"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 31 mars 2014

Les défenseurs de l'au-delà: Réflexion pour le samedi des Défunts

Advocates from Beyond the Grave Talks with Elder Symeon: A Reflection For All Soul Saturdays

Source : American diocèse orthodoxe carpatho-russe des Etats-Unis

*

Le moment de mon départ approchait. Un soir, je me suis assis dans le jardin du monastère avec le Docteur Rosov, Père Vassian (Père Syméon), Père Isaïe, et Père Pimène, le sacristain. Nous avons discuté du livre de Soloviev. " L'histoire qui m'a le plus impressionné, Père Vassian " (Père Syméon), ai-je dit , "était intitulée les avocats de l'au-delà."

" Qu'est-ce que cela raconte?" Demanda Père Vassian, caressant pensivement sa barbe. "L'histoire est assez simple," répondis-je. "Sous le règne de Nicolas Ier, lorsque l'évêque Parthène Tchertkov, élevé dans la grande famille aristocratique de Naruishkin, occupait la cathèdre de Vladimir(1821-1849), un prêtre, un certain Père Avvacoum, occupait la paroisse la plus pauvre du diocèse. Fils d'un sacristain, il avait épousé une jeune fille pauvre, et ils vivaient dans une grande pauvreté.

Père Avvacoum était un homme de prière puissant et il aimait particulièrement prier pour les morts. Il avait un cahier spécial, où il inscrivait les noms de tous les défunts dont il avait entendu parler. Il les mentionnait non seulement au cours de la proscomédie (prières de préparation pour la Divine Liturgie), mais aussi matin et soir, dans ses prières privées. Pour cette raison, ses prières duraient des heures.

" Cela déplaisait souvent à son épouse, qui avait l'habitude de dire: " Tu devrais abandonner ces longues prières supplémentaires, et à la place m'aider au jardin de la maison, etc., car je suis très fatiguée. Tu n'es ni moine, ni reclus. Si tu veux prier si longtemps, va vers l'évêque et demande une meilleure paroisse où l'on pourrait se permettre d'avoir des serviteurs. Alors, tu pourras prier aussi longtemps que tu le souhaiteras.

" Père Avvacoum avait l'habitude de répondre en disant que la prière est le premier devoir d'un prêtre et ne doit pas être négligée. En ce qui concerne une meilleure paroisse, Père Avvacoum pensait qu'il était inconvenant d'en demander une à son évêque. Ils devaient attendre avec patience, jusqu'à ce qu'il leur propose un tel poste. Sa femme accepta à contrecœur.

" Pendant ce temps, la meilleure paroisse du diocèse était devenue vacante. Elle était dans une grande et riche ville industrielle. Plus de deux cents demandes furent faites à l'évêque. Parmi les candidats étaient des professeurs du Séminaire, des doyens ruraux, des maîtres en théologie, et des archiprêtres mitrés. 

Presque toutes les demandes étaient accompagnées par des lettres de recommandation de membres du clergé et de laïcs éminents, y compris du gouverneur de la province de Vladimir lui-même. Après avoir parcouru toutes les candidatures, l'évêque, à défaut d'arriver à une décision, se mit au lit.

"A peine avait-il fermé les yeux qu'il vit devant lui une grande foule de gens, des deux sexes et de différents âges et fonctions, qui suppliaient respectueusement l'évêque de nommer Père Avvacoum dans la paroisse vacante. L'évêque ne savait rien de l''existence de Père Avvacoum. L'évêque se réveilla, se signa, et se rendormit. La même foule apparut de nouveau devant lui avec la même demande. "Qui êtes-vous," demanda l'évêque, "et pourquoi aimez-vous tellement le Père Avvacoum?"

"Nous sommes des personnes défuntes qui ont été pardonnées par Dieu, et sont entrées dans le Royaume des Cieux grâce aux prières de Père Avvacoum, a répondu la foule," et elle a disparu.

"Le lendemain matin, l'évêque a appelé le secrétaire du consistoire et lui a demandé de savoir dans quelle paroisse il y avait un prêtre nommé Avvacoum, et de l'inviter à venir à Vladimir. Il y avait un seul Père Avvacoum dans le diocèse. 

Un jour, son doyen rural est venu vers lui avec un ordre de comparaître devant l'évêque le plus tôt possible.

"Père, as-tu commis une erreur ou une faute?" lui a demandé le doyen inquiet.

