"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 21 juin 2014

Métropolite Antoine de Souroge: L’aveugle-né (Jean 9 :1-35) / Sermon du 19 mai 1974




Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Avant sa rencontre avec le Christ, l'aveugle n'avait jamais rien vu. Tout était sombre, il devait deviner les choses, les explorer par le toucher, utiliser son imagination. Il n'avait pas d’image authentique et claire des choses. Puis il a rencontré le Christ, et le Christ lui a ouvert les yeux. Et quelle est la première chose que cet homme a vu? Le visage du Christ, son regard, le visage de Dieu fait homme, le regard divin plein d’amour attentif et compatissant reposant sur lui, sur lui seul parmi toute la foule. 

Tout de suite, il se trouva face à face avec le Dieu vivant et rencontra le miracle qui nous étonne tellement: que Dieu puisse concentrer son attention sur chacun de nous - comme sur la brebis perdue - et ne pas voir la foule, mais voir une seule et unique personne.

Après cela, l'homme a probablement tout sondé autour de lui, et ce qu'il avait connu par la description, par ouï-dire, est devenu réalité: "je vois."

Cela arrive à l'heure actuelle aussi; cela peut arriver à chacun de nous. Comme l'aveugle-né nous vivons la plupart de nos vies par l'aumône, nous nous asseyons comme des mendiants sur la route, tendant la main dans l'espoir que quelqu'un va remarquer, sinon nous au moins notre main, et nous donner quelque chose pour nous sustenter pour les prochaines heures à venir en tout cas. 

Une telle nourriture vient pour nous sous la forme d'un regard amical reposant sur nous, d’une parole pour nous, d’une gentillesse faite pour nous. Mais tout cela nous laisse encore sur la route, aveugle et mendiant de l'aide.

Quand le Christ passa près d’un autre aveugle, Bartimée, celui-ci n'attendit pas que le Sauveur vienne vers lui et lui demande s'il voulait être sauvé, s'il voulait recouvrer sa vue. 

Dès qu'il a senti que quelque chose d'inhabituel se passait dans la foule bruyante, et qu’en réponse à sa question, il lui a été dit Qui passait par là, il a commencé à crier à l'aide. Certes, les gens ont essayé de l'arrêter; certes, un léger doute a peut-être glissé dans son esprit, cela valait-il la peine de crier, d’appeler à l'aide, le Seigneur l’entendrait-il, répondrait-il à une demande aussi insignifiante? 

Il a poursuivi en réclamant de l'aide parce que sa souffrance était si grande, sa nécessité était si désespérée… Il était prêt à bousculer les gens, pour se frayer un chemin à travers la foule pour atteindre Dieu et être entendu par Lui.

Si seulement nous pouvions réaliser combien nous sommes aveugles! Si seulement nous pouvions réaliser que notre connaissance de la vie, non seulement éternelle, la vie divine, mais la vie terrestre, dépend presque entièrement des ouï-dire, que la vie autour de nous est sombre et fantomatique, parce que nous sommes aveugles, ou (comme l'autre aveugle dans l'Evangile, qui ne fut pas immédiatement guéri par le Christ) ou bien que nous voyons les choses comme dans un brouillard! Si seulement nous pouvions nous rappeler ce que le Sauveur nous parle de la beauté et de la gloire de la vie, à la fois éternelle et terrestre, et ne pas être satisfait de notre cécité, comme nous essaierions sincèrement essayer de retenir le Christ, afin qu'Il puisse nous percer de son regard et nous adresser Sa parole souveraine et vivifiante de guérison.

Alors, en effet, nous pourrions voir l'étonnante beauté du visage du Christ, la beauté insondable du regard divin reposant sur nous avec miséricorde, compassion et tendresse. Nous utilisons nos yeux si facilement, mais nous voyons peu, et seulement superficiellement.

Cherchons la vision qui peut être nôtre uniquement, quand nos cœurs deviennent lumineux et purs. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu; et dans l'éclat de la Présence de Dieu, nous pourrions nous voir les uns les autres, chacun, soit illuminé par l’amour de Dieu, brillant de la gloire de la vie éternelle, ou bien blessé, sombre, attendant de nous non seulement des aumônes, mais l’abandon de toute notre vie à l'amour afin qu'il puisse recevoir la vue, afin que, pour lui aussi, le Royaume des Cieux puisse être déjà révélé sur terre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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