"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 3 octobre 2015

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (R)






Saint Séraphim est pour nous " un instructeur et un inspirateur de la vie chrétienne véritable. Ses Instructions Spirituelles tout comme sa célèbre Conversation avec Motovilov sur l’Acquisition du Saint Esprit, ne contiennent pas de nouveaux enseignements, mais redisent simplement dans notre époque moderne, l’enseignement chrétien ancien des pères [théophores] qu’il cite constamment : saint Basile le Grand, Grégoire le Théologien, Jean Chrysostome, Macaire le Grand, Denys l’Aréopagite, Ambroise de Milan, Isaac le Syrien, Syméon le Nouveau Théologien, les Pères de la Philocalie. Avec les Saintes Ecritures, les vies des saints et les offices de l’Eglise (tout ceci dans le contexte de la tradition vivante de la vie spirituelle de Sarov) sont ses sources et il transmet fidèlement leur enseignement : crainte de Dieu, attention spirituelle à soi, le fait de ne pas se fier aux impulsions de son propre cœur, mais de devenir tellement immergé dans la loi du Seigneur que l’on apprend « à nager dans la loi du Seigneur », accomplir son salut avec patience, humilité, repentance, pardon, acquérir l’Esprit de paix, le saint Esprit qui est la fin de tous nos labeurs spirituels, mettre Dieu avant toute chose avec Son Amour qui réchauffe nos cœurs froids et nous inspire de Le suivre, de Le connaître, et de L’aimer.
Cet enseignement n’est pas complexe, mais de nos jours, quand l’amour de beaucoup s’est refroidi et que le sel du christianisme disparaît, il est presque impossible à suivre. C’est seulement avec grande humilité de notre part (que nous pouvons apprendre de l’humilité du "pauvre Séraphim" comme il avait l’habitude de se nommer lui-même) que nous pouvons espérer recevoir et appliquer cet enseignement de la véritable vie spirituelle à nos pauvres vies de chrétiens.
Par les prières de notre saint père Séraphim, puissions-nous comprendre ses paroles et selon notre force les mettre en pratique pour le salut de nos âmes. " (Père Seraphim Rose, St Seraphim of Sarov, Sermon on Nativity 1978, publié par Orthodox Australia, Vol. III, N°1 (66), janvier-mars 1991, p. 28)
Fr. Seraphim in the St. Elias Skete, Noble Ridge, near the St. Herman of Alaska Monastery in Platina, Cal. In the background is Mt. St. Herman.
Père Seraphim (Rose)

L’auteur des lignes qui précèdent, moine orthodoxe américain, mourait en Californie, il y a une vingtaine d’années. Dans sa jeunesse, celui qui se nommait encore Eugene Rose avait connu la révolte contre Dieu et, en proie à la crise spirituelle de la jeunesse des années cinquante, ayant rejeté totalement l'image morte du « christianisme » de la société américaine, il s’était intéressé aux religions orientales non chrétiennes. 

Épicurien, esthète, grand amateur de gastronomie et de musique, il était très intelligent et parlait plusieurs langues dont le chinois (il traduisit en partie le Tao Te King de Lao Tsu). Par la pure Grâce de Dieu que les ignorants appellent hasard, il avait un jour fait la rencontre de l’Orthodoxie. Il assista à un office orthodoxe dans une langue qu’il ne connaissait pas encore (le slavon) et même s’il ne comprit rien à la cérémonie, il sut d’une manière indubitable qu’il était arrivé au terme de son errance et de sa quête spirituelle. Et soudain, Eugene Rose, promis à un grand avenir académique, à une carrière prometteuse dans l’université, abandonna tout pour le Christ. Il avait trouvé la perle de grand prix et il donna vraiment tout ce qu’il possédait, et tout son être pour l’acquérir. 

Saint Jean Maximovitch créa pour lui une école de théologie… Car il fut aussi son disciple. Il prit le prénom de Séraphim lorsqu’il devint moine et entreprit ses podvigs personnels à l’imitation de son saint patron de Sarov. Il apprit le russe et le slavon et se retira dans une solitude montagneuse de Californie avec un autre moine, le Père Herman. Avec la bénédiction de saint Jean Maximovitch, ils fondèrent la fraternité de Saint Germain d’Alaska, et Père Seraphim Rose fut véritablement digne de son saint patron. Il vécut dans l’inconfort, le froid et la dure ascèse du désert de Platina et atteignit une très haute stature spirituelle. 

Il mourut trop jeune et dès sa mort, des miracles abondèrent par sa sainte intercession. Après les longs offices monastiques à l’église, la règle de prière personnelle et la direction spirituelle, dans sa cabane inconfortable, dans le froid et les épreuves, il avait, jour après jour jusques à son natalice, le jour de sa naissance au Ciel, traduit en anglais les œuvres majeures de la littérature spirituelle, depuis les Instructions Spirituelles de saint Séraphim, jusques à la Vita Patrum de saint Grégoire de Tours. Il était véritablement devenu un staretz, prenant soin avec douceur, amour et humilité de l’âme de ses innombrables enfants spirituels, comme le faisait son saint patron lui-même. 

Il réussit, prodige extraordinaire en ces temps de divisions et de schismes qui déchirent l’Eglise du Christ, à rassembler autour de sa mémoire les différentes juridictions orthodoxes américaines à Platina, lors des célébrations pour le vingtième anniversaire de sa mort. Il est vénéré comme un saint jusques en Russie et ses œuvres sont traduites en une multitude de langues. Il a été digne de son saint patron et nous ne pouvons douter que l’ermite de Sarov ait été un exemple vivant et fécond qui a inspiré cet homme désespérément à la recherche du Dieu vivant. Que par la miséricorde de Dieu et la prière fervente de Sa Mère Toute Pure, saint Séraphim devienne aussi notre guide sur la Voie de l’ascèse !

Lisons la biographie de saint Séraphim, non comme un recueil de récits merveilleux, mais comme un chemin de vie céleste qui va nous permettre, par la précieuse aide spirituelle du thaumaturge béni de Sarov de nous diriger sûrement dès à présent vers la plénitude du Royaume de Dieu.

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

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