s'est ouvert une petite exposition présentant aux visiteurs la vie du bienheureux dernier Primat.
Elle présente ses outils, sa machine à coudre et sa machine à écrire, des vêtements, des livres de prières, des documents, et des distinctions... Le patriarche Paul est bien connu pour avoir aimé toute sa vie le travail manuel, réparant lui-même ses chaussures et ses vêtements.

A l'ouverture de l'exposition, le patriarche serbe Irénée [Irinej] a déclaré que son prédécesseur a été, sans aucun doute, un don accordé par Dieu au peuple serbe. Il a vécu une vie modeste d'homme commun, utilisé des choses ordinaires, mais ce fut un penseur spirituel, un ascète et un serviteur du Seigneur.

"C'est une joie pour nous que d'être ses contemporains," a dit le primat de l'Eglise orthodoxe serbe à l'ouverture de l'exposition.

L'exposition [fut] organisée par le Musée de l'Eglise orthodoxe serbe, avec le soutien du Ministère de la Culture de Serbie et dura jusqu'à la mi-janvier 2015.

Patriarche serbe est connu comme un écrivain et prédicateur religieux
Le patriarche serbe est connu comme écrivain et prédicateur religieux:
sa machine à écrire

Boomerang - un cadeau de l'Australie
Le boomerang est un cadeau venant d'Australie

Cadeau de la Russie
Cadeaux de Russie

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Version française 
Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavieru

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Patriarch Pavle of Serbia. Photo: Reuters


Et le beau livre 
sur la vie 
et l'œuvre 
du patriarche Paul 
de bienheureuse mémoire:

Jean-Claude Larchet, « Le patriarche Paul de Serbie. Un saint de notre temps », éditions L’Age d’Homme, 2014, 114 p. (collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle »).

Le patriarche Paul de Serbie (1914-2009) a acquis, par ses vertus personnelles, une grande popularité dans l’ensemble du monde orthodoxe et bien au-delà. De son vivant déjà, il était vénéré comme un saint, et l’on voit aujourd’hui se multiplier dans les églises des fresques et des icônes qui le représentent.

Ce livre, qui s’appuie sur différents documents et témoignages, présente la biographie et la personnalité de cet homme petit et frêle, qui voulut toujours mener la vie d'un moine pauvre, qui se soumit en tout temps et en toutes circonstances à une stricte discipline ascétique, et qui simple, humble et plein d’amour, resta toujours proche du peuple, faisant de l’Évangile le seul programme de son ministère épiscopal et patriarcal.

Ce portrait spirituel se tient délibérément à l'écart de toute considération politique et ethnique et s'attache avant tout à faire apparaître le patriarche Paul dans la dimension universelle de sa sainteté. 

Écrit de manière simple et vivante, il est illustré de nombreuses anecdotes pittoresques et savoureuses, ainsi que de paroles du patriarche pleines d’humour et de sagesse, qui rappellent souvent les célèbres apophtegmes des Pères du désert (un chapitre est d'ailleurs intitulé « Apophtegmes»). 

Un cahier central présente de magnifiques photos dues au diacre Dragan Tanasijević, qui a pu approcher le patriarche au cours de nombreuses célébrations liturgiques, et a réalisé des portraits qui s'apparentent à de véritables icônes.

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jeudi 25 juin 2015

Giles Fraser: La dette grecque, écho de la dispute à propos de la date de Pâques




Les Eglises orthodoxes orientales se sont finalement séparées d'avec l'Eglise catholique romaine d'Occident en 1054, même si les différences avaient été accumulées bien avant et qu'elles ont continué depuis. Parmi celles-ci, les églises orientales ont conservé le calendrier julien - ce qui explique pourquoi, cette année, Pâques orthodoxe tombe le dimanche 12 Avril, une semaine plus tard que pour les églises occidentales. 

