"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 9 février 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


27 janvier / 9 février
Dimanche du Pharisien et du Publicain
Synaxe des nouveaux martyrs et confesseurs de Russie
Transfert des reliques de saint Jean Chrysostome (438) ; Saint Pierre d’Égypte (400) ; Néomartyr Démètre de Constantinople (1784).

Lectures : II Cor. VI, 16-17 – VII,1 ; Rom. VIII, 28-39 ; Matth. XV, 21-28 ; Lc. XXI, 12-19

VIE DU SAINT HIÉROMARTYR VLADIMIR DE KIEV[1]

L
e saint métropolite Vladimir de Kiev, premier des nouveaux martyrs de l’Église russe, naquit en 1848, dans le diocèse de Tambov, au sein d’une famille sacerdotale. Prêtre marié, il perdit son épouse et son jeune fils après quatre années de sacerdoce, et il entra alors au monastère de Kozlov. En 1888, il fut consacré évêque de Staraïa-Roussa, dans le diocèse de Novgorod et, trois ans plus tard, fut transféré, au plus fort d’une épidémie de choléra, à Samara où il consacra toutes ses forces au soulagement du peuple éprouvé. Puis il travailla, pendant six ans, à l’instruction spirituelle des peuples orthodoxes du Caucase, fondant de nombreuses églises et écoles ecclésiastiques. Son élection comme métropolite de Moscou, en 1898, marqua un renouveau dans la vie ecclésiastique du diocèse. Il montrait un intérêt tout particulier pour la formation des prêtres, qu’il choisissait judicieusement, et pour l’enseignement des ouvriers d’usine, à l’intention desquels il organisait des conférences spirituelles. Il aidait aussi les moines de la Laure de Saint-Serge, et fut à cette époque le père spirituel de la grande-duchesse sainte Élisabeth. En 1912, il fut nommé métropolite de Saint-Pétersbourg et président du Saint-Synode. Mais sa résistance courageuse à l’ingérence de l’imposteur Raspoutine dans les affaires de l’Église, provoqua sa disgrâce, et il fut transféré à Kiev, au bout de trois ans. La Révolution d’Octobre ébranla la vie ecclésiastique en Ukraine, comme dans toute la Russie, et l’on tenta d’y fonder une église nationale, ne reconnaissant pas le métropolite Vladimir qui s’était réfugié au monastère des Grottes. Au début 1918, alors que la guerre civile avait atteint Kiev, le métropolite continuait à célébrer la Divine Liturgie en plein bombardement. Le 25 janvier, Kiev étant occupée par les bolcheviques, un détachement de cinq hommes armés se présenta au monastère qui avait été pillé quelques jours plus tôt, et appréhenda le métropolite. Le saint les suivit, en pleine nuit, chantant et priant, aussi calmement que lorsqu’il se préparait à célébrer la Divine Liturgie. Lorsqu’ils parvinrent au lieu de l’exécution, il bénit ses bourreaux et dit : « Que Dieu vous pardonne ! » avant de tomber fusillé.

