"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 12 mars 2014

STARITZA NIKODIMA DE DIVIYEVO † 2/15 mars ( 1990) [15-16]





15. Tonsure
Lorsque les orphelins ont grandi, ils ont quitté cette maison. Matouchka était très étroitement liée à la Laure de la Sainte Trinité-Saint-Serge à  Serguiev Possad.
Un jour, elle alla vers le moine du grand schème, l’higoumène Koukcha à Odessa. Quand elle arriva vers lui, il porta une accusation contre elle, se demandant pourquoi elle n'avait pas reçue la tonsure, et dit qu'il était grand temps [de le faire]. Ce staretz la bénit pour recevoir la tonsure monastique. Elle fut tonsurée avec le nom d’Arsène, d’après saint Arsène, évêque de Tver. Son premier nom monastique était masculin, Arsène, et dans le schème elle fut Nikodima (venant de Nicodème, nom également masculin).

16. "Martha"
Plus tard Matouchka travailla dans la Laure pour nourrir les moines. Elle avait toujours été bonne cuisinière. La cuisine était sa vocation. Elle disait: "Je suis Marthe." Mais en réalité, elle était toujours aussi une femme de prière profonde. Dans la Laure il n'y avait que deux ou trois moniales, et elles nourrissaient l'ensemble du monastère, et le Patriarche quand il venait en visite. Elles nourrissaient respectivement tous les pèlerins et les visiteurs, le tout avec très peu de mains.
C’était un grand travail, mais Matouchka le faisait avec beaucoup d'amour. Elle aimait beaucoup la Laure, et elle y travaillait sans repos pour l'amour de saint Serge de Radonège. Elle a dit que plus d’une fois, elle vit saint Serge sur les coupoles de la cathédrale de la Dormition. Même à notre époque, elle venait à la Laure et pleurait parce que le saint n’était pas là, qu’il était parti. "Peut-être que tu ne le vois pas à cause de tes péchés," demandaient les gens. "Je ne sais pas, il n'est tout simplement pas ici, le saint est parti." Père Séraphim lui prédit: "Tu ne vivras pas pour voir la réouverture de Diviyévo, mais tu auras un métochion."
Je suis venue pour voir Matouchka quand Mère Susanne est morte. Elle était restée toute seule. Elle était triste, elle priait la Mère de Dieu, car la compagne de sa vie, Mère Susanne, lui manquait. Donc, elle a de nouveau demandé à la Reine Céleste de la prendre, elle vieille et infirme, sous son voile de protection. Elle était déjà assez âgée, septante-neuf ans.
Matouchka fut paralysée sept fois différentes, et à la surprise de tous les médecins (en fonction de leur pronostic, elle aurait dû mourir la première fois), elle n'est pas morte de paralysie.
Elle faisait de très nombreux travaux. Elle était très capable de travailler, et ne savait pas ce que cela signifiait que d'être fatiguée. Dans le monastère, comme à l'usine, elle travaillait jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce qu'elle tombe. Les gens venaient constamment à la maison où le Père Séraphim avait vécu, et elle devait préparer de la nourriture pour eux, les accueillir, les conduire et les nourrir et, en même temps, elle avait onze enfants.
Maintenant, parlons de la douzième fille. Matouchka était dans le doute, en disant que Maria Ivanovna s’était trompée, car elle n'avait que onze enfants. Elle avait une nièce, Marthe, qui était à demi orpheline. Sa mère était morte et son père remarié, et sa seconde épouse n'aimait pas ces enfants. Elle et son mari décidèrent secrètement d’abandonner les enfants dans un orphelinat. Marthe vint vers Matouchka et dit: "Grand-mère Pacha, j'ai vu un rêve dans lequel tu me tirais d'un fossé par la main." Matouchka était sage, et elle écouta cette petite fille et lui dit: "Tu sais quoi, Marthe, ne va nulle part; reste ici avec moi aujourd'hui." Elle pria, apparemment, et le Seigneur lui révéla ce que les parents avaient décidé de faire avec l'enfant. Elle y resta un jour, deux jours, et les parents naturellement entreprirent une recherche de la fille disparue. Alors ils vinrent vers Matouchka et lui demandèrent: "Pacha, sais-tu où est notre Marfoucha [petite Marthe] ?" "Votre Marfoucha est ici. Et qu'avez-vous décidé de faire d’elle?" Le père de l'enfant, le frère de Matouchka, comprit tout et se repentit aussitôt, en disant: "Tu sais, Pacha, nous avons voulu la mettre à l'orphelinat." "Ah!" dit-elle, "c'est donc ça. Eh bien, j'ai onze enfants, un douzième ne sera pas plus mal. Je ne vais pas la rendre. Qu'elle reste vivre avec moi."
Cela les a tellement touchés que, sans jugement, mais en même temps avec calme et respect, ils ont repris la jeune fille, faisant à Matouchka la promesse que l'enfant serait élevée comme leurs propres enfants. Ils dirent qu'ils ne l’abandonneraient pas, et l'aimeraient comme leur propre enfant. L'action de Matouchka les poussa à une profonde repentance. Vraiment, cette jeune fille fut bien traitée dans la famille, et elle reçut même une éducation, mais elle mourut très jeune. Apparemment, c’était une élue de Dieu. C'est ainsi que le Seigneur la préserva de l'orphelinat, et peut-être même ainsi sauva son âme. Puis Matouchka se rappela et dit: "Eh bien, Maria Ivanovna, pardonne-moi, c'était le douzième morceau de bonbon." Ici, elle parlait du salut de l'âme de la jeune fille.
Il faut dire qu'ils avaient une grande cour et un grand jardin, et quand Matouchka était encore forte, tous les chemins étaient nettoyés et saupoudrés de sable, et tout était comme dans le monastère pendant la vie de Père Séraphim, en dépit du fait qu'il y avait les persécutions. On pourrait penser, comment pourraient-ils avoir des chemins et du sable [dans ces conditions défavorables], mais il y avait toujours des fleurs, et les déchets étaient toujours jetés derrière les arbres. Et tout dans la maison devait être fait pour la gloire de Dieu. Elle devait travailler à l'usine, et faire des offices, et chanter, et recevoir des invités, mais elle avait assez d’énergie pour tout cela. Il s'agit clairement d'un miracle de Dieu. Le Seigneur lui donnait des forces.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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