" Non, je ne me souviens pas d'une telle chose," a répondu Père Avvacoum. " J'y vais avec une conscience claire, sauf que je n'ai pas d'argent pour le voyage." Le doyen lui a prêté de l'argent.

" Quelques jours plus tard,  Père Avvacoum comparut devant l'évêque, qui tout de suite le reconnut du rêve. "Eh bien, Père Avvacoum," dit l'évêque, "la meilleure paroisse de mon diocèse est vacante, et 200 demandes ont été envoyées pour elle. Beaucoup de personnalités ont recommandé les candidats, mais vos défenseurs de l'autre monde étaient les plus forts de tous. Je vous nomme prêtre de cette paroisse, et quand moi-même, j'irai où va toute chair [quand je mourrai], je vous supplie de prier pour moi". L'évêque raconta alors son rêve au Père Avvacoum.

" Dieu seul connaît l'avenir," dit Père Vassian," mais nous devons prier pour les défunts. Ils sont vraiment nos défenseurs. Nous demandons aux saints canonisés d'implorer la miséricorde de Dieu pour nous. Mais il y a beaucoup de saints inconnus qui peuvent nous aider. C'est une bonne et honorable chose que de prier pour les défunts." 

________________________

En tant que chrétiens orthodoxes, nous négligeons souvent notre responsabilité chrétienne de prier pour les morts. Malheureusement dans beaucoup de nos paroisses, c'est seulement le prêtre avec une poignée de personnes qui fréquentent les liturgies des défunts du samedi qui ont lieu pendant le temps du Carême et au moment de la fête de Saint-Dimitri. Comme l'histoire vraie ci-dessus l'atteste, la prière pour les défunts, qui est un signe de notre amour pour les membres de l'Église triomphante, est agréable à Dieu. En réponse à nos prières sincères pour les défunts, notre Seigneur , à son tour, montre Sa miséricorde pour nos proches défunts et pour nous. Assistez aux liturgies du samedi dans votre paroisse à chaque fois qu'elles sont offertes et vous serez richement bénis.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 

Haïjin Pravoslave (CCCXXI)


C'est le Sacrement
Qui ouvre toutes les portes
Pour aller au Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 30 mars 2014

Moniale Magdalena (Nekrassova) : Une histoire incroyable de trahison et de repentance (6 et fin)




Depuis, cette phrase fait partie de l'histoire de notre famille. Cependant, je ne sais toujours pas pourquoi je n'ai pas été arrêtée, d'autant plus que des articles ont été publiés à la fin dans les journaux de Vologda sur "une certaine famille, venant d'un pays capitaliste, qui corrompt la jeunesse soviétique." Dans ces années-là, ces articles précédaient habituellement une arrestation.

J’ai peut-être été aidée par le fait que j'étais allée en Géorgie pendant deux mois, à l'insistance de ma mère, et avec la bénédiction de mon père spirituel, afin d'essayer d'obtenir un appartement pour notre famille, pour avoir souffert des répressions staliniennes. Mais il me fut interdit de retourner dans la province de Vologda, et afin de continuer à travailler dans l'Église, j'ai dû déménager en Estonie.

Une page du livre de Tchertkov,
Pourquoi c'est si Terrible.
Le texte se lit comme suit :
Le Dieu rusé a beaucoup de cachettes.
*
L'histoire ne s'arrête pas là, et, gloire à Dieu! Le fait est que, après presque un demi-siècle, Mère Magdalena a appris le sort de l'ancien prêtre. Elle devait se rendre à Riga pour un traitement médical, et elle a rencontré la fille du prêtre Séraphim, qui servait dans cette ville.
*
Cette jeune femme aimable m'a dit qu’avant que son père ne devienne prêtre (à l'époque soviétique), il était lecteur dans l'une des églises de Riga, et que dans la même église, il y avait un autre lecteur: Tchertkov. Comment est-ce arrivé? Tchertkov l’a raconté lui même au Père  Séraphim, et ce qui manquait [dans l’histoire] à été complété par les paroissiens plus âgés.

Il s'avère que, lorsque la vague de persécutions de Khrouchtchev s’arrêta, les autorités dirent adieu à ceux "sincèrement égarés, mais qui finalement avaient vu la lumière," ces misérables qui avaient voyagé dans tout le pays avec leurs conférences athées (et comme certains d'entre eux sont morts terriblement ! Que Dieu nous en préserve!) et les laissèrent  comme de vieux chiffons inutiles, dont on n’avait plus besoin.