Tropaire du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизше́лъ еси́, Благоyтбне, погребе́нiе прiя́лъ ecи́ тридне́вное, да на́съ свободи́ши страсте́й, животе́ и воскресе́нiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́ !
Des hauteurs, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté d’être enseveli trois jours afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire des Nouveaux Martyrs, ton 4
Цвѣ́ти россі́йского лу́га духо́внаго, въ годи́ну лю́тыхъ гоне́ній ди́вно процвѣ́тшіи, Новому́ченицы и Исповѣ́дницы безчи́сленніи : cвяти́теліе, Цápcтвенніи cтрасто-те́рпцы и па́стыріе, мона́cи и мipcті́и, му́жіе, жены́ же и дѣ́ти, до́брый пло́дъ въ тepпѣ́ніи Xpиcту́ прине́сшіи, моли́теся Eму́, я́ко насади́телю ва́шему, да избáвитъ лю́ди своя́ отъ безбо́жныхъ и злы́хъ, да yтвержда́ется же Це́рковь ру́ccкая кровьми́ и cтрaда́нiи ва́шими во cпасе́нie дýшъ на́шихъ.
O fleurs du pré spirituel de la Russie, qui avez surgi admirablement au temps des amères persécutions, Nouveaux Martyrs et Confesseurs innombrables, vous qui avez souffert la passion : pontifes, souverains et pasteurs, moines et laïcs, hommes, femmes et enfants, vous qui avez apporté au Christ le bon fruit de votre patience, priez-Le comme votre divin Semeur afin qu’Il libère Son peuple des athées et des hommes mauvais, afin que s’affermisse l’Église Russe par votre sang et vos souffrances pour le salut de nos âmes.
Kondakion du dimanche, ton 8
Воскpécъ изъ гро́ба, уме́ршыя воздви́глъ ecи́ и Aда́ма воскреси́лъ ecи́, и Éва лику́етъ вo Tвое́мъ воскре-се́нiи, и мipcтíи концы́ торжеству́ютъ е́же изъ ме́ртвыхъ воста́нieмъ Tвои́мъ Mногоми́лостивe.
Ressuscité du tombeau, Tu as relevé les morts et ressuscité Adam ; Ève aussi exulte en Ta Résurrection, et les confins du monde célèbrent Ton réveil d’entre les morts, ô Très-miséricordieux !
Kondakion des martyrs et confesseurs de Russie, ton 2
Но́вiи cтрастоте́рпцы poccíйcтіи, исповѣ́днически по́прище земно́e пpeте́кшіи, cтpaда́ньми дepзнове́нie пріи́мши, моли́теся Xpиcту́, вácъ yкpѣпи́вшемy, да и мы́ егда́ на́йдетъ на ны́ испыта́нія ча́cъ, му́жеcтва дápъ Бо́жiй воспрiи́мемъ. О́бразъ бо ecте́ лобыза́ющымъ по́двигъ ва́шъ, я́ко ни cко́рбь, ни тѣснота́, ни cмépть отъ любвé Бо́жiя paзлучи́ти  вácъ не возмого́шa.
O Nouveaux Martyrs qui avez parcouru le chemin terrestre en confessant le Christ, par vos souffrances vous avez acquis de la hardiesse, priez Celui qui vous a fortifiés, afin qu’à l’heure où l’épreuve viendra sur nous, nous recevions le divin don du courage. Vous êtes un exemple pour ceux qui vénèrent votre exploit, car ni l’affliction, ni le tourment, ni la mort, n’ont pu vous séparer de l’amour de Dieu.

Kondakion du dimanche du pharisien et du publicain, ton 4
Фариcé́eва убѣжи́мъ высоко-глаго́ланія, и мытарéвѣ научи́мся высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».

OUVRE-NOUS LES PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
L
e premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du carême qui vient.
Le premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines : « Ouvre-moi les portes de la pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes mauvaises actions… ». Ces stichères nous emplissent de componction et bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme. Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur brisé, avec le prophète David : « Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde Divine.
Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de Carême, jusqu’au cinquième.
Le deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette réflexion :
« Frères, ne prions pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié. Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du Lucernaire).
« Le Pharisien vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler, fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[2],  la parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a subi la mort honteuse sur la Croix.
C’est un exemple vivant que nous donne la parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche :
« Seigneur Tout-Puissant, je sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le Pharisien ».
Ainsi, l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le Christ Lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII, 14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Père Petronios (+2011) du Mont Athos

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Matth. XXVIII, 16-20 ; Liturgie : I Cor. VI, 12-20 ; Lc. XV, 11-32




[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
[2] Le Synaxaire est l’explication de l’événement commémoré ou la vie du saint du jour, placée après l’ikos dans le canon des Matines. Bien que faisant partie de l’office liturgique, il n’est pas lu à l’église.

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