"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 28 juin 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



15/28 juin
4ème dimanche après la Pentecôte

St Jonas, métropolite de Moscou et de toute la Russie, thaumarture (1461) ; prophète Amos (VIIIème s. avant le Christ) ; saints martyrs Grégoire et Cassien d'Avnège (1392) ; saints martyrs Guy, Modeste et Crescence, nourrice (vers 303) ; saint martyr Doulas de Cilicie (305-313) ; saint Doulas, moine en Égypte (Vème s.);  saint Jérôme de Stridon (420) ; saint prince Lazare de Serbie (1389) et de tous les saints martyrs de Serbie ; saint Ephrem II, patriarche de Serbie (1395) ; saint Augustin d'Hippone (430) ; saint hiéromartyr Amos, prêtre (1919).
Lectures : Rom. VI, 18–23 ; Hébr. XIII, 17-21 ; Matth. VIII, 5–13 ; Jn X, 9-16

MÉMOIRE DES NOUVEAUX MARTYRS DE
L’ÉGLISE ORTHODOXE SERBE[1]

À
 l’occasion de la célébration du Second millénaire du christianisme, en 2000, l’Assemblée de l’Église Orthodoxe Serbe a décidé de commémorer, en ce jour, tous les martyrs de Serbie, depuis l’époque de la Turcocratie jusqu’au XXème siècle, et notamment les victimes du régime des oustachis croates soutenus par l’Allemagne nazie. Durant cette période (1941-1945), environ 700 000 hommes, femmes et enfants périrent dans d’atroces souffrances, « telles que le monde n’en avait pas vues depuis le temps de Néron », comme l’a écrit le saint évêque Nicolas Vélimirovitch, pour avoir refusé de renier la foi de leurs pères en adhérant au catholicisme-romain confessé par les oustachis croates. Nous évoquerons ci-dessous certains d’entre eux.
Le métropolite Dosithée de Zagreb, avait été consacré évêque de Nis en 1913. Au début de la Première Guerre mondiale, il avait été emprisonné et n’avait pu regagner son diocèse qu’en 1918.. Après avoir passé trois ans en Tchécoslovaquie, il fut nommé évêque du nouveau diocèse de Zagreb, en 1931. Il s’y illustra par ses nombreuses œuvres charitables et par la création d’un séminaire. Il avait été également nommé administrateur des diocèses de Gornji-Karlovac et de Banja Luka, et aidait l’évêque Myron de Pakrac. Le patriarche Barnabé étant tombé gravement malade, c’est à lui, que fut remis le soin de le suppléer et après la mort de ce dernier jusqu’à l’élection d’un nouveau patriarche, il administra l’archidiocèse de Belgrade-Karlovci, puis fut nommé métropolite de Zargreb. Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il fut arrêté par la police dans cette ville, alors qu’il était âgé de plus de quatre-vingts ans. Sérieusement malade, on le transféra à l’hôpital, où il eut à souffrir des mauvais traitements de moniales catholiques qui y travaillaient comme infirmières. Il fut si tourmenté qu’il était inconscient lorsqu’on le ramena au monastère de Vavedenje à Belgrade. C’est là qu’il mourut des suites de ses blessures, le 13 janvier 1945.
Né en 1866, le métropolite Pierre exerça comme professeur à la faculté de théologie de Reljevo, puis à Sarajevo.  Consacré évêque de Zahumlje et d’Herzégovine en 1903, il fut ensuite nommé métropolite de Bosnie en 1920. Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, on lui conseilla de se réfugier en Serbie ou au Monténégro. Mais il répondit : « Je suis le pasteur de mon peuple, et je me dois de participer à son sort, en restant à ma place. » Comme il restait inflexible devant les pressions de la Gestapo et des oustachis pour lui faire renoncer à l’orthodoxie et à l’usage de l’alphabet cyrillique, il fut arrêté le 12 mai 1941 et emprisonné à Zagreb. On le rasa et on lui retira tout signe distinctif de sa dignité épiscopale, et il fut soumis à de longues tortures. Puis on le transféra à Koprivniča et de là au camp de concentration de Jasenovac, où il périt dans les tourments.
L’évêque Platon naquit à Belgrade en 1874. Après ses études à Moscou, il fut nommé supérieur du monastère de Rajinovac et professeur d’école secondaire à Belgrade. Durant la Première Guerre mondiale, il servit comme aumônier militaire et administra pendant quelque temps le diocèse d’Ohrid. Pendant l’occupation, il se dépensa grandement pour secourir les veuves et les orphelins. De 1932 à 1938, il dirigea les éditions monastiques de Sremski Karlovci et le journal du Patriarcat serbe, tout en étant supérieur du monastère de Krušedol. D’abord élu évêque de Morava en 1936, il fut ensuite nommé pour le diocèse d’Ohrid et Bitol (1938), puis transféré l’année suivante au diocèse de Banja Luka en Croatie. Après l’invasion allemande et la proclamation de l’état fasciste croate (avril 1941), il fut informé qu’en tant que citoyen serbe, il devait quitter le pays. Il répliqua qu’il avait été élu canoniquement et légalement pour servir les chrétiens orthodoxes du diocèse de Banja Luka et que, tel le bon pasteur, il se devait d’être prêt à offrir sa vie pour le salut de ses brebis spirituelles. Lorsque les pressions se firent plus fortes, il demanda à l’évêque catholique d’intervenir pour que lui soit concédé un délai de quelques mois. Mais le soir même (5 mai 1941), les oustachis l’arrêtèrent, en compagnie de quelques prêtres. Ses tortionnaires lui ferrèrent les pieds comme à un cheval et le firent marcher, dans d’horribles souffrances, jusqu’à quelques kilomètres de la ville. Comme il s’était effondré, ne pouvant plus marcher, on lui arracha la barbe, ainsi qu’aux autres prêtres, et, sur sa poitrine nue, les oustachis allumèrent un feu de charbon de bois. Après quoi ils furent achevés à coups de hachette et jetés dans la rivière Vrbanja.