Un jeune homme étrange a alors commencé à fréquenter les églises de Riga. Il n'avait pas l'air malade, pas du tout, simplement tourmenté. Pendant la Liturgie, il se tenait près du mur du narthex, ne se signant pas, et pleurant seulement. Lorsque l'Hymne des Chérubins commençait, quand le prêtre lisait la prière secrète concernant sa propre indignité, ce jeune homme commençait littéralement à trembler, et quittait l'église en larmes.

Cela dura un certain temps. Puis, comme Père Séraphim le dit à sa fille, cet homme est venu voir l'archevêque de Riga et lui a dit son nom: oui, c'était Tchertkov !

Il a raconté son histoire et … il s’est repenti. Il a demandé à ce que son sacerdoce soit restauré. L'archevêque a informé le patriarche Alexis (Simansky) à ce sujet, et il a reçu de lui la réponse suivante: Puisque cet homme a renoncé publiquement à sa foi et qu’il a renié le Christ, il doit donc se repentir publiquement. Ici, nous devons réfléchir pour savoir s’il aurait été possible pour Tchertkov de se repentir publiquement, pour des raisons purement techniques: il ne pouvait guère avoir eu une telle opportunité, et le gouvernement n'aurait guère répondu à son initiative pour lui fournir un moyen de ce faire. De toutes façons, Tchertkov ne devint pas prêtre, mais on peut espérer qu'il consacra le reste de sa vie au service sincère du Christ et de Son Église en tant que lecteur. En effet, on avait grand besoin de lecteurs à l'époque!

On dit que ce lecteur de l'Eglise est mort dans les années 1990, et qu’il est enterré dans le cimetière de Riga. Que le Royaume des Cieux lui soit accordé!
Pendant toutes ces longues années, pour moi ,cette histoire est restée en quelque sorte inachevée. Triste, tragique, intrigante, mais inachevée. D'une part, j'ai vu de mes propres yeux un chrétien apostat, mais d'autre part, j'ai également vu la grande miséricorde du Christ envers un homme repentant.

Tchertkov aurait facilement pu m’envoyer, moi et toute ma famille, en prison ou en exil, il aurait seulement été nécessaire de mettre le bon document sur ​​la table au bon moment. Il ne l'a pas fait. Lors de sa rencontre avec les militants athées, il ne se laissa pas aller à se moquer du sacrement de la Communion, ce qui implique qu'il y avait quelque chose qui lui permettait d’en appeler au Christ, de tendre la main vers Lui, et le Christ lui-même à cause de cela, pouvait prendre sa main et le sortir de là. Cela signifie que, après un demi-siècle, j’ai pu lire une histoire vivante de l’Evangile sur le salut de Pierre dans les profondeurs de la mer de Galilée, sur le repentir de Pierre! 

Les voies du Seigneur sont au-delà de notre compréhension, mais combien elles sont merveilleuses! Bien sûr, je prie pour cet homme.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

Haïjin Pravoslave (CCCXX)



Le signe de Croix
Est une clef bien réelle
Pour ouvrir ton cœur


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


17/30 mars
4ème dimanche de Carême – de St Jean Climaque

Saint Alexis, l’homme de Dieu (411). Saint martyr Marin (260). Saint Patrick d’Irlande (V). Saint Macaire, higoumène de Kaliazine, thaumaturge (1483). Saints hiéromartyrs Alexandre Polivanov (1919) et Victor Kiranov (1942), prêtres.

Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures: Hébr.VI, 13-20; Éph. V, 9-19 / Мc. IX, 17-31; Matth. IV, 25 – V, 12

