"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 19 avril 2014

SAINT NOTKER-LE-BÈGUE ( 6/19 avril)




Saint Notker, moine de Saint-Gall, surnommé le Bègue (Balbulus), parce qu'il était bègue, naquit d'une famille distinguée, vers le milieu du 9ème siècle, à Heiligenau, en Thurgovie, et il fut élevé dans l'abbaye de Saint-Gall, où il prit ensuite l'habit monastique. 

Il fit de grands progrès dans la musique pour laquelle il avait un goût certain. A Saint-Gall, deux écoles de musique existaient, l'une dans le monastère, l'autre au dehors: Notker fut chargé du soin de la première. 

Dans ses moments de loisir, il composa divers ouvrages et transcrivit des manuscrits. Ses talents et sa sainteté lui acquirent bientôt une réputation telle que l'empereur Charles le Gros requerrait  souvent son avis dans les affaires difficiles de son royaume. Un officier vint un jour de sa part, pour avoir son avis sur une chose importante. Notker était alors occupé dans le jardin à arracher de mauvaises herbes auxquelles il substituait de bonnes plantes. 
L'envoyé du roi lui ayant fait part de sa commission, Notker,  répondit simplement: "Tu vois ce que je fais, va dire à l'empereur qu'il en fasse autant." 

Une autre fois, l'empereur s'étant rendu à Saint-Gall en personne, pour consulter le pieux moine, qu'il considérait comme son ami et son conseiller spirituel, le chapelain du prince, homme savant mais orgueilleux, voyant avec jalousie son maître mettre toute sa confiance dans un simple moine, qu'il jugeait ignorant, dit à part soi, en voyant arriver près de lui l'humble père Notker: "Je vais lui poser une question qui montrera son ignorance" et il lui demanda: "Dis-moi donc, toi qui es si savant, ce que Dieu fait actuellement dans le Ciel?" "Il élève les humbles et abaisse les superbes" répondit simplement le saint moine. Le chapelain, outré par cette réponse qui le ridiculisait, partit immédiatement du monastère; mais son cheval s'étant cabré, il fit une chute qui lui meurtrit le visage et lui cassa un pied. Les moines coururent lui porter secours, et le ramenèrent au monastère pour le soigner.

Mais le mal, loin de s'apaiser, empirait grandement, et on conseilla au blessé de demander les pieuses  prières de Notker. Dans son orgueil incommensurable, et encore rancunier pour la réponse que Notker avait faite à sa question impie, il refusa. Mais le mal progressant et la douleur devenant plus vive,  il se rendit enfin à la raison: " Faites venir le serviteur de Dieu, afin qu'il me pardonne et me bénisse, quelque indigne que j'en sois." 
Notker vint auprès de lui,  pria avec ferveur, et le chapelain se sentit immédiatement soulagé. 

Saint Notker naquit au Ciel le 6/19 avril 912, et son corps fut enterré dans la chapelle de Saint-Pierre. Plusieurs miracles furent opérés à son tombeau lui ont fait rendre un culte public, et sa fête se célébrait, à Saint-Gall, le troisième dimanche après Pâques. 

Le bienheureux Notker est auteur d'un martyrologe tiré en partie de ceux d'Adon et de Raban-Maur, et longtemps utilisé dans la plupart des églises d'Allemagne. Outre le martyrologe, il nous reste du saint moine Notker: 

- Un Traité sur les interprètes de l'Ecriture, dans lequel il indique ceux des Pères qui ont le mieux commenté, dans les divers sens, tel ou tel livre de la Bible. Il y donne aussi un catalogue des Actes des Martyrs qui lui paraissent sincères (id est authentiques). 

-Le livre des Séquences au nombre de trente-huit : il entreprit ces compositions pour abréger et donner plus de précision aux cantiques de l'Eglise qui étaient alors très longs. (Il n'était pas l'auteur des séquences, car il déclara, dans ses ouvrages, qu'il avait fait les siennes sur le modèle de celles qu'il avait trouvées dans l'antiphonaire de l'abbaye de Jumièges, en Neustrie). 

- On lui doit  ce chant (en latin, dont nous donnons la traduction) qui remplissait les fidèles d'allégresse, aux fêtes pascales. 

À la Victime pascale, les chrétiens offrent un sacrifice de louanges. 

L'Agneau a racheté les brebis; 
Le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père.

 La mort et la vie se sont affrontées en un duel admirable:
 Le guide de la Vie, bien que mort, règne vivant.
 
Dis-nous, Marie, ce que tu as vu en chemin.
 
J'ai vu le tombeau du Christ vivant
 Et la gloire de Sa résurrection, 

Les anges témoins, le suaire et les vêtements.
 
Le Christ, notre espérance, est ressuscité, 
Il précèdera les siens en Galilée.
 
Nous savons que le Christ est vraiment ressuscité des morts.
 
Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous.
 Amen! 

On lui attribue aussi un chant guerrier qu'entonnaient les armées chrétiennes au Moyen-Age avant de livrer bataille. Le voici : 

Vivants, nous sommes sans cesse menacés par la mort. 
Qui nous assistera, si ce n'est Toi, Seigneur, 
Toi Qui es justement irrité contre nous 
à cause de nos péchés ? 
Nos pères ont espéré en Toi, ô Dieu saint! 
Et Tu les as sauvés. 
Tu les as sauvés. 
Nos pères T’ont invoqué, ils T’ont Invoqué, 
et Ils n'ont pas été confondus.
 Dieu saint et fort! 
Quand l'âge aura blanchi notre chevelure; 
 quand les années auront brisé nos forces, 
ne nous abandonne pas. 
Dieu saint et miséricordieux, 
ne nous abandonne pas aux amertumes de la mort 

L'origine de ce chant, est singulière: saint Notker, regardant des ouvriers qui construisaient un pont au-dessus d'un abime, fut  frappé des dangers imminents qu'ils couraient, qu'aussitôt il alla composer pour eux cette belle prière. 

- Divers Hymnes. Quatre sont en l'honneur de saint Etienne, martyr et patron de la cathédrale de Metz. Il étaient adressés à Ruodbert, évêque de cette ville, qui avait été moine de Saint-Gall. 

- Des Ecrits sur la Musique. Ce qu'il en reste se trouve dans la Patrologie latine, Lxxxi, col. ~69-1178. 

- Une Vie de saint Gall en vers. 

- Un Traité sur les fractions des Nombres dont il ne reste qu'un fragment, car il s'intéressait aussi aux mathématiques.

-Le Psautier, en langue tudesque, qu'on lui attribue, est plus probablement de Notker surnommé Labeo (+ 1012)

Compilation d'après diverses sources 
dont celle de St. Materne

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