Né en 1884, le saint évêque Sava avait été nommé supérieur du monastère de Krušedol, peu après son ordination sacerdotale. Consacré évêque auxiliaire de Srem en 1934, il fut ensuite nommé évêque Gornji Karlovac (1938). Lors de la déclaration de la Guerre, il refusa l’offre des forces italiennes d’occupation d’aller se réfugier à Belgrade. Il fut arrêté par les oustachis le 17 juillet 1941 et enfermé, avec trois prêtres et treize notable serbes. Après le savoir torturés sans pitié, les oustachis enchaînèrent le prélat ainsi que les trois prêtres et les emmenèrent au camp de Gospić. Ils y furent soumis à de multiples tortures pendant plus d’un mois. À la mi-août, le saint évêque fut emmené dans la région du mont Velebit, où il fut mis à mort avec deux mille autres serbes orthodoxes. Le lieu de son inhumation est resté inconnu. 
Le métropolite Joannice naquit à Stolovi dans la région du golfe du Kotor en 1880. Après des études à Belgrade, il fut ordonné prêtre en 1912 et exerça son ministère d’abord à Kotor, puis dans une paroisse de Lastva. Il enseigna ensuite dans diverses écoles et, devenu veuf, il fut consacré évêque auxiliaire de Budimlje en 1940. En décembre de la même année, le saint Synode de l’Église serbe le nomma métropolite du Monténégro et du Littoral. Il dut assumer sa nouvelle charge dans les tragiques circonstances de la guerre, mais il réussit à assurer le fonctionnement du séminaire de Cetinje et recommandait à son clergé de se soumettre à toute autorité politique légitime. Comme de nombreux prêtres avaient été arrêtés par les partisans communistes, qui étaient déjà actifs dans la région, il tenta de quitter le pays avec dix-sept prêtres. Interpellés près de Zidani Most, les prêtres furent fusillés sur-le-champ et le métropolite Joannice fut emmené à Aranđelovac, où les communistes le torturèrent et l’exécutèrent (1945). Ses restes ont été déposés dans un lieu inconnu.
Peintre d’icônes et portraitiste très apprécié entre les deux guerres mondiales, saint Raphaël (Momčilović) devint higoumène du monastère de Šišatovac dans la région du Srem (Nord-Ouest de la Yougoslavie). Il fut arrêté, avec trois autres de ses moines, en août d1941 par les oustachis et déporté dans le camp de concentration de Slavonska Požega. Durant le voyage, ses gardes le soumirent à diverses tortures, lui arrachant la barbe et le frappant avec des objets divers. Arrivé au camp, il fut soumis à de continuels tourments, jusqu’au 3 septembre, jour où on le mit à mort. Le lieu de son inhumation est resté inconnu.
Le père Branko Dobrosavljević avait servi dignement dans les paroisses de Buvača, Radovica et Veljun. Le jour de la saint Georges (6 mai 1941), il fut arrêté par des oustachis de Veljun, avec cinq cents autres Serbes, dont son fils Nebojša et le père Dimitri Skorupan de la paroisse de Cvijanović Brdo. Après avoir passé la nuit au poste de police, le lendemain, ils furent tous massacrés dans la forêt nommée Kestenovac. Les oustachis forcèrent le père Branko à chanter l’office des funérailles pour son fils avant de mettre ce dernier à mort.
Le père Georges Bogić était prêtre de la paroisse de Našice. Le 17 juin 1941, un laitier du village se précipita dans son appartement avec d’autres oustachis, sous prétexte de l’emmener pour un interrogatoire. Il fut conduit dans une prairie, où après l’avoir attaché à un arbre, ses tortionnaires lui coupèrent les oreilles, le nez et la langue, puis ils lui arrachèrent la barbe et lui crevèrent les yeux, en accompagnant leurs supplices des plus odieuses injures. Un des oustachis lui ouvrit le ventre et arrachant ses intestins, il s’en entoura le cou comme d’un collier. Ils coupèrent alors la corde qui le retenait à l’arbre et l’achevèrent d’un coup de feu.
Vukašin était un vieux paysan du village de Klepac, près de Čaplina en Herzégovine, dont toute la famille avait été assassinée au camp de concentration de Jasenovac. Alors qu’un oustachi était en train d’égorger des habitants de son village, il le regardait d’un air étrangement paisible, qui troubla le bourreau plus que les cris de ses victimes. Il se précipita sur lui en vue de briser sa paix par les supplices les plus terribles, et comme Vukašin refusait de crier : « Vive Pavelić ! », il lui coupa successivement les deux oreilles et le nez, sans pouvoir le faire sortir de son silence. Quand il le menaça de lui arracher le cœur, le vieillard répondit : « Enfant, fais ton travail ! » Fou de rage le tortionnaire lui arracha les yeux et le cœur et, après l’avoir égorgé, il le jeta d’un coup de pied dans la fosse. Par la suite, l’homme confessa que, depuis ce jour-là, il n’avait pu trouver la paix et que, la nuit, il se réveillait en sursaut et apercevait dans l’obscurité le regard perçant de Vukašin qui lui répétait ces mêmes paroles.

