"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 25 mars 2018

COMMENT LES DEFUNTS ONT INTERCEDE POUR UN PRÊTRE IVROGNE



Pendant le Grand Carême, période de prière intense, l'Eglise n'oublie pas de prier pour ses enfants disparus, car la force motrice de la prière -l'amour- surmonte tous les obstacles du temps et de l'espace, ne s'arrêtant pas avant la limite de l'éternité, en passant entre l'Église militante et l'Église triomphante. L'exemple suivant, qui a eu lieu à la fin du XXe siècle dans un diocèse grec, en est une confirmation claire.

   
L'évêque qui a raconté cette histoire est toujours vivant. Elle est authentique et a une signification profonde, car elle parle des prières des vivants pour les défunts. Dieu entend toujours ces prières, en particulier pendant la Divine Liturgie.

Dans le diocèse de cet évêque que nous avons mentionné, il y avait un prêtre, Papa Ioannis qui officiait, - un pieux prêtre aimé de tous. Il s'attardait quelque peu pendant la proscomédie parce qu'il commémorait de nombreux noms. Mais le prêtre avait un défaut terrible: il aimait boire. Aussi diligent qu'il était dans l'accomplissement de ses devoirs sacerdotaux, il était très impuissant devant le vin. Beaucoup le supplièrent de vaincre cette passion si indigne d'un serviteur de Dieu. Le prêtre lui-même en était conscient, furieux contre lui-même, et il essaya d'arrêter de boire à plusieurs reprises, bien que tout recommencât en quelques jours.

Un  jour, quand ce papouli* s'était encore adonné à sa passion, il  alla à l'église. A moitié saoul, il s'exclama: "Béni est le Règne.." et il commença la Divine Liturgie. Par la permission de Dieu, le prêtre glissa dans l'autel et laissa tomber les Précieux Dons de ses mains. Il se figea avec horreur! En tombant sur le sol, il commença à rassembler le Corps et le Sang du Christ avec sa langue. Il fut étouffé de culpabilité, parce que c'était arrivé à cause de son ivresse.

Le prêtre alla vers l'évêque et lui confessa son terrible péché. Le lendemain, l'évêque, après mûre réflexion, s'assit à la table et prit un stylo: il devait commencer le processus de défroquement du Père Ioannis. La main de l'évêque restait indécise quand il vit comme dans une vision comment des milliers de personnes sortaient des murs de la pièce. Il y avait une douleur brûlante dans leurs yeux. En passant près de l'évêque, ils criaient: "Non, Vladyka, ne punis pas ce prêtre! Ne le défroque pas! Pardonne-lui! "

Un flot ininterrompu de gens passait devant l'évêque: hommes, femmes, enfants, bien vêtus et pauvres - une foule entière d'âmes! Et ils tendaient tous les mains vers l'évêque et criaient en l'implorant: «Non, votre Grâce, ne faites pas cela; n'expulsez pas notre papouli! Il se souvient de nous et nous aide à chaque Liturgie; il a vraiment pitié de nous; il est notre ami! Ne lui ôtez pas sa dignité! Non, non, Non!!!"

La vision continua pendant longtemps. L'évêque stupéfait regarda la mer de visages le supplier pour le prêtre ivrogne. Il se rendit compte que c'étaient les âmes des trépassés que le Père Ioannis commémorait à la Divine Liturgie. Et cette commémoration allègeait grandement leur sort, comme l'eau donnée aux assoiffés dans la chaleur estivale. "C'est un témoignage clair que nos prières apaisent les âmes des trépassés," pensa l'évêque.

Il appela le prêtre.

"Père Ioannis, dis-moi, quand tu sers la Liturgie, est-ce que tu commémores beaucoup de noms à la proscomédie? 

"Des centaines de noms, Votre Grâce. Je ne les ai pas comptés. "

"Pourquoi te souviens-tu de tant de noms et que tu retardes la Liturgie?" Demanda l'évêque, comme s'il était en colère.

"Je plains les défunts: ils n'ont d'autre aide que les prières de l'Église. Par conséquent, je demande au Très-Haut de leur accorder le repos. J'ai un livre où je consigne tous les noms qui me sont donnés pour la commémoration. J'ai hérité de cette pratique de mon père, qui était aussi prêtre. "

"Tu fais bien," approuva l'évêque. "Leurs âmes en ont besoin. Continue à faire cela. Fais juste attention, et ne bois plus - pas une goutte de vin, à partir de demain! Telle est ta pénitence! Tu es pardonné."

Depuis ce jour, le Père Ioannisfut vraiment complètement libéré de la passion de l'ivresse. Et maintenant il se tient encore plus longtemps à la proscomédie, en commémorant les noms des défunts.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


* Petit Père en grec.

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