"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 14 juillet 2013

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX




N°417/2013 – disponible sur le site internet du diocèse : www.diocesedegeneve.net

1/14 juillet
3ème dimanche après la Pentecôte
Fête de tous les Saints de la Terre Russe

Saints Côme et Damien, médecins, anargyres, martyrs à Rome (284) ; saint Pierre, ascète à Constantinople (854) 

Lectures : Hébr. XI, 33 – XII, 2 ; Matth. IV, 25 – V, 12


LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS GLORIFIÉS EN TERRE RUSSE
L
e rétablissement de la fête de tous les Saints glorifiés en Russie coïncide historiquement avec celui du patriarcat dans l’Église Russe. Durant la période préconciliaire, le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Russe n’avait pas l’intention de remettre en vigueur la célébration de la synaxe des Saints russes, qui était apparue au XVIème siècle. En 1908, un paysan de la province de Vladimir, Nicolas Gazoukine, demanda au Saint-Synode d’établir une fête annuelle « de tous les saints de Russie » et « d’honorer ce jour avec un office particulier ». Cette requête fut déclinée, le Saint-Synode considérant que la mémoire des Saints russes était déjà commémorée dans le cadre de la fête de tous les saints. Néanmoins, le Concile local de l’Église Russe, en 1917-1918 rétablit cette fête, et ce grâce aux efforts conjugués du professeur de l’université de Petrograd Boris Touraïev et du hiéromoine Athanase (Sakharov), futur confesseur de la foi, canonisé maintenant officiellement. Le premier présenta un rapport le 15 mars 1918 au Concile, dans lequel il mentionnait, entre autres, « qu’à notre triste époque, lorsque la Russie une est déchirée, lorsque notre génération pécheresse voit piétiner les fruits des labeurs des saints qui ont vécu dans l’ascèse dans les grottes de Kiev, à Moscou, dans la Thébaïde du Nord, et  dans l’ouest de la Russie pour créer une seule Église Orthodoxe Russe, il serait opportun de rétablir cette fête oubliée… » Ledit rapport fut examiné par le concile et, enfin, le 26 août, le jour de la fête onomastique du saint patriarche Tykhon, fut prise la décision de rétablir la fête de tous les saints russes, sa date étant fixée au premier dimanche du carême des saints Apôtres. Le Concile décida d’imprimer l’ancien office composé par le moine Grégoire, avec des corrections. Cependant, le professeur Touraïev et le hiéromoine Athanase arrivèrent vite à la conclusion que l’on ne pouvait qu’emprunter une toute petite partie dudit office, et qu’il était indispensable de refaire tout le reste. Encore incomplet, l’office fut présenté  le 8 septembre 1918, à l’avant-dernière cession de la commission liturgique du Concile, qui l’approuva et le soumit au Patriarche et au Saint-Synode qui, après la fin du Concile, donnèrent leur bénédiction pour imprimer le nouvel office, sous la direction du métropolite Serge (Stragorodsky). L’impression fut achevée à Moscou la fin de 1918, dans de grandes difficultés. Malheureusement, en raison des événements de 1917, la fête rétablie par le Concile a failli tomber dans l’oubli comme cela avait été le cas dans le passé. En outre, le professeur Touraïev décéda en 1920. En automne 1922, le saint hiérarque Athanase (Sakharov), lors de sa première arrestation dans la  cellule N°17de la prison de Vladimir, rencontra tout un groupe qui partageait ses idées quant à la fête qui avait été rétablie. Selon le témoignage de St Athanase, cette assemblée de détenus, « après nombre de discussions animées au sujet de la fête, de l’office, de l’icône, de l’église dédiée à cette fête, posa les fondements d’une nouvelle révision de l’office imprimé en 1918, avec des corrections et des compléments ». C’est ainsi que l’office connut nombre de changements : on déplaça certains hymnes, des nouveaux saints furent introduits, lesquels n’avaient pas été mentionnés dans la version de 1918. Enfin, dans  le même lieu, toujours en prison, le 10 novembre 1922, alors que l’on commémorait le trépas de St Dimitri de Rostov, auteur des célèbres vies de saints, fut célébrée, pour la première fois, la fête de tous les saints russes. Le 1er mars 1923, dans la cellule n°121 de la prison de Tagansk, St Athanase bénit le premier antimension en l’honneur de tous les Saints de Russie, destinée à sa chapelle privée. S. Athanase continua à travailler le texte de l’office de tous les saints de Russie jusqu’à son bienheureux trépas, en 1962.
Cette année, en raison de l’occurrence de la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste le deuxième dimanche après la Pentecôte, la fête des saints de Russie a été déplacée au présent dimanche.
Tropaire du dimanche du 2ème ton
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »

Tropaire des saints de la Terre russe, ton 8
Я́коже пло́дъ кра́сный Твоего́ спаси́тельнaго сѣ́янiя, земля́ Pоссій́ская прино́ситъ Tи́, Го́споди, вся́ святы́я, въ то́й просiя́вшыя. Тѣхъ моли́твами въ  ми́pѣ глубо́цѣ Це́рковь и страну́ на́шу  Богоро́дицею соблюди́, Многоми́лостиве.
Tel le fruit magnifique de Ta semence salvatrice, la terre de Russie T’offre Seigneur, tous les Saints qui y ont brillé. Par leurs prières, garde dans une paix profonde l’Eglise et notre pays, par les prières de la Mère de Dieu, Très miséricordieux.