Plus important encore, en raison de ce grand schisme, les Eglises de l'Est comme l'Eglise grecque orthodoxe ne tombent pas sous l'emprise d'une théorie du salut développé par saint Anselme de Canterbury et sous la très massive influence de Homo Cur Deus de 1089, livre qui a radicalement modifié la compréhension occidentale de Pâques et, avec elle, une grande partie de notre arrière pays moral. En effet, les attitudes actuelles respectives à l'égard de la dette des gouvernements grec et allemand peuvent être vues, d'une certaine manière pertinente, comme une suite de la division Est-Ouest sur la signification de Pâques.

Selon Anselme, et les penseurs de la Réforme qui l'ont suivi, l'histoire de Pâques est essentiellement la réponse de Dieu à une crise de dette. L'argument est le suivant: les êtres humains ont péché contre Dieu, encourant ainsi une dette qui doit être payée. (Si vous pensez que ce passage de la dette au péché est étrange - et il l'est -. Souvenez-vous, nous parlons toujours des criminels qui doivent "rembourser" leur dette à la société) Sur ce modèle, la balance de la justice doit être équilibrée. Les crimes doivent être payés, le niveau de la peine étant proportionnel au niveau de l'infraction. Mais le problème théologique est que la dette humaine est beaucoup trop élevée - nous étant de misérables pécheurs et tout ce qui s'en suit- ce qui signifie que nous sommes totalement incapables de rembourser le montant requis.

Voilà pourquoi, dit Anselme, Jésus vient pour recevoir la punition qui nous est due et qu'Il est crucifié,  remboursant ainsi la dette en notre nom et liquidant notre compte. La rédemption, rappelez-vous, est une métaphore économique. "Il n'y avait personne d'autre assez bon pour payer le prix du péché", comme beaucoup de chrétiens occidentaux le chantent au temps pascal. Pour les évangéliques en particulier, ceci est l'essence même du salut. Le péché est remboursé. Alléluia!

Mais ceci n'est absolument pas l'histoire orientale de Pâques. En effet, aucune congrégation orthodoxe grecque, au cours de ses offices de Pâques, ne chantera que Jésus paie le prix du péché. 

D'une part, ils ne sont pas tellement obsédés par le péché. Et ils ne pensent pas que la souffrance de Jésus (ou de quelqu'un d'autre) est la façon dont Il obtient d'être remboursé. En effet, Il n'est pas remboursé. 

Ce qui explique pourquoi l'art chrétien grec, contrairement à l'art chrétien occidental, n'est pas obsédé par le crucifié Jésus sanguinolent. Pour les théologiens d'Orient, la mission de Jésus est de libérer les êtres humains de leur emprisonnement dans la mort. 

Toute l'action importante se passe à la résurrection, pas à la crucifixion. Car, si le salut est simplement le remboursement d'une dette et ce qui se passe sur la croix, il n'y a pas d'œuvre de salut à faire pour la résurrection. Non, disent-ils, le salut n'est pas une comptabilité cosmique sanglante. C'est une évasion de prison. L'accent est mis sur le Christ surgissant de la tombe, pas sur une croix. Cela concerne la vie triomphant de la mort.


Ange montrant tombeau vide et le linceul du Christ ressuscité

L'Eglise occidentale critique généralement le point de vue de l'Orient qui a une vision du salut comme "repas gratuit". Pas de douleur, pas de gain, insiste Anselme. L'Eglise orientale dit que l'Occident "fétichise" la souffrance et qu'il est plus attaché à une logique de fer de la nécessité cosmique, qu'il ne l'est à Dieu pour Qui toutes choses sont possibles.

Les athées tels qu'Alexis Tsipras, le leader grec, peuvent penser que ces deux choses sont des fantasmes. Mais pour ce qui est en jeu à présent, cela n'a aucune pertinence. Il est utile de reconnaître que ces deux histoires  soutiennent deux visions morales du monde contrastantes et des attitudes complètement différentes envers l'économie en général et le capitalisme en particulier. 

Tsipras - comme moi - est beaucoup plus dans le camp orthodoxe grec du salut. Et la fille du pasteur luthérien Angela Merkel est tout à fait dans celui de l'Occident. Lui veut se  libérer de la dette mortifère. Elle estime qu'elle doit être remboursée, peu importe combien de sang et de douleur seront nécessaires pour cela.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
citant