"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 27 août 2015

PERE GEORGE [Metallinos]:LE PARADIS ET L’ENFER SELON LA DOCTRINE ORTHODOXE (3)



La question anthropologique dans l'Orthodoxie est [de faire] que l'homme considère éternellement le Christ comme paradis et non comme enfer; que l'homme participe à Son “royaume” céleste et éternel. C’est là où l'on voit la différence entre le christianisme de l'Orthodoxie et les diverses autres religions. Les autres religions promettent un certain état "bienheureux", même après la mort. L’Orthodoxie n’est cependant pas une quête de bonheur, mais un remède de la maladie de la religion, comme le défunt père Jean Romanides l’enseigne d’une manière patristique. L'Orthodoxie est un hôpital ouvert au sein de l'histoire (une “infirmerie spirituelle” selon saint Jean Chrysostome), qui offre la guérison (catharsis) du cœur, pour finalement atteindre la déification - la seule destination souhaitée de l'homme. Telle est la voie qui a été décrite de façon exhaustive par le père Jean Romanides et le révérend métropolite de Nafpaktos, Hiérotheos (Vlachos); c’est la guérison de l'humanité, telle qu’elle fut vécue par l'ensemble de nos saints.

Tel est le sens de la vie dans le corps du Christ (l'Eglise). C’est la raison de l'existence de l'Eglise. C’est ce que visait toute l’œuvre rédemptrice du Christ. Saint Grégoire Palamas (4e Homélie sur la Parousie) dit que la volonté du Dieu pré-éternel pour l'homme est de “trouver une place dans la majesté du royaume divin” - pour atteindre la déification. Tel est le but de la création. Et il poursuit: "Mais même Sa kénose divine et secrète, Sa conduite théanthropique, Sa passion rédemptrice, et chaque mystère unique (en d'autres termes, toute l’œuvre du Christ sur terre) ont tous été providentiellement et d’une manière omnisciente pré-déterminée à cette fin [pour cet objectif] même.

La réalité importante, cependant, est que tous les gens ne répondent pas à cette invitation du Christ, et c’est la raison pour laquelle tout le monde ne participe pas de la même manière à Sa gloire incréée. Ceci est enseigné par le Christ, dans la parabole de l'homme riche et de Lazare (Luc, Chapitre 16). L'homme refuse l'offre de Christ, il devient l'ennemi de Dieu et rejette le rachat offert par le Christ (ce qui est un blasphème contre le Saint-Esprit, car c’est dans l'Esprit Saint que nous acceptons l'appel du Christ). Ceci est la personne “jamais repentie” visée par l'hymne de l’Eglise. Dieu “ n’a pas d’inimitié", observe le bienheureux Jean Chrysostome; c’est nous qui devenons Ses ennemis; nous sommes ceux qui Le rejettent. L'homme impénitent devient diabolisé, parce qu'il l’a choisi. Dieu ne veut pas cela. Saint Grégoire Palamas dit:. "...Car ce ne fut pas ma volonté préexistante, je ne t’ai pas créé à cette fin; je ne prépare pas pour toi le bûcher. Ce bûcher éternel a été allumé pour les démons qui portent le caractère immuable du mal, vers lequel ta propre opinion impénitente t’as attiré." "La cohabitation avec les anges malfaisants est volontaire" (4ème Homélie sur la Parousie) En d'autres termes, c’est quelque chose qui est librement choisi par l'homme.

Tant l'homme riche que Lazare, étaient à la recherche de la même réalité, à savoir, Dieu dans Sa lumière incréée. L'homme riche a atteint la Vérité, la vision du Christ, mais il n'a pas pu y prendre part, comme Lazare l’a fait. Le pauvre Lazare a reçu une “consolation”, alors que le riche a reçu "l'angoisse". Les paroles du Christ pour ceux qui sont encore dans ce monde, selon lesquelles ils “ont Moïse et les prophètes," signifient que nous sommes tous sans excuse. Car, nous avons les saints, qui ont vécu et qui nous appellent à adhérer à leur mode de vie afin que nous puissions atteindre la déification (theosis) comme ils l'ont fait. Nous concluons donc que ceux qui ont choisi les mauvaises voies (comme l'homme riche) sont sans excuse.

Notre orientation envers notre prochain est révélatrice de notre état intérieur, et c’est la raison pour laquelle ce sera le critère de Jugement Dernier durant la Seconde Venue du Christ (Matthieu, ch. 25). Cela ne signifie pas que la foi, ou la fidélité de l'homme au Christ soit ignorée; la foi est naturellement une condition préalable, parce que notre attitude envers l'autre montrera si oui ou non nous avons Dieu en nous. Les premiers dimanches du Triode précédant le Carême tournent autour des relations avec nos semblables. Au premier de ces dimanches, le pharisien extérieurement pieux se justifie et dénigre le percepteur. Le deuxième dimanche, le frère aîné (une répétition du pharisien apparemment pieux) est attristé par le salut de son frère. De même apparence pieuse, il avait lui aussi une fausse piété, qui ne produisit pas d'amour. Le troisième dimanche, cette condition atteint le tribunal du Christ, et est mise en évidence comme critère pour notre vie éternelle.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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