"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 30 juin 2017

Père Paisie: Des corps sans tête...



Un jour, en célébrant la sainte Liturgie, un prêtre eut une vision. L'église était pleine de gens. Il vit une foule d'hommes sans tête et dans un autre endroit des têtes sans corps. Comme il ne comprenait pas cette vision, un ange de Dieu lui expliqua son sens.

L'ange lui a dit que ces personnes sans tête qu'il avait vues étaient les croyants qui étaient venus à l'église avec leurs corps, mais leur esprit ne prêtaient pas attention à la sainte Liturgie, errant loin avec leurs pensées, atteignant l'autre côté de la terre avec elles et revenant ensuite. Et ces têtes sans corps étaient les chrétiens qui ne pouvaient pas venir à l'église pour de bonnes raisons, étant malades ou s'occupant de malades... mais leur esprit est concentré sur la prière, et ils participaient à la sainte Liturgie avec leur esprit. Ceux-ci étaient effectivement présents dans l'église.

De la même manière, un chrétien avait prié Dieu depuis des années, mais il lisait les prières comme s'il s'agissait de poèmes, il faisait tout formellement, sans vivre toutes les prières qu'il avait prononcées. Un jour, quand il fut confronté à une dure épreuve, il cria vers Dieu en disant au fond de son cœur:

"Dieu ne me quitte pas!" 

Et Dieu ne tarda pas à répondre à son appel et dit doucement: "Me voici, mon enfant."

"Dieu, mais je Te prie depuis si longtemps et Tu m'as entendu maintenant seulement? '' 

"Oh mon fils, tu as prié pendant sept ans, mais je t'ai entendu  maintenant seulement, parce qu'à présent tu M'as vraiment appelé. Comment pourrais-je t'avoir entendu auparavant lorsque toi-même tu ne t'écoutais pas?

Et c'est comme ça, frères, parce que Dieu veut que nous Le prions avec ferveur de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toute notre âme, et non seulement que nous le prions de nos lèvres sans du tout vivre ces prières. Un millier de prières n'a pas autant de valeur qu'un profond soupir venant du fond de nos cœurs, et qu'une pensée pure tournée vers Dieu, même si elle est une pensée de repentance.

Alors, appelons Dieu comme un nourrisson qui a perdu sa mère, et qui pleure et qui crie sans arrêt avec toute la force de son cœur: "Mère, où es-tu? Aide-moi!"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Librairie de la Transfiguration

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la mise en ligne de trois nouveaux ouvrages.

La Mont Athos et Valaam. Pèlerinages d'un écrivain russe.



 

Traités démonstratifs sur la procession du Saint-Esprit. Grégoire Palamas


 
 
Corps - Âme -Esprit par un orthodoxe
Père Placide DESSEILLE
 
 
 

 
Monastère de la Transfiguration.
24120 Terrasson- Lavilledieu

mercredi 28 juin 2017

Archiprêtre Nicolas Yakouchine: UN VIEIL HOMME EN BLANC/ Saint Séraphim de Sarov et la Liturgie annuelle du 26 avril à Tchernobyl.



L'événement suivant s'est produit en 2001 et m'a profondément secoué. J'ai vu beaucoup de choses au cours de ma vie, mais cette histoire était importante et différente de toute autre chose. Cela m'a aidé à comprendre la place de l'accident nucléaire de Tchernobyl dans l'histoire de l'Église et dans la vie de l'univers dans son ensemble.

Les pêcheurs qui se trouvaient dans leurs bateaux sur la rivière Pripyat la nuit du 26 avril 1986 ont vu une brillante explosion de lumière au-dessus de l'église du Prophète Saint-Élie, suivie d'une autre explosion au dessus de la centrale nucléaire. Ce fut le signe décrit dans le livre de l'Apocalypse comme «une grande étoile, qui brûle comme une torche» [Apocalypse 8: 10-11]. Il y a une interconnexion spirituelle profonde entre cette explosion, l'histoire de l'Église et l'histoire du monde en général.

Eglise de Saint-Elie


Quand je suis venu officier dans le temple de Saint-Élie après la tragédie, le bâtiment et les terrains nécessitaient une restauration approfondie. Nous avons travaillé dur pour reconstruire l'église, et j'ai célébré des Liturgies régulières, même s'il y avait très peu de paroissiens.

