"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 19 novembre 2017

LA MONIALE MEGALOSCHEME MARIA: une ascète de la prière (5)


Cathédrale de la Mère de Dieu de Kazan

Les dons spirituels de la staritza
Selon les souvenirs de ses enfants spirituels, Mère Maria était une personne très modeste et très humble. C’était une ascète, et, comme tous les ascètes,elle mangeait peu, prenant habituellement seulement une cuillère à café de nourriture très simple. Elle était souvent malade, mais elle essayait de ne pas prendre de médicaments. Son principal remède était la Sainte Communion, l'eau bénite et les prosphores.

Mais elle n'appelait pas les autres à une telle vie ascétique, parce qu'elle avait le discernement spirituel et savait qui pouvait gérer combien. Ainsi, la servante de Dieu Alexandra envoya une lettre avec le conseil de Matouchka sur le jeûne. Voici un passage de la lettre:
"En ce qui concerne la nourriture, ne prends pas sur toi de faire plus que nécessaire, car il y a beaucoup de cas de grands problèmes après une ascèse faite par une guidance personnelle. Tiens-toi à la voie du milieu et tout ira bien; autrement, le rusé (l'Ennemi) s'approchera de toi, affaiblira ta dernière force corporelle restante, et tu ne pourras rien faire - ni la prière, ni le travail physique, et il sera ravi. Ainsi, ma chère, la renaissance intérieure est très importante: Ne désire rien de mal, et n'y pense même pas. »

Matouchka était douce et patiente. Natalia Ivanovna se rappelle comment Matouchka fut gravement malade. Natalia alla la voir. Elle vit sur sa table de chevet une lampe sans abat-jour. La lumière brillante frappait Matouchka dans les yeux. Natalia suffoca  sous l’émotion et commença à retirer l'ampoule, mais la préposée à la cellule s'énerva, se rappelant que Matouchka lui avait demandé humblement de retirer la lampe. Elle voulait l'enlever, mais elle avait été prise par les tâches ménagères et avait oublié. Et Matouchka, souffrant de maladie, ayant demandé une fois, était restée silencieuse et ne se plaignit jamais de la vive lumière qui frappait ses yeux. Elle supportait cela silencieusement.

Matouchka était stricte également. Dans un monastère, elle réprimanda soudainement un homme qui était tombé dans le désespoir et avait décidé de quitter le monde. Il n’avait révélé ces pensées qui le tourmentaient à personne et il fut stupéfait quand une moniale mégaloschème les dénonça. Matouchka le gronda, et, probablement pria, parce que les pensées démoniaques se retirèrent de lui. Son désespoir le quitta, et il répéta joyeusement à tous ceux qui l'entouraient, "Matouchka! Ah, Matouchka! "

Il y eut aussi cet exemple: Natalia Ivanovna était allée voir Matouchka avec une de ses sœurs. Elles marchaient dans le train et sa sœur avait une valise plutôt grande. Natalia suggéra de la mettre ensemble sur l'étagère du haut, pour ne pas déranger les gens dans le couloir. Mais sa soeur refusa:
"Laisse-la rester là où elle est. Ce n'est rien, ils peuvent la contourner! Je ne vais pas me déranger avec ce poids pour la convenance de quelqu'un d'autre! "

À l'arrêt suivant, plus de gens montèrent et le passage devint très à l'étroit, et sa valise dérangea les gens tout au long de la route.
Quand elles arrivèrent chez la staritza, elle accueillit chaleureusement Natalia, mais elle regarda sa compagne avec rigueur et mépris. Elle ne comprit pas: Pourquoi cette matouchka était-elle si mécontente d’elle?! Alors Mère Maria dit: «Pourquoi penses-tu seulement à toi? Pourquoi ne te soucies-tu pas des autres? C’est si orthodoxe! "

Une autre fois, après un service, la staritza se tourna brusquement vers le prêtre qui servait avec une question sur l'une des chantres des kliros. Le prêtre fut perplexe et répondit que, en fait, l'une des moniales chantait au kliros, mais elle était alors chez elle,  se préparant aux examens. Alors Mère Maria lui  demanda de l'emmener chez cette sœur. Ils montèrent dans la voiture et partirent. Ils arrivèrent chez la fille, et la staritza dit qu'elle voulait rester avec elle à sa datcha. Tout le monde était, bien sûr, incrédule, mais comme ils connaissaient déjà Mère Maria depuis longtemps, ils ne demandèrent rien, mais écoutèrent seulement.

Ils arrivèrent à la datcha, et Matouchka leur dit: «Vous restez tous dans la voiture pendant que je vais me promener et jeter un coup d'œil. »
En sortant de la voiture, elle alla dans la cour du voisin et se mit à marcher dans le jardin de quelqu'un d'autre, allant ça et là. Tout le monde assis dans la voiture était silencieux. Ils attendaient de voir ce qui allait se passer. Soudain la porte de la maison du voisin s'est ouverte et un homme est sorti. Un peu débraillé, plusieurs boutons de sa chemise étaient déboutonnés…  Il alla vers Matouchka et commença à lui demander quelque chose, d'abord avec colère, mais ensuite il se calma. Puis ils marchaient déjà ensemble entre les carrés plantés et parlaient sans se presser, en souriant même.

Après un peu de temps Matouchka  mit fin à la conversation. L'homme l'accompagna et lui demanda sa bénédiction. Mère Maria monta dans la voiture et, n’expliquant rien, dit: «Maintenant, nous retournons à l'église. »

Personne n'osa demander quoi que ce soit à la staritza. Les jours passèrent. Petit à petit, nous commençâmes à oublier l'histoire. Juste un mois plus tard, le prêtre reconnut un homme en habits élégants comme le voisin échevelé de la datcha. Il était venu pour la confession:
"Je veux confesser un péché, Batiouchka! Rappelez-vous quand vous êtes venus en voiture au jardin chez moi, avec cette merveilleuse matouchka? Je traversais alors des moments très difficiles; Je connaissais un découragement sévère. J'avais décidé de me suicider, de me pendre. J'avais déjà grimpé au grenier et fait un nœud coulant, et j'étais sur le point de le mettre autour de mon cou, quand j'entendis du bruit sur ma propriété. Une étrangère s’y promenait. «Peu importe», pensais-je. « J'aurai tout  le temps de me pendre. Pour l'instant, je vais voir qui se promène et je me pendrai ensuite. »

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Je suis sorti et Matouchka était là et j'ai commencé à lui parler. Après notre conversation, tout était bien dans mon âme! Tout mon chagrin était parti! Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, et mes glaïeuls préférés fleurissaient! C'était superbe! Comment aurais-je pu me décider à me pendre? comment mon esprit a-t-il pu être si embrumé ?! Je suis allé descendre la corde. Et je suis toujours en vie. Et ma situation a progressivement changé pour le mieux. Je suis venu me repentir d'avoir essayé de me tuer. Absolvez ce péché, Batiouchka! Peut-être une sorte de pénitence... "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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