Textes de Saint Jean Climaque 

ST JEAN CLIMAQUE
L
a Sainte Église dédie l’office du quatrième dimanche de Carême à l’exemple élevé de vie ascétique que représente Saint Jean Climaque, auteur du livre « L’échelle » (des vertus), dont l’auteur tire son nom (en grec « climax » signifie « échelle). Selon la Tradition, Saint Jean naquit vers l’an 570, dans la famille des saints Xénophonte et Marie, dont la mémoire est fêtée le 26 janvier. A l’âge de seize ans, il entra au monastère du Sinaï, où, quatre ans après, il fut tonsuré moine. Durant dix-neuf ans, il se trouva sous la direction d’un ancien nommé Martyrius. Une fois, ils se rendirent chez l’ancien Jean le Sabbaïte, qui se leva, lava les pieds de Jean et baisa sa main. Après leur départ, le disciple de Saint Jean le Sabbaïte demanda à celui-ci pourquoi il avait agi ainsi. L’ancien lui répondit : « Crois-moi, mon enfant, je ne sais pas qui est ce jeune homme, mais j’ai reçu l’higoumène du Sinaï et j’ai lavé les pieds de l’higoumène ». Un autre ancien, du nom de Stratégius prédit que Jean serait un jour un grand luminaire spirituel. Les paroles des anciens se réalisèrent. A trente-cinq ans, Saint Jean partit comme ermite dans le désert, au pied du Mont Sinaï. Il y passa quarante ans, œuvrant avec humilité et douceur dans la prière. A l’âge de septante-cinq ans, il fut élu higoumène du monastère du Sinaï. A la demande de Jean, higoumène du monastère de Raïthou, il écrivit la célèbre « Échelle des vertus », où il décrit les trente degrés de l’ascension vers la perfection spirituelle. Le but de cette œuvre est de montrer que le salut exige de l’homme renonciation à soi-même et labeurs ascétiques renforcés. Les degrés de « L’échelle » constituent la voie de l’homme vers la perfection, qui, graduellement, et non subitement, peut être atteinte, et par laquelle il se rapproche du Royaume céleste. Saint Jean fut higoumène durant quatre années, puis s’isola ensuite à nouveau dans le silence. Il s’endormit dans le Seigneur en 649.

Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́ Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au larron,  Tu as transformé le pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es ressuscité,  Christ Dieu, accordant au monde la grande miséricorde.

Tropaire de St Jean Climaque, ton 1
Пусты́нный жи́тель и въ тѣлecи́ а́нгелъ, и чудотво́рeцъ яви́лся ecи́ богоно́се О́тче на́шъ Iоа́ннe; посто́мъ, бдѣ́ніемъ, моли́твою небе́сная дapoва́нія прiи́мъ, исцѣля́еши неду́жныя, и ду́ши вѣ́рою притека́ющиxъ ти́. Cла́ва да́вшему тeбѣ́ крѣ́пость; cла́ва вѣнча́вшему тя́; cла́ва дѣ́йствующему тобо́ю всѣ́мъ исцѣле́нія.
Habitant du désert et ange dans le corps, tu fus thaumaturge, ô Jean, notre père théophore ; par le jeûne, les veilles et la prière, tu as reçu des dons célestes ; tu guéris les malades et les âmes de ceux qui accourent vers toi avec foi. Gloire à Celui qui t’a donné la force, gloire à Celui qui t’a couronné, gloire à Celui qui par toi accomplit pour tous des guérisons.
Kondakion de St Jean Climaque, ton 4
Нa выcoтѣ́ Го́сподь воздержа́нія и́стинна тя́ положи́, я́коже звѣзду́ нелécтную, cвѣтовoдя́вшую концы́, наста́вниче Iоа́ннe О́тче на́шъ.
En vérité, le Seigneur t’a placé au sommet de la tempérance, comme un astre fixe qui éclaire les confins de l’univers, ô Jean notre guide et notre père.
Kondakion du dimanche, 7ème ton
Не ктому́ держа́ва смéртная воз-мо́жетъ держа́ти человѣ́ки; Христо́съ бо сни́де, сокруша́я и разоря́я си́лы ея́. Cвязу́емъ быва́етъ а́дъ, пpоpо́цы согла́сно ра́дуются: предста́, глаго́-люще, Спа́съ су́щымъ въ вѣ́рѣ, изыди́те, вѣ́рніи, въ воскресéніе.
Désormais l’empire de la mort ne peut retenir les mortels, car le Christ y est descendu pour briser et défaire sa puissance. L’enfer est enchaîné, les prophètes jubilent, disant d’une seule voix : « Il est venu, le Sauveur, pour ceux qui ont la foi ; fidèles, allez à la rencontre de la Résurrection ! »
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

EXTRAITS DE « L’ÉCHELLE SAINTE » DE ST JEAN CLIMAQUE[1]

·      La pénitence est une restauration du baptême. La pénitence est un pacte avec Dieu pour une seconde vie. Le pénitent est un homme qui va acheter l’humilité. La pénitence est une continuelle défiance des aises du corps. La pénitence est une pensée de condamnation que l’on porte contre soi-même, et un insouciant souci pour soi-même. La pénitence est la fille de l’espérance, et le renoncement au désespoir. Le pénitent est un coupable qui n’a plus à rougir. La pénitence est la réconciliation avec le Seigneur par la pratique des bonnes œuvres contraires aux péchés commis. La pénitence est la purification de la conscience. La pénitence est le support volontaire de toutes les tribulations. Le pénitent est l’artisan de son propre châtiment. La pénitence est une vigoureuse mortification du ventre et une blessure de l’âme fortement ressentie.