Le 26 avril, ma première fois à cette église lors de l'anniversaire de la tragédie, j'ai prié et je me suis couché. Il y avait des gens veillant en ville et se souvenaient des victimes par des rituels séculiers: concerts, vodka... Je me suis endormi.

Ma fenêtre donne sur une falaise au-dessus de la rivière Pripyat. Je me souviens soudain de mettre réveillé la nuit et d'avoir regardé par la fenêtre. J'ai vu un vieil homme en robe blanche avec une barbe blanche et un bâton en main, marchant vers ma maison. J'ai reconnu le Vénérable Séraphim de Sarov, son visage, sa démarche et son aspect exactement tel que représenté dans les icônes. Saint Séraphim s'approcha de ma maison, s'arrêta devant ma fenêtre et me regarda de près. Il frappa le sol trois fois avec son bâton, puis se tourna vers la rivière et sortit par les portes de l'église vers la centrale électrique.

Ensuite, je me souviens de m'être retrouvé à nouveau au lit. J'ai allumé les lumières et j'ai vu que c'était 1h30: le moment précis où la catastrophe nucléaire a frappé. Effectivement! Le Seigneur avait envoyé saint Séraphim pour me réveiller et m'appeler à la prière et à veiller cette nuit-là.

J'ai immédiatement eu une idée: la catastrophe nucléaire était un des événements de l'histoire humaine, décrite dans le livre de l'Apocalypse: "Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères..."
L'absinthe est une plante largement répandue dans cette région, également appelée Chernobylnik, d'où le nom de la ville.

Il existe également un lien direct avec l'apparition de la Mère de Dieu Theotokos très pure au-dessus de Tchernobyl dix ans avant la tragédie. Cette terre devait être un lieu où les Saintes Écritures ont abouti, où la parole du Seigneur a divisé l'histoire humaine en "avant" et "après" la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

J'ai toujours essayé de comprendre pourquoi le Seigneur avait choisi saint Séraphim pour révéler le sens spirituel de la tragédie. J'ai écrit une lettre au patriarche Alexis II, et nous avons correspondu pendant deux ans. En conséquence, notre église a reçu officiellement une partie des saintes reliques de saint Séraphim, que j'ai apportée personnellement de Diveyevo.

Saint Séraphim était un moine dévot, mais aussi un participant actif dans tous les événements importants de son époque. Il a commencé son voyage spirituel à Kiev, où il a vénéré les sites sacrés et les saints du monastère de Pechersk. Il voulait rejoindre les frères d'un monastère et recevoir une bénédiction pour aller à Sarov. Il a toujours été impliqué dans les affaires de sa patrie.



Depuis l'apparition de saint Séraphim à l'occasion de l'anniversaire de la tragédie, nous avons organisé des vigiles nocturnes et la sainte Liturgie dans la nuit du 26 avril à Tchernobyl. De nombreux archevêques, évêques et membres du clergé se sont joints à nous au fil des ans pour se souvenir des victimes, parmi lesquelles Pavel, le métropolite de Tchernobyl et le vicaire de la Laure de  Kiev-Pechersk, qui m'a ordonné à la prêtrise. Je crois que le Seigneur l'a délibérément fait le premier chef d'église en visite à Tchernobyl. De nombreux pèlerins sont également attirés par Chernobyl ce jour-là. Nous allons habituellement au cimetière pour célébrer un service funèbre pour les pompiers qui ont été les premiers à faire face au réacteur nucléaire en feu. Ainsi, par l'intermédiaire de saint Séraphim, le Seigneur nous a bénis pour rester éveillés et prier pendant l'heure où notre planète a subi une explosion nucléaire. En 2016, cette tradition [eut] 30 ans.

