"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 septembre 2017

L'ANARCHISTE AVEC UNE CRETE VERTE Histoire de la guérison d'une âme sur la Sainte Montagne (1/2)


Cela s'est passé au monastère de Vatopaidi, alors que le staretz Joseph «le Jeune» y vivait encore. C'était fin novembre. Je remplissais alors l'obédience d'hôtelier. À l'époque, il y avait des conflits à l'Université polytechnique d'Athènes entre les étudiants et la police. Certains étudiants anarchistes voulurent se cacher des autorités et ils se déplacèrent vers le Mont Athos. L'un d'eux, anarchiste qui arborait une crête verte, avait un oncle qui était moine au monastère d'Esphigmenou. Ce jeune homme suggéra que tout le monde s'y rende pendant un certain temps.

Naturellement, ils n'avaient aucune permission pour visiter l'Athos. [1] Ils n'avaient même aucune idée de la façon dont ils y arriveraient. Ils essayèrent de voyager sur un navire mais ils furent expulsés. Ensuite, ils décidèrent d'y aller à pied.

Finalement, ils atteignirent Esphigmenou. Il faut dire que c'est un monastère très strict, et donc, lorsqu'ils virent ce groupe de jeunes avec des tempes rasés et des boucles d'oreilles dans leurs oreilles percées, ils les expulsèrent. Tenant à peine debout à cause de la fatigue, le soir, ils arrivèrent à Vatopaidi. Le portier s'était déjà préparé à fermer les portes du monastère quand il vit ces enfants. Naturellement, il fut aussi effrayé par leur apparence sauvage: vous ne verrez pas trop de gens de ce type sur le Mont Athos. Il fut obligé de parler d'eux à l'higoumène.

"Père, que dois-je faire avec eux? Dois-je les renvoyer? Mais où iront-ils? Où iront-ils passer la nuit? Après tout, tous les monastères se ferment à présent pour la nuit!

Le Père a répondu: «La Mère de Dieu nous les a amenés. Mettez-les seulement dans une seule pièce, et ne laissez pas les autres pèlerins les voir. Et surveillez-les.

J'étais l'hôtelier et je veillai à ce qu'ils soient installés dans leur chambre. Pour moi, ils semblaient effrayés, surpris par la situation qui les entourait, et épuisés de leurs nombreuses heures de marche. Lorsque les étudiants se furent un peu reposés, ils furent emmenés au réfectoire pour reprendre quelque force. Les moines parlèrent avec eux pendant un court moment et ils dirent qu'ils devaient partir le lendemain, car le monastère ne recevait les pèlerins que pour une nuit. L'higoumène a dit aux jeunes hommes que Dieu est amour, et que peu importe ce qu'ils avaient fait dans leur vie, ils pouvaient encore se repentir.

Le lendemain, celui avec la crête verte m'a dit: "Père, j'aimerais rester ici un autre jour. C'est possible?"

Les autres ne voulaient pas rester. J'ai demandé à l'higoumène une bénédiction et il a permis au jeune homme de rester un autre jour, mais il était censé mettre un chapeau afin que les pères et les pèlerins ne soient pas scandalisés par son apparence.

Pierre, cet étudiant aux yeux verts se nommait ainsi, est resté deux jours, puis un troisième. Un jour pendant les services du soir, j'ai entendu pleurer fort dans le narthex de l'église, même pas pleurer mais une lamentation. Je suis allé découvrir ce qui se passait et j'ai vu Pierre dans le narthex, pleurant à genoux.

Je me suis approché de lui et j'ai demandé ce qui s'était passé. Je pensais que quelqu'un l'avait blessé.

"Non, rien ne s'est passé," a-t-il répondu. "Père, je veux parler avec toi". 

Après la fin des Vêpres, nous avons quitté l'église.

"Père, le salut est-il possible aussi pour moi?"

"Pierre, il est possible que tous soient sauvés. Le larron sur la croix s'est repenti et le Christ l'a sauvé.

Alors Pierre s'est ouvert à moi. Il m'a dit que sa famille s'était séparée; Son père battait sa mère, et c'était vraiment pénible pour Pierre de voir cela. À l'âge de douze ans, il quittas son domicile, vécut dans les rues du quartier de l'Exarchia, fut embrigadé par les anarchistes, commença à prendre de la drogue et tomba dans toutes sortes d'autres péchés graves. Sa vie n'était qu'un long stress.

En dépit de tout cela, l'âme du jeune homme était belle.

Frères, je vous dis cela afin que nous ne nous détournions pas du pire pécheur! Parce que le Seigneur "rassemble" vers Lui ceux dont nous nous détournons. Nous faisons une grande erreur lorsque nous nous nous considérons comme meilleurs qu'eux. Le staretz Païssios a déclaré que, au Jugement Dernier, nous serons tous très surpris, parce que ceux que nous prévoyons voir dans le paradis n'y seront pas trouvés, et ceux dont nous n'avions aucune idée de voir là-bas, nous les verrons dans le Royaume des cieux. Que cela ne nous arrive pas! Nous souhaitons que tous soient sauvés et espérons que grâce à l'amour du Christ, nous serons sauvés.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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NOTE:
[1] Les visiteurs du Mont Athos doit d'abord recevoir l'autorisation officielle de l'administration monastique de la Sainte Montagne avant leur arrivée.

1 commentaire:

Laurence Guillon a dit…

Belle histoire qui me touche beaucoup