·      Quand tu supplies dans ta prière, tiens-toi tout tremblant, comme un criminel qui comparaît devant son juge, afin que ton attitude extérieure aussi bien que tes dispositions intimes puissent éteindre la colère du juste Juge, car Il ne méprisera pas l’âme qui, telle la veuve (cf. Lc XVIII, 5), se tient devant Lui accablée de tristesse, et importune Celui que rien ne peut importuner.

·      Sois recueilli, ennemi de l’ostentation, tout absorbé en ton cœur. Car les démons craignent le recueillement autant que les voleurs redoutent les chiens.

·      La fausse componction engendre l’orgueil, et la vraie, la consolation.

·      Si tu veux soigner quelqu’un qui a une écharde, ou plutôt si tu prétends le faire, n’emploie pas pour l’extraire un bâton au lieu d’un bistouri ; tu ne réussirais qu’à l’enfoncer davantage. Le bistouri, c’est un enseignement paisible et une correction patiente. « Reprends, corrige, exhorte » (2 Tim. IV,2), dit l’apôtre, mais il n’a pas dit : « Frappe ! » Et si cela même est nécessaire, n’en use que rarement, et non de ta propre main.






Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

« C'est ainsi que Dieu a aimé le monde [Jean, III, 16]. Voyez quels prodiges renferme ce mot : C'est ainsi ! L’évangéliste Jean, faisant comprendre la grandeur de ce qui va suivre, dit C’est ainsi et c'est pourquoi l'Écriture commence de cette façon. Donne-nous donc, ô saint Jean, l'explication de ce mot, c'est ainsi dis-nous l'étendue, la grandeur, l'excellence d'un pareil bienfait. C'est ainsi que Dieu a aimé le monde, au point de nous donner son Fils unique. Chaque mot a une grande signification… Et C’est ainsi qu’a aimé, Dieu le monde, ces mots montrent l’excès de l’amour divin. En effet, elle était grande la distance entre Dieu et le monde, ou plutôt, elle était immense. Dieu, l'Immortel, Celui qui est sans commencement, qui a une grandeur infinie, a aimé des hommes formés de terre et de poussière, chargés d'une multitude de péchés, qui ne cessaient de contrevenir à Sa Divine volonté, des ingrats » (St Jean Chrysostome). Le sacrifice du Christ est la manifestation de l’amour divin : L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimés et a envoyé Son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés (I Jean IV, 9-10).

Le sacrifice du Christ est accompli
Lors de la Cène mystique, le Christ célèbre de façon sacramentelle Son Sacrifice sur la Croix. Il offre Son saint Sang et, en L’appelant le sang de la Nouvelle Alliance [ou nouveau Testament], « Il montre encore qu’Il s’en va mourir, et c’est pour cela qu’Il parle de «Testament ». Il nous remet en mémoire le précédent Testament  [l’Ancien] qui avait été aussi scellé et consacré avec le sang [cf. Hébr. IX, 18-21] » (St. Jean Chrysostome). Lors de la dernière Cène, nous voyons le passé (l’Ancien Testament), le présent (le Nouveau Testament) et le futur (Sa mort imminente), coexistant dans la personne du Christ. Dans la divine Liturgie de St Jacques, avant la consécration des saints Dons, le peuple chante avec componction : « Nous annonçons Ta mort, Seigneur, et nous confessons Ta Résurrection ». La divine Eucharistie est l’expérience sacramentelle du Sacrifice du Christ. Pendant la célébration, « le Maître Christ est présent, Sa mort est accomplie, ce redoutable Sacrifice ». Saint Jean Chrysostome dit : « Respectez cette Table, la Victime qui est dessus, c’est-à-dire le Christ-immolé pour nous» (St Jean Chrysostome).

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XX, 11-18
Liturgie : Hébr. IX, 11-14 / Мc. X, 32-45 



[1] « L’Echelle Sainte » de Saint Jean Climaque, traduction du R.P. Placide Deseille, Bellefontaine 1978