Il est peu probable que nous puissions toujours saisir la plénitude et l'importance des signes et événements entourant l'histoire de la tragédie nucléaire à Tchernobyl. Pourtant, il existe clairement un lien spirituel direct entre tous. Le Seigneur révèle tout ce qui est nécessaire dans son temps. Nous devons rester patients et inébranlables dans notre prière, car nous attendons de recevoir Son enseignement.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



mardi 27 juin 2017

+ Ephrem Métropolite de Tripoli, al-Koura et de leurs dépendances: Le Père spirituel



Le baptême ne change pas une personne mécaniquement et doit donc être activé dans notre vie par la repentance et la confession. Saint Syméon, le nouveau théologien, dit: «Si une personne n'est pas baptisée dans ses larmes (c'est-à-dire dans la repentance), elle n'a été lavée que dans l'eau». Tout comme la participation à la communion entraîne parfois la condamnation et la mort, de même si le baptême n'est pas accompagné de bonnes œuvres, c'est un arbre desséché. L'apôtre Paul dit: "Quiconque mange ce pain ou boit cette coupe du Seigneur de manière indigne (par exemple, sans préparation) sera coupable du Corps et du Sang du Seigneur" (voir le passage entier, 1 Corinthiens 11: 23-30). Ce passage est lu le Jeudi Saint. Néanmoins, si quelqu'un vient vous vivifier une fois de plus dans l'Esprit, vous devenez une nouvelle création.

L'activité spirituelle n'est pas seulement en fonction de notre position. Un prêtre ne devient pas Père spirituel en vertu de sa position. Si l'évêque remarque un don spirituel qui est venu habiter chez lui, il le déclare père spirituel. Il y a une prière spéciale pour cela dans l'Euchologion. 

Ensuite, il est rendu digne de donner des conseils spirituels. Puis il comprend profondément (par l'Esprit de compréhension) la Parole du Seigneur et il sait comment affronter les péchés, les soigner et les guérir. Le Père spirituel est celui qui engendre le Christ dans ses enfants. Par conséquent, dans l'Église orthodoxe, nous avons des moines et des religieuses qui ne sont pas prêtres, mais qui excercent une paternité et une guidante spirituelle. L'exemple le plus marquant de cela aujourd'hui est le Père Païssios, l'Athonite dont la sainteté a récemment été déclarée: il n'était pas prêtre et n'avait pas d'éducation formelle.

Rappelons ce que l'apôtre Paul a dit aux Corinthiens: "Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris ces choses; mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. Car, quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus Christ par l'Évangile. Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. "(1 Corinthiens 4: 14-16).

Bien sûr, les sacrements et la Parole de l'Évangile restent la source de la sainteté. Néanmoins, le Saint-Esprit octroie des dons libres, en dehors des sacrements, tout en restant dans la communion de l'Église, en utilisant des canaux ou sans canaux. L'important est que le Saint-Esprit soit présent et que nous croyons qu'Il est actif, et actif librement.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
article original en arabe 

lundi 26 juin 2017

Métropolite Philarète (ERHF) de bienheureuse mémoire: Les hétérodoxes seront-ils sauvés?

Métropolite Philarète*

Question: Si la foi orthodoxe est la seule vraie foi, les chrétiens d'autres confessions peuvent-ils être sauvés? Une personne qui a mené une vie parfaitement juste sur la terre peut-elle être sauvée par la force de son ascendance, tout en n'étant pas baptisée comme chrétienne?

Réponse: "Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde." (Romains 9:15-16)

Dans l'Église orthodoxe, nous avons le chemin du salut qui nous est indiqué et on nous donne les moyens par lesquels une personne peut être moralement purifiée et avoir une promesse directe de salut. En ce sens, saint Cyprien de Carthage dit que "en dehors de l'Église, il n'y a point de salut."

Dans l'Église est donné ce que l'apôtre Pierre écrit aux chrétiens (et seulement aux chrétiens): «Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise, à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.(2 Pierre 1: 3-8).
  
Et que dirait-on de ceux qui se trouvaient en dehors de l'Église qui ne lui appartiennent pas? Un autre apôtre nous donne une idée: "Qu'ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger? Pour ceux du dehors, Dieu les juge." (1 Corinthiens 5: 12-13) .

Dieu "fait miséricorde à qui il veut..." (Romains 9:18).

Il est nécessaire de mentionner une seule chose: "mener une vie parfaitement juste", comme l'a dit l'interlocuteur, signifie vivre selon les commandements des Béatitudes - ce qui est hors de portée de quelqu'un en dehors de l'Église orthodoxe, sans l'aide de la Grâce cachée en son sein.

La question "les hétérodoxes (c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent pas à l'Église orthodoxe - l'Église unique, sainte, catholique et apostolique) peuvent-ils être sauvés, est devenue particulièrement pénible et aigüe dans nos jours."

