"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 30 mars 2017

Père Robert M. Arida: Méditation sur le Canon de saint André de Crête


Le Canon de Saint-André est une trame à deux fils complémentaires. Il y a d'abord le volet historique, où saint André utilise habilement l'histoire du salut comme fondement de son hymne de repentance. C'est le Dieu aimant et compatissant, Qui Se révèle par ses actes de salut et Qui appelle l'auditeur au repentir. C'est le Dieu triune et tripersonnel Qui révèle à l'auditeur que l'œuvre du salut se poursuit ici et maintenant. En effet, le Seigneur Lui-même rappelle ceux qui l'accusent de violer la loi pour la guérison le jour du sabbat: "Mon Père agit jusqu'à présent et j'agis aussi" (Jean 5:17). Ce travail continu de Dieu forme le deuxième volet du canon qui nous appelle à la repentance personnelle et à reconnaître notre position et à répondre à l'activité de guérison de Dieu.

Ces fils complémentaires dans le Canon de Saint-André nous rappellent que les chrétiens sont appelés à être des ascètes. Notre baptême, notre participation à la mort et à la résurrection du Christ, nous rend citoyens du Royaume et étrangers au péché et à la corruption. 

Saint Paul nous enseigne que, puisque nous sommes participants à la Pâque du Seigneur, nous ne devons pas laisser le péché régner dans nos corps mortels. "Ne donnez pas vos membres au péché comme des instruments de méchanceté, mais donnez-vous à Dieu comme des hommes qui ont été ramenés de la mort à la vie, et vos membres à Dieu comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, puisque vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la Grâce. "(Romains 6:12:14).

Par le baptême, nous sommes sous la grâce, nous sommes passés de la mort à la vie et donc devenus étrangers à un monde qui rejette l'ouverture de l'amour divin. Mais qui peut nier la réalité et la tentation du péché? Oui, dans le baptême nous sommes morts au péché! (Romains 6:11). Mais, comme saint Paul l'a reconnu, il n'a pas fait ce qu'il voulait, et il a recherché les choses qu'il haïssait. La loi du péché a mené une guerre spirituelle contre la loi de la Grâce. La loi du péché persista dans ses membres, cherchant à surmonter le don d'une vie nouvelle.

Parce que saint Paul était conscient de son propre péché, ilm fut capable de reconnaître la fragmentation ou la désintégration de sa propre personne. Il a reconnu que le Paul qui péchait était une caricature, une image déformée de Paul baigné dans la Grâce du baptême. "Car je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, c'est ce que je fais." (Romains 7:19)

On peut remarquer que la lutte décrite par saint Paul est la même lutte décrite dans le Canon de Saint-André. Comme l'histoire du salut se déroule à travers les tropaires du canon, nous sommes également confrontés au moi déformé, le moi qui subordonne l'esprit à la chair à cause d'une volonté erronée. Par conséquent, les passions, qui sont liées à notre nature, deviennent mal dirigées et tordues. Comme l'apôtre en difficulté, le canon exprime l'auto-découverte choquante de son auteur: "[...] Je suis convaincu par le verdict de ma propre conscience, qui est plus convaincante que toute autre chose dans le monde" (Ode 4).

L'appel à l'ascétisme est l'appel au vrai moi qui lutte pour soumettre la chair à l'esprit. C'est l'épreuve qui purifie les passions en permettant au don de la Grâce de guider et de nourrir la volonté. L'appel à l'ascétisme nous place sur le chemin de la vie transfigurée qui nous est déjà ouverte par la grande et sainte Pâque du Seigneur.

Lorsque les passions sont purifiées, lorsque la nature humaine et la volonté humaine sont en harmonie avec la volonté divine, le vrai moi émerge alors qu'il se développe selon la loi de la Grâce. Saint Antoine d'Egypte décrit ainsi la totalité ou l'intégration de la personne humaine: "Ce qui se passe selon la nature n'est pas péché; Le péché implique toujours le choix délibéré de l'homme. Ce n'est pas un péché de manger; c'est un péché de manger sans gratitude, et non pas d'une manière ordonnée et restreinte qui permettra au corps d'être maintenu en vie sans induire de pensée mauvaise. Ce n'est pas un péché d'utiliser ses yeux avec pureté; C'est un péché de regarder avec envie, arrogance et désir insatiable. C'est un péché d'écouter non pas paisiblement, mais dans la colère; C'est un péché de guider la langue, non vers l'action de grâces et la prière, mais vers la médisance; C'est un péché d'employer les mains, non pour des actes de compassion, mais pour des meurtres et des vols. Et ainsi, chaque partie du corps pèche quand, par son propre choix, elle n'accomplit pas des actes bons, mais mauvais, contrairement à la volonté de Dieu.

La vie ascétique devrait être notre réponse repentante à l'Amour de Dieu. Par cette réponse, l'icône du vrai moi rayonnera avec la Lumière Incréée. Par la lutte ascétique, la chair sera transformée en temple du Dieu vivant. Telle est la nouvelle joyeuse du canon qui nous unit aux grands actes de Dieu qui aboutissent à la mort et à la résurrection du Sauveur.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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