Tropaire du dimanche, ton 3
Да веселя́тся небе́сная, да ра́дуются земна́я; я́ко сотвори́ дeржа́ву мы́ш-цею Cвое́ю Го́сподь, попра́ cме́ртiю cме́рть, пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви на́съ и подаде́ мípoви ве́лiю ми́лость.
Que les cieux soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.
Tropaire du prophète, ton 2
Проро́ка Твоего́ Амо́са па́мять, Го́споди, пра́зднующе, тѣ́мъ Тя́ мо́лимъ: спаси́ ду́ши на́ша.
Célébrant la mémoire de ton prophète Amos, Seigneur,  par ses prières,  nous T'en supplions, sauve nos âmes.

Kondakion du prophète, ton 4
Очи́стивъ Ду́хомъ, проро́че, твое́ свѣтоза́рное се́рдце, сла́вный Амо́се, проро́чествія да́ръ свы́ше пріе́мь, возопи́лъ еси́ велегла́сно во страна́хъ: се́ Бо́гъ на́шъ, и не приложи́тся и́нъ къ Нему́.
Ayant purifié par l'Esprit ton cœur resplendissant de clarté, illustre prophète Amos, et du ciel reçu le don de prophétie, à haute voix tu crias aux nations: Notre Dieu, le voici * et nul autre ne Lui peut être associé.

Kondakion du dimanche, ton 3
Воскре́слъ ecи́́ днесь изъ гро́ба, Ще́дре, и на́съ возве́лъ ecи́ отъ вра́тъ cме́ртныxъ; дне́сь Ада́мъ лику́етъ и ра́дуется Éва, вку́пѣ же и проро́цы cъ патрiápxи воспѣва́ютъ непреста́нно Боже́ственную держа́ву вла́сти Tвоея́.
Aujourd’hui, ô Miséricordieux, Tu es ressuscité du Tombeau et Tu nous ramènes des portes de la mort. Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit. Tous ensemble, prophètes et patriarches, ne cessent de chanter la force divine de Ta puissance !



LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 12-35
Liturgie : Rom. X, 1-10 : Matth. VIII, 28 – IX,1




[1] Tiré du Synxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

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