En essayant de répondre à cette question, il faut tout d'abord rappeler que, dans son Evangile, le Seigneur Jésus-Christ lui-même mentionne un seul état de l'âme humaine qui conduit sans relâche à la perdition, à savoir le blasphème contre l'Esprit Saint (Matthieu 12 : 1-32). Le Saint-Esprit est avant tout l'Esprit de vérité, comme le Sauveur aimait s'y référer. En conséquence, le blasphème contre le Saint-Esprit est un blasphème contre la Vérité, une opposition consciente et persistante à elle. Le même texte précise que même le blasphème contre le Fils de l'Homme, c'est-à-dire contre le Seigneur Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu lui-même, peut être pardonné aux hommes, car il peut être prononcé par erreur ou dans l'ignorance et, par la suite, peut être couvert par la conversion et la repentance (un exemple de blasphémateur converti et repentant est l'apôtre Paul Voyez Actes 26:11 et 1 Timothée 1:13.) Si, cependant, un homme s'oppose à la Vérité qu'il appréhende clairement par sa raison et sa conscience, il devient aveugle et commet un suicide spirituel, car il se compare ainsi au Diable, qui croit en Dieu et Le craint, Le hait, blasphème et s'oppose à Lui.

Ainsi, le refus de l'homme d'accepter la Vérité Divine et son opposition en font un fils de damnation. En conséquence, en envoyant ses disciples pour prêcher, le Seigneur leur a dit: "Celui qui croit et est baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera damné" (Mc 16,16), car celui-ci a entendu la Vérité du Seigneur et A été appelé à l'accepter, mais a refusé, héritant ainsi de la damnation de ceux qui "ne croyaient pas la vérité, mais avaient du plaisir dans l'injustice" (II Th. 2:12).

La sainte Église orthodoxe est dépositaire de la Vérité divinement révélée dans toute sa plénitude et sa fidélité à la Tradition apostolique. Par conséquent, celui qui quitte l'Église, qui s'en détache intentionnellement et consciemment, se joint aux rangs de ses adversaires et devient un renégat en ce qui concerne la Tradition apostolique. L'Église a anathématisé ces renégats, conformément aux paroles du Sauveur lui-même (Matthieu 18:17) et de l'apôtre Paul (Galates 1: 8-9), les menaçant de la condamnation et les appelant à revenir au bercail orthodoxe. Il est évident, cependant, que les chrétiens sincères qui sont catholiques romains, ou luthériens, ou des membres d'autres confessions non orthodoxes, ne peuvent être qualifiés de renégats ou d'hérétiques, c'est-à-dire comme ceux qui sciemment pervertissent la vérité... ** Ils sont nés et élevés et vivent selon la croyance qu'ils ont héritée, tout comme la plupart d'entre vous qui êtes orthodoxes; Dans leur vie, il n'y a pas eu un moment de renoncement personnel et conscient de l'Orthodoxie. Le Seigneur, «Qui veut que tous les hommes soient sauvés» (I Timothée 2: 4) et «Qui éclaire tout homme qui vient au monde» (Jean 1.43), les conduit, sans aucun doute à sa manière, vers le salut.

En ce qui concerne la question ci-dessus, il est particulièrement instructif de rappeler la réponse donnée à un interlocuteur par le Bienheureux Théophane le Reclus. Le bienheureux a répondu plus ou moins ainsi:


"Vous demandez, les hétérodoxes seront-ils sauvés?... Pourquoi vous inquiétez-vous pour eux?
Ils ont un Sauveur qui désire le salut de tout être humain.
Il prend soin d'eux. 
Vous et moi ne devrions pas être chargés d'une telle
préoccupation. 
Examinez-vous vous-mêmes, et vos propres péchés...

Je vous dirai une chose, cependant: si vous qui êtes orthodoxe et
possédez la Vérité dans sa plénitude, 
trahissez l'Orthodoxie,
et que vous allez vers une foi différente, 
vous perdrez à jamais votre âme. "

Nous croyons que la réponse précédente du saint ascète est la meilleure qui puisse être donnée dans ce contexte.

