"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 7 juin 2015

La dernière Liturgie à Constantinople!




Beaucoup d'orthodoxes, même Grecs, croient que la dernière Divine Liturgie à Sainte-Sophie de Constantinople, fut célébrée le 29 mai 1453. Cependant, la dernière Liturgie eut lieu en 1919. Le prêtre qui célébra la Divine Liturgie était Père Lefteris Noufarakis, qui était d'Alones Rethymnou en Crète. C'était un aumônier dans la Deuxième division de l'armée grecque, l'une des deux divisions de l'armée qui faisait partie du corps expéditionnaire allié en Ukraine. Cette division de l'armée alla en Ukraine en passant par Constantinople, qui était alors sous souveraineté alliée, après la fin de la Première Guerre Mondiale.


Un groupe d'officiers grecs, dirigés par le prêtre, le général Frantzis, le major Liaromati, le capitaine Stamatiou et le lieutenant Nikolaou observaient la ville et Sainte-Sophie, et gardaient pour eux leur secret, c'est-à-dire la célébration de la Divine Liturgie à Sainte-Sophie - décision prise principalement par le prêtre. 

La difficulté de cette entreprise était le fait que pendant cette période, Sainte-Sophie était une mosquée, soulevant ainsi certaines questions importantes. Cela aurait pu créer un incident diplomatique entre la Grèce et la Turquie. Cependant, Père Lefteris avait décidé qu'il allait célébrer la Divine Liturgie dans Sainte-Sophie, quelle que soit la difficulté qui surgirait.

- Si vous ne venez pas, je vais y aller seul! J'ai seulement besoin d'un chantre. Toi Constantin (Liaromati), veux-tu être mon chantre?

- D'accord Père, répondit-il. Il avait accepté d'aller avec lui.

Les autres officiers suivirent aussi. Ils montèrent tous à bord d'un petit bateau, avec un rameur grec de Constantinople. Kosmas, le marin local, les  amena par un raccourci à Sainte-Sophie. Les portes étaient ouvertes. Le gardien turc était sur le point de les arrêter, mais le général Fratzis lui lança un regard de colère, qui laissa le garde sans voix. Ils entrèrent tous dans la sainte église avec respect, en faisant le signe de la croix. Père Lefteris dit, tranquillement, avec beaucoup d'émotion: "Je rentre dans Ta maison; Je vénère Ta Sainte Église avec crainte... "

Il alla rapidement vers le Saint Sanctuaire, où devait être la Sainte Table. Il  trouva une petite table et la plaça dans le sanctuaire. Il avait tout dans un petit sac; il sortit tout, il revêtit ses vêtements liturgiques et commença:

"Béni est le Royaume du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et  maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles."

"Amen!", répondit le major Liaromatis. La Divine Liturgie avait commencé à Sainte-Sophie, pour la première fois depuis le 29 mai 1453. Tout ne souhaitaient qu'une seule chose: pouvoir terminer la Divine Liturgie, sans être interrompus. Tout était arrivé si vite, ils ne pouvaient pas croire ce qui se passait.

En attendant l'église se remplissait de Turcs; cependant, ils restaient silencieux, probablement ne comprenant pas ou n'étant pas être en mesure de croire ce qui se passait réellement. C'était, à bien des égards, une réalité inimaginable. 

Pendant ce temps de plus en plus de gens [étaient présents]. Parmi eux se trouvaient aussi les Grecs qui vivaient à Constantinople, qui vinrent à Sainte-Sophie par hasard. Ils furent surpris et très émus par ce qui se passait. Au cours de l'anaphore, tous les Grecs se prosternèrent, en entendant le chantre chanter: "Nous Te louons, nous Te bénissons, nous Te rendons grâce, Seigneur, et nous Te prions, ô notre Dieu". Le temps vint ensuite, où tous les Grecs allèrent recevoir la Sainte Communion, après 466 années. Après la Sainte Communion ils terminèrent rapidement la Liturgie. Père Lefteris, demanda au lieutenant Nikolaou " de tout rassembler rapidement et de tout placer dans le sac".

La Divine Liturgie était terminée. Cependant, à la fin de la Liturgie, l'église était remplie de Turcs, qui commençaient à être agressifs, en comprenant ce qui venait d'arriver. Leurs vies étaient en danger. Cependant, ils n'hésitèrent pas. Ils se rassemblèrent et sortirent. La foule était prête à les frapper. 

À ce moment un officier turc leur a dit de les laisser passer. Il était aussi en colère, mais il avait compris qu'il devait les laisser passer, pour des raisons politiques. Il n'aurait pas été bon pour la Turquie d'avoir tué cinq officiers grecs à Sainte-Sophie. N'oublions pas qu'il y avait deux divisions grecques près de la ville, et que Constantinople était sous occupation étrangère, sous l'autorité des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Les officiers grecs parvinrent à regagner le bateau. Cependant, un "géant" Turc les suivait, il attrapa une grosse branche en bois et essaya de frapper le prêtre, comprenant que c'était lui qui était à l'origine de cet événement.

Le prêtre se baissa, mais le bois frappa son épaule. Le major Liaromatis et le capitaine Stamatiou parvinrent à prendre le bois du Turc, qui était prêt à frapper à nouveau le prêtre. Ils réussirent finalement à atteindre le navire de guerre grec. Cependant, cet événement créa un incident diplomatique, avec les alliés qui se plaignirent auprès du Premier ministre grec, Eleftherios Venizelos, qui dut finalement réprimander le Père Lefteri. Néanmoins, il communiqua avec lui en privé et le félicita, d'avoir réalisé à Sainte-Sophie le rêve qu'ont tous les Grecs.

Le fait malheureux à propos de cette histoire véridique est que peu de gens connaissent ce fait. Même dans leur ville d'origine, ils sont ignorants à ce sujet. Cependant, c'est la seule chose qui, après 1453, a donné vie à Sainte-Sophie, lui a rappelé sa gloire passée, et a montré ses vraies couleurs. 

Nous, aujourd'hui, nous ne pouvons qu'espérer que dans un proche avenir, le gouvernement turc verra la signification que cette Église a pour le monde chrétien, et qu'il pourrait lui permettre de devenir à nouveau une Eglise. Peut-être que c'est là une pensée et un souhait idéals. Cependant, elle ne peut pas et ne doit pas revenir à son état précédent, c'est-à-dire devenir une mosquée, comme de nombreux Turcs le souhaitent maintenant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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