Tropaire des saints Côme et Damien, ton 8
Святíи безсрéбреницы и чудотво́рцы Космо́ и Дамiа́не,  посѣтите нéмощи на́ша:  ту́не прiя́сте, ту́не дади́те на́мъ.
Saints anargyres et thaumaturges Côme et Damien, prenez soin de nos infirmités. Vous avez reçu gratuitement, donnez-nous gratuitement.
Kondakion des saints Côme et Damien, ton 2
Благода́ть прiи́мше исцѣлéнiй, простира́ете здра́вiе су́щимъ въ ну́ждахъ, вра́чеве, чудотво́рцы пресла́внiи, но ва́шимъ посѣ́щéнiемъ ра́тниковъ дéрзости низложи́те, мíръ исцѣля́юще чудесы́.
Ayant reçu la grâce des guérisons, ô médecins, à ceux qui en manquent conférez la santé, thaumaturges très glorieux, renversez aussi par votre visite l’audace des ennemis, vous qui guérissez le monde par vos miracles.
Kondakion des saints de la Terre russe, ton 3
Дне́сь ли́къ святы́хъ, въ земли́ на́шей Бо́гу угоди́вшихъ, предстои́тъ въ це́ркви и неви́димо за ны́ моли́тся Бо́гу ; а́нгели cъ ни́мъ славосло́вятъ, и вcи́ святіи́ Це́ркве Христо́вы ему́ спра́зднуютъ, o на́съ бо мо́лятъ вcи́ ку́пно Превѣ́чнаго Бо́гa.
En ce jour, le chœur des saints qui en notre terre plurent à Dieu, est présent à l’église et prie invisiblement pour nous ; les Anges l’accompagnent dans leurs louanges et tous les Saints de l’Église du Christ sont en fête avec Lui ; tous ensemble prient pour nous le Dieu d’avant les siècles.
Kondakion du dimanche, 2ème ton
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша: тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur tout-puissant, Tu es ressuscité du tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

Tandis que le diacre récite l’ecténie, le prêtre dit à voix basse la prière suivante de la Proscomédie : Seigneur, Dieu tout-puissant, Toi, le seul Saint, Toi qui reçois le sacrifice de louange de ceux qui T’invoquent de tout leur cœur, accepte aussi notre prière de pécheurs et fais-la parvenir à Ton saint autel ; rends-nous aptes à T’offrir des dons et des sacrifices spirituels pour nos propres péchés et pour les défaillances du peuple. Et rends-nous dignes de trouver grâce devant Toi, afin que notre sacrifice Te soit agréable et que Ton Esprit de grâce, Ton Esprit bon, vienne demeurer sur nous et sur ces dons que nous Te présentons, ainsi que sur tout Ton peuple.
À voix forte : Par les miséricordes de Ton Fils unique, avec Lequel Tu es béni, ainsi que Ton Esprit très saint, bon et vivifiant, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
Le chœur : Amen.
Péchés et ignorances
Par cette prière, qui est appelée « Prière de la Proscomédie [offrande] », le célébrant supplie le Seigneur de le rendre digne d’offrir les saints Dons pour ses propres péchés et pour les ignorances du peuple. Ce n’est naturellement pas un hasard si cette prière appelle le même fait – le péché – par deux noms : péché et ignorance. Les péchés du peuple sont appelés ignorances. Donc, la Liturgie est offerte à Dieu pour les péchés du prêtre et pour tout ce que le peuple a commis par ignorance. Nous sommes tous pécheurs. Mais tandis qu’il est possible que le peuple pèche par ignorance, celle-ci n’est point permise au prêtre. Même les plus insignifiants des péchés du prêtre sont grands « non de par leur nature même, mais ils sont aggravés par le caractère sacré du prêtre pécheur ». Comme Dieu le dit aux Israélites, lorsque le Grand-Prêtre pèche, cela est comme si tout le peuple péchait (Levit. IV, 1-3.) C’est pourquoi, dans ce cas, il est prescrit que le même sacrifice propitiatoire soit offert que dans le cas où « la communauté tout entière d’Israël pèche par ignorance » (Levit. III, 13). Ce qui ne signifie rien sinon que « les plaies spirituelles d’un prêtre exigent des remèdes plus forts que celles d’un autre homme, et qu’il faut autant pour sa guérison que pour celle de toute une nation » (St Jean Chrysostome).
Le célébrant, comme être humain, « lié par les désirs charnels » offre la sainte Anaphore pour lui-même et les ignorances du peuple » (Hébr. 9,7). Seul le Christ était sans péché, Lui qui nous a purifiés de tout péché. « Il a par Lui-même purifié  nos péchés »  (Hébr. I, 3). C’est précisément pourquoi le célébrant tombe aux pieds du Seigneur et Le supplie que le Saint-Esprit demeure dans le cœur des fidèles, afin que le Sacrifice soit acceptable devant Sa Face.
LES PROCHAINS FEUILLETS LITURGIQUES PARAÎTRONT, DIEU VOULANT, LE 28 AOÛT.

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