Archimandrite (futur métropolite) Philarète.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


NOTE
* Plusieurs années après sa mort, à l'ouverture de son tombeau au Monastère de Holy Trinity (New York, USA), son corps fut découvert sans aucune trace de corruption. 

** Le mot grec pour "hérésie" dérive du mot grec «choix» et, par conséquent, implique implicitement un rejet conscient, délibéré ou une opposition à la Vérité divine manifestée dans l'Église orthodoxe.
 


dimanche 25 juin 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

12/25 juin
3ème dimanche après la Pentecôte

Saint Onuphre le Grand, anachorète en Égypte (vers 400) ; saint Pierre du Mont-Athos, ascète (début du IXème s.) ; saint Arsène de Konev (1447) ; saint Onuphre de Pskov (1492) ; saints Bassien et Jonas de Solovski (1561) ; saint Onuphre et Auxence de Vologda (XV-XVIème s.) .

Lectures : Rom. V, 1–10. Мatth,  VI, 22–33.



SAINT ONUPHRE L’ÉGYPTIEN [1]

V
ers la fin du IVe siècle, saint Paphnuce, qui vivait dans un monastère en Égypte, reçut l’inspiration de s’enfoncer dans le désert profond, afin d’y trouver des hommes de Dieu et de recevoir leur bénédiction. Après quatre jours de marche, ses provisions étant épuisées, il tomba d’inanition. Mais un ange vint le réconforter et le conduisit pendant quatorze jours, sans prendre de nourriture, jusqu’à un homme à l’apparence redoutable. Il était nu et couvert de poil, comme un animal, ne portant autour des reins qu’un pagne fait de branches d’arbres. Il avait l’apparence d’un cadavre, tant sa chair était exténuée par l’ascèse, et ses cheveux, blancs comme la neige, tombaient jusqu’à terre. Il interpella par son nom Paphnuce qui s’était caché, et ayant échangé un saint baiser, il lui raconta l’histoire de sa vie. Il lui relata qu’il était fils du roi de Perse et qu’après sa naissance, obtenue après de longues années de prières, son père avait reçu la révélation de le baptiser sous le nom d’Onuphre et de le conduire aussitôt après dans un monastère d’Égypte, pour le consacrer au service de Dieu. En chemin, une biche l’allaitait, et elle continua de le nourrir de son lait au monastère, jusqu’à l’âge de trois ans. Dans cette communauté exemplaire, l’enfant grandit dans la crainte de Dieu et l’amour de tous ses commandements. Comme il entendait sans cesse vanter les anachorètes, émules du prophète Élie et de saint Jean-Baptiste, qui vivent dans le désert pour Dieu seul, tendus tout entiers vers les biens à venir, et sans aucune consolation humaine, il fut saisi d’un désir insatiable de les imiter. Il quitta finalement de nuit le monastère, et sur la route, son Ange Gardien lui apparut, au sein d’une lumière resplendissante, et lui promit de l’assister jusqu’à la fin de ses jours. Il le guida jusqu’à une grotte où vivait un vieil anachorète d’origine juive, Hermias, qui l’instruisit pendant quelques jours sur le mode de vie des ermites, puis le conduisit jusqu’au lieu de son combat, près d’un palmier et d’une source claire. Par la suite, il lui rendait visite une fois par an, jusqu’à son bienheureux repos. Saint Onuphre mena en ce lieu, pendant soixante-dix ans, un combat sans répit contre la nature, la faiblesse de la chair et les démons. Il endurait la chaleur torride, le froid de la nuit et de l’hiver, la faim, les maladies, pour obtenir les biens promis par Dieua à ceux qui l’aiment ; mais l’assistance divine ne lui fit jamais défaut, chaque fois que cela lui était nécessaire. Quand ses vêtements furent tombés en lambeaux, le Seigneur lui fit pousser sur tout le corps un poil abondant qui le protégeait des rigueurs du climat, et chaque jour un ange venait lui apporter un pain en nourriture. À la question de Paphnuce sur la sainte Communion, le vieillard répondit que chaque dimanche un ange de Dieu venait apporter à tous les anachorètes la sainte Communion qui les remplissait de consolation spirituelle et d’énergie pour poursuivre leurs combats. « Ayant abandonné tout souci de ce monde pour se confier en Dieu seul, nous ne sentons, lui dit-il, ni faim, ni soif, ni autre affliction. Et lorsque l’un d’entre nous désire avec nostalgie revoir les hommes, les anges le transportent en vision au Paradis, où il se voit si pénétré de lumière divine, qu’il en oublie tous ses labeurs et ses peines, et c’est avec une ardeur accrue qu’il reprend son ascèse. » Onuphre conduisit ensuite son hôte jusqu’à sa hutte, où ils continuèrent leur entretien jusqu’au soir. Paphnuce vit alors dans la cellule un pain que Dieu avait envoyé pour eux, et après s’être rassasiés, ils passèrent toute la nuit en prière. Au matin, Onuphre révéla à son hôte que Dieu l’avait envoyé pour se charger de sa sépulture, car le temps était venu pour lui de gagner sa patrie céleste. Et il donna à Paphnuce l’ordre de retourner vers les hommes pour leur enseigner le mode de vie des ermites, afin qu’ils puissent les imiter, chacun selon ses forces. Après avoir prié, il s’étendit à terre, son visage resplendit d’une lumière qui n’était pas de ce monde et un parfum remplit l’endroit. Puis des coups de tonnerre retentirent et le ciel s’ouvrit pour faire place à l’armée angélique tout entière qui venait recevoir son âme. Au milieu de ce concert de fête, la voix du Christ se fit entendre, invitant l’âme de son serviteur à gagner la béatitude. Comme Paphnuce versait des larmes abondantes sur le corps du saint ascète, en se demandant comment ouvrir une tombe dans le sol desséché, deux lions apparurent et creusèrent pour lui une fosse, dans laquelle il déposa le corps. Sur le chemin du retour, il rencontra quatre vieillards qui demeuraient dans une grotte depuis soixante ans, et plus loin, dans un endroit paradisiaque, quatre autres jeunes ascètes. Nobles d’Oxyrynque (à 200 km au sud du Caire), ils avaient renoncé aux études profanes pour apprendre, dans la solitude, la vraie sagesse.  Ils vivaient séparés pendant cinq jours, et se retrouvaient le dimanche, pour recevoir la communion d’un ange. Malgré son désir de rester avec eux, Paphnuce dut reprendre sa marche, et finalement il parvint en Égypte, où il témoigna qu’en vérité des hommes de chair peuvent mener en ce monde une vie semblable à celle des anges. Il passa le reste de ses jours de manière agréable à Dieu, et s’endormit en paix pour rejoindre le séjour des justes.



