"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 25 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (13)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil (Rodzyanko) in Pochaev. Photo by Archimandrite Tikhon
Vladyka Basile à Potchaev

Même si l'évêque ne l'avait jamais dit à haute voix, son rêve le plus cher avait toujours été de servir la Russie et l'Eglise Orthodoxe russe. Il avait été élevé de cette façon. Un jour nous avons pu faire des arrangements avec le Canal 1, la station de télévision centrale, pour enregistrer une série d'émissions-débats à propos de Dieu et de l'Eglise, des saints vénérés de jadis, et des nouveaux martyrs de Russie, à propos de la Diaspora Russe, et du sort de la Russie elle-même.
Vladyka Basile ne se sentait pas bien, mais il a couru à Moscou et a travaillé jour et nuit de toute sa force décilante sur ces émissions. Celles-ci se sont avérées être les premières discussions sur ces thèmes qui n'avaient encore jamais été montrées sur ce qui était alors encore la télévision soviétique. Ces programmes provoquèrent un immense intérêt auprès de leurs téléspectateurs et furent répétés plusieurs fois. Partout où l'évêque est apparu plus tard, les gens venaient à lui pour exprimer leur gratitude pour avoir trouvé la foi grâce à ses programmes. Pour l'évêque ces paroles étaient sa récompense la plus grande.
Une grande partie de l'histoire ecclésiastique du XXe siècle nous fut révélée d'une toute nouvelle façon par l'évêque Basile. D'une certaine manière à un moment donné une discussion commença sur ce qui était alors un thème populaire-les autorités ecclésiastiques sous le régime soviétique. Certains des intervenants étaient très amers dans leur condamnation de leur mentalité collaborationniste, exprimant par là des sentiments non seulement douloureux, mais hostiles d'une manière envenimée envers eux. L'évêque écouta les arguments en silence. Lorsque ces juges intrépides des évêques russes du passé firent appel à lui pour appuyer leur position, qu'ils considéraient comme une évidence, l'évêque leur raconta simplement une histoire:
Au début des années 1960, quand il n'était encore qu'un prêtre nommé père Wladimir, il reçut la visite dans son appartement à Londres du Métropolite Nicodème, président du département des relations extérieures de l'Eglise Orthodoxe russe. Pour se parler, ils eurent effectivement besoin de s'allonger sur le sol, de sorte que les agents des services secrets qui suivaient le Métropolite Nicodème, et ne le laissaient jamais seul, ne soient pas en mesure d'enregistrer leur conversation à travers les fenêtres.

Gisant sur le sol, et chuchotant aussi doucement qu'il le pouvait, Nicodème dit au père Wladimir que les autorités soviétiques avaient prévu en ces jours de fermer l'ancien monastère de Potchaev (monastère orthodoxe le plus important en Ukraine occidentale). La hiérarchie de l'Eglise dans la patrie avait déjà épuisé toutes ses possibilités pour empêcher que cela se produise. Nicodème pria donc le Père Vladimir d'organiser des émissions spéciales sur la radio de la BBC et de la Voix de l'Amérique pour faire pression sur le gouvernement soviétique pour ne pas qu'il élimine le monastère de Potchaev. Tous deux, le Métropolite Nicodème et le père Wladimir parfaitement comprirent quel risque le Métropolite prenait en faisant appel au Père Wladimir pour une telle requête.
Mais le lendemain, le thème de la menace pesant sur le monastère de Potchaev fut le sujet principal des émissions religieuses de la BBC et de la Voix de l'Amérique. Des milliers de lettres de protestation de partout dans le monde furent envoyées, adressées au gouvernement soviétique. Tout cela eut peut-être une influence décisive sur les autorités pour les faire changer d'avis et de permettre à nouveau au monastère de Potchaev de poursuivre ses activités.
En 1990, l'évêque Basile et moi avons eu la chance de visiter enfin Monastère de Potchaev. C'était sa première fois. Il servit la Divine Liturgie et put rencontrer toutes les personnes qui avec lui avaient participé aux événements dramatiques qui avaient eu lieu trente ans auparavant.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

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