"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 27 avril 2014

Réponse de croyants orthodoxes d’Ukraine au Patriarche de Constantinople Bartholomée

Cathédrale Sainte -Sophie de Kiev

Votre Sainteté ! 

L’auto-proclamé " Patriarcat de Kiev ", non reconnu par le plérôme de l’Orthodoxie, a placé sur son site officiel, 
votre message adressé à nous, orthodoxes d’Ukraine.
Le fait que les médias de l’Eglise canonique aient ignoré ce message ne signifie qu’une chose : 
Vous, en tant que Primat de l’une des Eglises locales (en l’occurrence, le patriarcat de Constantinople), vous adressant aux paroissiens d’une autre Eglise (relevant en l’occurrence du Patriarcat de Moscou) n’avait pas sollicité, pour cela, l’autorisation de son Primat, ce en quoi vous avez enfreint, une nouvelle fois, la règle en vigueur dans les relations inter-ecclésiales. 

Vous appelez la « nation ukrainienne » (et non, comme vous remarquerez, tous les peuples vivant sur le territoire de l'Ukraine actuelle) à répondre, « avec un cœur solide et courageux esprit » aux « défis complexes » auxquels elle est confrontée. . Pour cette ingérence politicienne, vous ne répugnez pas à utiliser, comme prétexte, la célébration de l’Entrée de notre Seigneur Jésus Christ à Jérusalem (que pour une raison à définir vous qualifiez de « Triomphale » alors que Celui qui allait souffrir était attristé par ceux qui ne voyait pas, en Lui, le Sauveur mais un leader terrestre). Pour lier, en quelque sorte, le Dimanche des Rameaux aux aspirations du « peuple ukrainien », vous appelez la veille du martyre mortel du Christ, « la victoire de l'amour sur la haine, de la vérité sur le mensonge, de la vie sur la mort. » 


Cependant, les chrétiens d'Ukraine vous connaissant comme Docteur de l’institut jésuite Pontifical Oriental ,comprennent très bien que la substance de votre message réside dans d’autres détails. 

Vous intitulant d’un titre de « Toute Sainteté » (All-Holiness) vous - dont l’autorité spirituelle s’étend, avec la seule permission d’une puissance relevant d’une autre croyance à un quartier minuscule d’Istanbul et à une peu nombreuse diaspora) – vous vous placez au-dessus de quatorze primats d’Eglises autocéphales, y compris la nôtre comptant plusieurs millions de fidèles, faisant ainsi fi des principes apostoliques de la conciliarité. 

Élevant l'église de Constantinople au-dessus des Eglises Egales, la qualifiant de « Grande », vous vous octroyez le droit de vous adresser aux « Enfants d’Ukraine », comme leur « père ». Mais ce n’est pas vous que nous commémorons, comme père, lors de nos liturgies mais le Grand Seigneur et Père, notre saint Patriarche de Moscou et le Seigneur et Père de notre métropole de Kiev. 

Sans aucun fondement pour se désigner comme notre Père, vous appelez Notre Mère, l'église de Constantinople. Mais pour l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, c’est l’Eglise russe qui est notre Mère. 

Et justement, c’est comme une partie de cette Eglise et sur son territoire canonique, que fonctionne de manière indépendante dans sa gestion interne, l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine sous la protection du patriarcat de Moscou. 
Si vous voulez sous-entendre, une fois de plus, que le territoire canonique de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine sous la protection du patriarcat de Moscou a été transféré avec des violations, il y a plus de 300 ans, alors de telles insinuations ont été, plus d’une fois réduites à néant, par les conclusions incontestables des historiens de l’Eglise et les spécialistes du droit canon. 

Mais supposons, un instant, que l’Eglise de Constantinople a camouflé, trois cents ans durant, ses violations. Il faudra, alors, prendre en compte qu’au moment de la transmission, au patriarcat de Moscou dont la puissance prenait de l’essor, de la Métropole de Kiev, croulant sous le joug uniate (contre lequel l’Eglise de Constantinople, affaiblie, ne pouvait apporter aucune défense), dans sa composition entraient des diocèses, fonctionnant aujourd’hui, non seulement en Ukraine mais aussi en Biélorussie, Lituanie, Pologne et Fédération de Russie. 
Dans le même temps, des diocèses de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine sous la protection du patriarcat de Moscou, aujourd’hui en Séverie (NdT : Région de Jitomir), dans les territoires Slobodes (NdT : Région de Kharkov), dans le Donbass ou en Nouvelle Russie n’ont jamais fait partie du patriarcat de Constantinople. Comment comptez-vous résoudre ces problèmes de « territoires canoniques » : en soufflant le vent du « changement » ? 

Que voulez-vous obtenir de votre démarche envers l’évidente majorité des orthodoxes ukrainiens – qu’ils rompent le lien spirituel unissant les peuples historiques de la Rous par le changement de rattachement des diocèses d’Ukraine ? 
Il est tout aussi compréhensible à qui cela est profitable – à vos bienfaiteurs du Département d'État des États-Unis. Leur soutien financier et politique – c’est la base vitale, autant du patriarcat de Constantinople que du pouvoir actuel à Kiev. 

Votre titre d’Archevêque de la Nouvelle Rome vous octroie l’Honneur d’être reconnu comme le Premier parmi les Egaux. Mais cela signifie aussi une responsabilité – celle d’être le premier gardien de l’Orthodoxie canonique et de la protection de l’intégrité de chaque Eglise locale. Toutefois, en exécutant des ordres politiciens superficiels à l’opposé de la raison, vous vous privez, vous-même, de la Primauté d’honneur dans l’Orthodoxie Universelle. 
NdT : Le document est signé de 90 personnes de la société civile en Ukraine, de différents milieux sociaux parmi lesquels des responsables d’associations, des journalistes, des chercheurs, des retraités, des médecins, des artistes et beaucoup d’autres sphères d’activités. Le texte en russe donne le détail ICI 

Traduction "PO"

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