Tropaire du dimanche, 2ème ton
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire des saints Onuphre et Pierre, ton 4
Бо́же оте́цъ на́шихъ, творя́й при́сно съ на́ми по Твое́й кро́тости, не отста́ви ми́лость Твою́ отъ на́съ, но моли́твами и́хъ въ ми́рѣ упра́ви живо́тъ на́шъ.

Dieu de nos Pères, dont la clémence agit toujours envers nous, n'éloigne pas de nous Ta miséricorde, mais par leurs supplications gouverne notre vie dans la paix.
Kondakion de St Pierre l'Athonite, ton 2
Удали́въ себе́ человѣ́ческаго сожи́тельства, въ пеще́рахъ ка́менныхъ и разсѣ́линахъ пожи́лъ еси́, жела́ніемъ боже́ственнымъ и любо́вію, Пе́тре, Го́спода твоего́, отъ Него́же вѣне́цъ прія́лъ еси́. Моли́ непреста́нно спасти́ся на́мъ.
T'étant éloigné de la cohabitation des  hommes, tu as vécu dans les grottes et les cavités rocheuses, mû par un désir divin et l'amour de Ton Seigneur, ô Pierre, et tu reçus de Lui la couronne. Prie sans cesse pour que nous soyons sauvés.

Кондак преподобнoго Онуфрия, гл. 3
Сія́ніемъ Ду́ха Пресвята́го, богому́дре, просвѣ́щся, оста́вилъ еси́ я́же въ житіи́ молвы́, пусты́ню же дости́гъ, преподо́бне о́тче, возвесели́лъ еси́ и́же надъ всѣ́ми Бо́га и Зижди́теля, сего́ ра́ди прославля́етъ тя́ Христо́съ, блаже́нне, вели́кій Дарода́тель.
Tu fus illuminé par l'éclat de l'Esprit très-saint ô sage en Dieu, tu quittas l'agitation de la vie, ô vénérable Père, et tu as réjouis le Dieu et Créateur qui est au-dessus de tous ; aussi le Christ, le grand Dispensateur des dons, t'a glorifié, ô bienheureux.

Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, идъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur Tout-Puissant, Tu es ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !

HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
« Nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu », l’apôtre nous découvre tous les biens. à venir. Il dit avec raison : « En laquelle nous sommes établis ». Car telle est la grâce de Dieu ;.elle n'a pas de fin, elle n’a pas de terme, mais elle croît toujours : ce qui n'est point le propre des choses humaines. Par exemple, quelqu'un est en possession d'une dignité, d'un honneur, d'un pouvoir; il ne les conserve pas toujours, mais il en déchoit promptement, car s'ils ne lui sont pas enlevés par un homme, du moins la mort l'en dépouillera complètement. Il n'en est pas ainsi du don de Dieu : ni l'homme, ni le temps, ni les événements, ni le démon même, ni la mort ne peuvent nous en priver; c'est quand nous mourons que nous sommes le plus assurés de les posséder, et nos jouissances ne font que s'accroître de plus en plus. Si donc vous n'avez pas de foi aux biens à venir, croyez-y du moins d'après les biens présents et d'après ce que vous avez déjà reçu. C'est ce qui fait dire à Paul : « Et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu », afin que vous sachiez dans quelle disposition doit être l'âme du fidèle. Car il faut être pleinement assuré,non seulement des biens accordés, mais encore des biens futurs, comme s'ils étaient déjà donnés. On se glorifie des biens qu'on a reçus; mais, nous dit-il, puisque l'espérance des biens à venir est aussi ferme, aussi certaine, que la possession même de ceux que l'on a reçus, il faut donc également s'en glorifier; et pour cela il leur donne le nom de gloire (…) « Mais outre cela, nous nous glorifions encore dans les tribulations». Songez quels seront les biens futurs, puisque nous nous glorifions même de ce qui paraît un mal. Tel est le don de Dieu; il n'y a rien en lui de désagréable. Dans l'ordre des choses humaines, les combats entraînent des peines, des douleurs, des misères; seules les couronnes et les récompenses procurent de la joie; ici, il n'en est pas de même, car la lutte est aussi agréable que le prix. Comme alors les épreuves étaient nombreuses, que le royaume n'existait qu'en espérance ; que les maux étaient présents, les biens en expectative, et que cela brisait le courage des plus faibles ; l'apôtre leur distribue des encouragements avant l'heure des couronnes, en leur disant qu'il faut se glorifier dans les tribulations. Il ne dit même pas : Il faut se glorifier, mais : « Nous nous glorifions», en les encourageant par son propre exemple. Et comme il pouvait paraître étrange, incroyable, qu'on dût se glorifier dans la faim, dans les chaînes, dans les tourments. dans les injures et les opprobres, il en donne la preuve; et ce qu'il y a de plus fort, c'est qu'il affirme qu'on doit s'en glorifier, non-seulement en vue de l'avenir, mais même dans le présent; parce que les tribulations sont par elles-mêmes un bien. Pourquoi ? Parce qu'elles exercent à la patience. C'est pourquoi , après avoir dit : « Nous nous réjouissons dans les tribulations », il en donne la raison en ces termes : « Sachant que la tribulation produit la patience ». Voyez encore une fois la ténacité de Paul, et comme il retourne le sujet en sens contraire. Comme les tribulations décourageaient des biens à venir et jetaient dans le désespoir, il leur dit qu'elles doivent par elles-mêmes inspirer du courage et qu'il ne faut point désespérer de l'avenir. « Car la tribulation produit la patience; la patience, l'épreuve; et l'épreuve, l'espérance. Or l'espérance ne confond point (4, 5) ». Non seulement les tribulations ne détruisent point ces espérances, mais elles-en sont le fondement. Même avant les biens à venir, la tribulation produit un très grand fruit, la patience, et elle éprouve celui qui est tenté. D'ailleurs elle contribue aussi aux biens futurs ; car elle fortifie en nous l'espérance. Rien en effet ne dispose à bien espérer comme une bonne conscience.



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras